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A LIRE ABSOLUMENT : Entrevue avec Khaled Ben Mustafa, ex-détenu français de Guantanamo

En pieux musulman, Khaled Ben Mustafa rêvait de s’établir en terre d’Islam. C’est pour cette raison qu’en août 2001, juste un mois avant le 11 septembre, il émigre dans l'Emirat Islamique d’Afghanistan. Quelques mois plus tard il est arrêté par l’armée pakistanaise et livré aux forces américaines. Ce sera le début d’un long cauchemar.   

Entrevue avec Khaled Ben Mustafa, ex-détenu français de Guantanamo

 

Cageprisoners: Pourriez-vous s'il vous plaît vous présenter à nos lecteurs?

Khaled Ben Mustapha: Mon nom est Khaled Ben Mustapha. Je suis un homme de 40
ans de nationalité française.

CP: Vous avez été arrêté à la frontière afghane. Lors de votre procès,
vous avez déclaré que vous n’étiez «ni un touriste, ni un terroriste".
Qu’est-ce qui vous a conduit en Afghanistan?

KBM: J'ai décidé d'aller en Afghanistan afin de vivre sous la charia. A
cette époque, j'ai jugé que le régime des Talibans représentait le modèle
d’un état islamique. Mon approche était de voir de mes propres yeux ce
qu’était un Etat islamique, en sachant que je suis convaincu que les
musulmans doivent vivre selon les préceptes islamiques, la loi de Dieu.

CP: Ce que vous avez trouvé correspondait-il à vos attentes?

KBM: Je suis arrivé en Afghanistan en août 2001, juste un mois avant le 11
septembre. Louanges à Dieu, ce pays était complètement différent de ce qui
était montré à la télévision, entendu à la radio ou lu dans les journaux.
C’était certes un pays pauvre mais les gens n’étaient pas les malheureuses
créatures qu’on nous décrivait. J'ai découvert une agréable atmosphère
musulmane. Les habitants nous ont accueillis avec respect. Ils ont l’habitude
d’honorer les Arabes parce qu'ils savent que nous avons fait la démarche
d’émigrer vers eux. L'accueil a été agréable, tout comme leur
comportement. Il n'y avait pas de problème. Je suis allé à Jalalabad. J'ai
fait le tour. Je suis allé à Kaboul et à Kandahar. Puis, les attaques du 11
septembre sont survenues.

CP: Vous avez été arrêté peu de temps après. Pourriez-vous nous décrire
les circonstances de votre arrestation?

KBM: J'ai été arrêté en Décembre 2001, pas en Afghanistan mais au
Pakistan. Nous avons quitté l'Afghanistan pour entrer au Pakistan et
finalement rentrer à la maison parce que nous ne pouvions pas rester davantage
dans le pays. Nous avons été arrêtés par l'armée pakistanaise. Ils nous
ont d'abord dit: "nous allons nous contenter de vérifier votre identité".
Mais ils nous ont jetés en prison, menottés et enchaînés. Ils ont contacté
les Américains pour nous interroger. Nous avons été torturés au Pakistan.

CP: Vous avez été torturé par les Américains ou par l'armée pakistanaise?


KBM: Au Pakistan, c’était par les Pakistanais sous supervision américaine.
Ils étaient présents. Je suis resté là pendant une semaine. Puis, j'ai
été emmené à l'aéroport et livré aux Américains. Nous avons été mis
dans un avion et emmené à la base américaine de Kandahar.

CP: Est-ce à ce moment que vous avez été vendus aux Américains par les
Pakistanais?
KBM: Oui. Les Pakistanais nous ont vendu. Quand je dis «vendu», je signifie
littéralement «vendu». Il y avait une transaction financière. Beaucoup
d'entre nous ont vu de l'argent en espèces versé par les Américains aux
Pakistanais. Chaque fois qu'ils ont mis la main sur une personne, la
contrepartie était de l’argent .

CP: Alors, vous avez été transférés à Guantanamo?

KBM: Je suis resté un mois et demi dans le camp de Kandahar. Nous avons été
torturés pendant un mois et demi. Personnellement, j'ai été transféré à
Guantanamo à la mi-février 2002.

CP: Quelles étaient les conditions de ce transfert?

KBM: Très dures. Nous étions dans l'avion, enchaînés, les yeux bandés
avec des masques sur la bouche et des casques anti-bruit. Notre vol doit avoir
duré 20 heures de l'Afghanistan à Cuba. Nous nous sommes arrêtés quelque
part, mais nous ne savons pas où nous étions. Durant tout le trajet, nous
avons été battus. Nous avons reçu des coups de pied et des coups de
matraque...

CP: Saviez-vous le camp de Guantanamo était votre destination à ce moment?

KBM: Nous savions que nous étions emmenés sur l'île de Cuba. La Croix-Rouge
nous l’avait dit juste avant notre départ. Nous savions que nous ne serions
pas là juste pour une semaine ou deux. Nous savions que ce serait long et
difficile. À Cuba, l'accueil a été ... La torture était pratiquée de
manière régulière, et c’est probablement encore le cas pour ceux qui sont
toujours là-bas.

CP: Avez-vous eu des contacts avec votre famille?

KBM: Pas de contact. Le seul «contact» que nous avions était à travers des
lettres qui nous ont été transmises par la Croix-Rouge. Toutefois, ces lettres
ont été expurgées. De nombreux paragraphes ont été censurés. Nous
n’avions presque aucune information. Nous ne savions pas ce qui se passait.

CP: Qu'est-ce que les américains vous posaient comme questions ?

KBM: Les Américains voulaient absolument nous faire dire que nous étions des
terroristes, que nous étions membres d'Al-Qaïda et que nous connaissions
Oussama Ben Laden. «Où est Ben Laden? » Les questions étaient toujours les
mêmes ... Chaque fois que les réponses n’étaient pas satisfaisantes pour
eux, ils nous torturaient ...

CP: Avez-vous été accusé de quoi que ce soit en particulier?

KBM: Non aucune accusation précise. Certaines questions étaient vagues. "Que
faisions-nous là bas ?" Je leur ai répondu que je souhaitais vivre sous la
charia, que les Talibans ne me dérangeaient pas et qu'ils ne m'ont jamais nui
de quelque manière que ce soit. Il faut savoir que les Américains ont
contacté les services secrets de tous les coins du monde pour interroger les
détenus de Guantanamo. Au cours des quatre années que j'ai passées là-bas,
plusieurs services secrets de pays différents sont venus interroger à peu
près tout le monde. Nous pouvions être interrogés par n’importe qui. Bien
sûr, j'ai été interrogé par des Américains. J'ai également été
interrogé par des Français. Les Français sont venus plusieurs fois afin de
nous interroger, et ceci sous la torture exercée par des américains. Ils
voulaient que nous dénoncions des personnes en France. Des Britanniques sont
venus pour interroger les Britanniques, mais ils ont aussi interrogé les
détenus d’autres nationalités. J'ai également été interrogé par des
gens avec un accent. Ce n’était ni un accent anglais ni américain. Tous les
services pouvaient interroger qui ils voulaient. Pour sûr, le Mossad a fait
partie de la délégation.

CP: Avez-vous été interrogé par les services tunisiens?

KBM: Ils sont venus et ont interrogé tous les ressortissants tunisiens, les
menaçant de la torture quand ils seraient de retour en Tunisie. C'était à
l'époque du tyran Ben Ali.

CP: Pour résumer, vous avez été interrogé par les Américains, les
Français ...

KBM: Et bien d'autres interrogateurs avec des accents différents en anglais.
Mais je n'ai pas de moyen de savoir de quelle nationalité ils étaient
exactement. C’est simple. J'ai passé quatre années d'interrogatoires.
C'est ce qui compte. Quatre années d'interrogatoires non-stop. Quatre ans ...


CP: Quelles étaient les conditions de ces interrogatoires?

KBM: Cela dépendait des gens ... S'ils n'étaient pas satisfaits des
réponses, ils nous torturaient de différentes manières. Il y avait la torture
physique. Ils pratiquaient aussi la torture psychologique : ils ne nous
permettaient pas de dormir, les chambres étaient climatisées à puissance
maximale. Il faisait très froid. Ils remplissaient la chambre de bruit avec de
grands haut-parleurs. Le volume de la musique était extrêmement élevé. Nous
avons été privés de beaucoup de choses. Nous n’avions presque rien à nous
mettre. La seule chose que j'avais à porter était un "short". J'ai été
mis dans une chambre pendant des mois avec un short pour seul vêtement. Rien
d’autre. Pas de couverture, pas de serviette. Il n'y avait aucune hygiène.
La torture a été très sévère.

CP: Vous avez à peu près répondu à ma question suivante qui a été la
suivante: Vous êtes le premier français ex-détenu de Guantanamo à déposer
une plainte pour "tortures et actes de barbarie".
Quel genre d'abus vous a amené à prendre cette mesure? Quel est le résultat
de cette action?

KBM: Nous avons déposé une plainte en France pour "enlèvement, torture et
actes de barbarie". Au début ils ont refusé notre action. Nous avons
insisté, et la plainte a été acceptée. Une procédure judiciaire contre X a
été ouverte. L'enquête se déroule. Nous comprenons que ce sera très long
...

CP: Pensez-vous que l'enquête sera menée de manière objective?

KBM: Il serait très difficile pour le juge de faire autrement ... Tous les
éléments qu'il a pointent dans la même direction. Il y a les rapports
d'Amnesty International, d'autres émanant des organisations de défense des
droits de l'homme de tous les coins du monde, des rapports de l'ONU et nos
déclarations. Il est difficile de nier les faits énoncés.

CP: En dépit de la tentative de vous déshumaniser, pensez-vous que votre
expérience vous a aidé à devenir une meilleure personne?

KBM: Louange à Dieu en toutes circonstances. J'ai toujours su que j'étais
sur le droit chemin. Je n'ai fais de mal à personne. On n’a rien à me
reprocher, ni en France ni aux États-Unis. Louange à Dieu, nous n'avons
menacé personne ni mis la vie d’autrui en danger. Ce qu’on nous reproche
c’est notre idéologie. Ce qu’on nous reproche c’est d'aimer l'Islam et
d'être prêts à vivre sous des lois islamiques. Louange à Dieu, il m'a
fortifié. Je suis convaincu que nous avons besoin de vivre sous la charia, dans
le pays dans lequel nous voulons vivre, librement. J’en suis sorti très
affaibli, ce qui est normal, mais beaucoup plus convaincu que j'étais sur le
droit chemin et que ceux en face de moi ne m'inspiraient pas confiance.

CP: Quel rapport avez-vous avec «l’humanité» ? Avez-vous été dégoûté?


KBM: Pas du tout, un musulman est objectif et clair. Nous n'avons jamais eu de
haine envers qui que ce soit, musulmans ou non musulmans. Cela n'a pas affecté
ma vie quotidienne. J'ai un emploi; j'ai toujours les mêmes voisins.
Cependant, cela m'a renforcé dans mes convictions et dans ma religion. Je sais
que la guerre est déclarée contre l'islam et non contre nous en particulier.

CP: Quelle a été l'attitude du gouvernement français envers vous alors que
vous étiez incarcéré à Guantanamo?

KBM: Les Français ont été les complices des Américains, comme les autres
Etats. Ils ont profité de ce système pour nous interroger. Ils ont profité de
l'anarchie dans cette partie du monde. Ils en profitent encore. Dix ans plus
tard, ils sont encore en train de nous accuser et de nous juger. Ils nous ont
poursuivis plusieurs fois mais ils ont perdu très souvent. Jusqu'à
aujourd'hui, il n'existe toujours pas d’accusations claires. Mais ils
continuent à nous traiter de «terroristes». La preuve qu'ils ne disent pas
la vérité, c'est que nous sommes libres. Nous travaillons, nous avons une
famille ... Nous vivons comme tout le monde. Si nous étions des terroristes,
ils ne nous laisseraient pas en liberté.

CP: Les français ont-ils été témoins des tortures dont vous avez été
victime?

KBM: Les enquêteurs français sont venus nous interroger sous la torture
exercée par les américains. Ils ont été témoins et complices.

CP: Ensuite, vous avez été libéré par les autorités américaines.
Qu'est-ce qui vous est arrivé alors?

KBM: Ils ont conclu un arrangement avec les autorités françaises afin
qu'elles puissent venir nous rapatrier et un avion militaire français est venu
nous récupérer. Dès que nous sommes arrivés en France, nous avons été
emprisonnés, immédiatement.

CP: Avez-vous été placés sous un régime spécial en prison?

KBM: Pas du tout. Nous étions avec les prisonniers ordinaires. Nous avons
été respectés. Il n'y avait pas de problème. Nous avons eu beaucoup de
marque de respect de la part des autres détenus.

CP: En 2007, vous avez été condamné pour «association de malfaiteurs en
relation avec une entreprise terroriste". Vous avez été condamné à un an
d'emprisonnement. Toutefois, cette période a été couverte par le temps que
vous avait déjà passé en prison en attente de votre procès et vous avez donc
quitté le tribunal librement. Pourquoi avez-vous fait appel de cette décision?


KBM: Nous avons fait appel de la décision simplement parce que nous sommes en
désaccord avec le fait d'être jugés comme des terroristes alors que nous
n’en sommes pas. Il est inacceptable d'être étiquetés comme terroristes
alors qu’on ne nous reproche aucun acte terroriste. Nous avons été
condamnés pour la forme. Même un enfant de cinq ans pourrait le comprendre.
Nous avons été condamnés à un an de prison. Un terroriste n'est pas
condamné à un an de prison. Il est condamné à 20 ans. Il n'y a pas de
"demi-mesure". Soit vous êtes un terroriste et vous restez en prison, ou vous
n'êtes pas un terroriste et vous sortez libre. Par conséquent, nous avons
fait appel et nous avons gagné. Ils ont réalisé qu'il y avait beaucoup
d'erreurs qui nous ont causé du tort, donc on nous a donné raison.

CP: C'était en 2009.Le Cour d'appel a confirmé vos allégations et a
affirmé que vos droits à la défense ont été violés. Pourriez-vous nous
expliquer ceci plus en détail?

KBM: Il y a eu une violation de notre droit à la défense en ce sens que les
enquêteurs français ont profité d’un système de non-droit à Guantanamo
pour nous interroger, ce qui est interdit par le droit français. Ils n'avaient
pas le droit de nous interroger en dehors d'une procédure judiciaire. Il n'y
avait pas de procédure légale contre nous quand nous avons été interrogés.
Ils ont profité de la situation qui régnait à Guantanamo pour recueillir
autant de bribes d'information que possible en vertu de cette pratique
américaine de la torture. Ils ont ensuite secrètement introduit ces éléments
d'information dans le dossier afin de les utiliser plus tard, lorsque
l'enquête aurait été ouverte. Cela représente une violation de nos droits.
Mais le gouvernement français est très orgueilleux. Ils ont décidé de porter
l'affaire devant une juridiction supérieure (la Cour de cassation).

CP: Très récemment, Wikileaks a publié plusieurs câbles diplomatiques
français en relation avec des ex-détenus de Guantanamo. Dans l'un d'eux,
l'un des conseiller du ministre d'Etat a avoué que la législation française
de lutte contre le terrorisme doit principalement se baser sur des allégations
plutôt que sur des preuves. Quelle est votre réaction?

KBM: On le savait parce que nous étions au cœur même de la procédure. Nous
savons ce qui s'est passé. Nous étions face au juge d'instruction. Il n'y
avait aucune preuve. Dans les médias, nous étions considérés comme des
terroristes, mais le plus choquant est que le juge anti-terroriste Jean-Louis
Bruguière et son complice Jean-François Ricard ont triché. Ils sont allés
secrètement à l'ambassade américaine pour collecter des éléments
d'information à notre sujet. Il est dit clairement dans les câbles Wikileaks
qu'il n'y avait aucune preuve contre nous. Ils n'avaient rien contre nous.
C'est la raison pour laquelle nous avons été condamnés à un an et non pas
dix ans.

CP: Pensez-vous qu'il y a une volonté de vous condamner à tout prix?

KBM: Oui! C’est clair depuis le début. Il y a un acharnement évident pour
nous condamner. Mais nous ne resterons pas passifs. Nous allons nous défendre
autant que nous le pouvons.

CP: Pourquoi cela?

KBM: C’est très simple. En France, tout est condamné. Le hijab est
condamné, le niqab est condamné, les gens qui prient à l'extérieur en
raison du manque d'espace sont condamnés, la nourriture halal est condamnée.
En France, tout ce qui est musulman est condamné. Ce n'est pas simplement le
terrorisme. Il suffit de regarder la télévision pour voir que, dans toute la
France, ce qui est lié à l'islam est condamné.

CP: Récemment, la Cour de cassation a annulé cette décision et vous allez
être jugé à nouveau. Pourquoi cela et à quelle peine pourriez-vous faire
face?

KBM: Nous avons été jugé une troisième fois devant une Cour d'appel. Nous
attendons le verdict en Mars, si Dieu le veut. Nous ne risquons pas beaucoup.
Ils peuvent confirmer la peine d'un an que nous avons déjà effectuée. En
réalité, les Français ont compris qu'ils ont commis une grave erreur. Ils
veulent trouver un arrangement pour sauver la face. Ils disent: "nous ne vous
renvoyons pas en prison, mais nous disons que l'année vous y avez passé est
justifiée". Mais ça ne marche pas avec nous. Nous n’allons pas nous
déshonorer pour leur faire plaisir.

CP: Est-ce ce que cela vous a été dit explicitement?

KBM: C'était implicite, mais puisque nous ne sommes pas d'accord, ils
persistent. Mais nous n'abandonnerons pas, si Dieu le veut. S’ils nous
condamnent, nous irons devant la Cour de cassation. Si nous perdons, nous irons
devant la Cour européenne des droits de l'homme, si Dieu le veut. L'histoire
n'est pas encore terminée, si Dieu le veut, même si elle doit prendre dix
ans.

CP: Pensez-vous que le concept de justice est abandonné en France?

KBM: La justice française est connue. Lorsque la «machine judiciaire » fait
une erreur, elle ne fait pas marche arrière. C’est une caractéristique
connue. C’est de l'arrogance. Celui qui dit qu'il y a une justice en France
le dit parce qu'il n'a pas encore goûté à l'injustice. Notre affaire est
une injustice pure.

CP: Quel genre de vie vivez-vous maintenant?

KBM: Louange à Dieu, je vis avec ma famille, j'ai des enfants, je travaille
comme tout le monde. Je participe à la vie économique, professionnelle et
sociale quotidiennement. Louange à Dieu, ma vie n'a pas changé. La vie
continue.

CP: Comment êtes-vous traité par les gens en général?

KBM: Les réactions sont mitigées. Certaines personnes comprennent que nous
avons été victimes d'une injustice. D'autres sont choquées et croient ce
qui est dit à la télévision. C’est mélangé. Beaucoup parmi les musulmans
ont également cessé de croire aux mensonges américains. Nous l'avons vu avec
l'Irak et l'Afghanistan. Ils ne peuvent plus mentir aux gens, nous connaissons
parfaitement la vérité.

CP: Pensez-vous que l'éveil est en cours?

KBM: Bien sûr. En tant que catégorie spécifique de personnes constamment
ciblées, à savoir la communauté musulmane, à un certain point, même les
gens qui ne font pas attention se rendent compte qu'ils disent des mensonges.

CP: Quel message souhaitez-vous adresser à nos lecteurs?

KBM: Je leur demande de ne pas oublier ceux qui sont encore là-bas. Nous
sommes passés par là et nous en sommes sortis, et nous avons commencé à
retrouver une vie normale. Nous devrions vraiment nous inquiéter pour ceux qui
sont toujours là bas. Nous ne devons pas les oublier dans nos invocations. Nous
ne devons absolument pas arrêter les actions entreprises, qui seront
couronnées de succès si Dieu le veut, et qui aboutiront à la fermeture du
camp de Guantanamo. Nous devons nous rappeler que Guantanamo n'est pas
seulement à Cuba. Il ya des camps de Guantanamo dans le monde entier. En Irak,
il y a Guantanamo. En Afghanistan, il y a des camps comme Guantanamo. Au
Pakistan, il y a des camps comme Guantanamo. Guantanamo est partout. Il existe
des prisons secrètes américaines. Nous savons tous que des musulmans sont
dedans. Nous ne devons pas les oublier dans nos invocations, ni dans les actions
que vous entreprenez pour dénoncer cette injustice. Nous devons faire tout
notre possible pour libérer nos frères à Guantanamo. Nous ne voulons pas pour
eux une «prison de substitution», comme ils essaient de le suggérer. Ils ont
besoin de rentrer à la maison. Il ya des gens qui ont été libérés il ya
trois ans, mais ils n'ont toujours pas vu leurs familles. Ils les ont envoyé
à des milliers de kilomètres de chez eux et ils n'ont toujours pas vu leurs
enfants, leurs mères et leurs pères. Est-ce cela la liberté? Tout le monde
est innocent à Guantanamo, c’est connu. Guantanamo a été créé pour faire
croire aux gens que nous étions coupables. Finalement, louanges à Dieu, nous
sommes tous innocents.

CP: C'était ma dernière question. BarakAllahou fik.

KBM: Qu'Allah vous récompense pour votre travail.

Source : cageprisonners.com

Ndt : Le 18 mars 2011, Khaled ben Mustapha, Mourad Benchellali, Nizar Sassi,
Redouane Khalid et Brahim Yadel ont été condamnés pour terrorisme à une
peine d'un an de prison ferme par la cour d'appel de Paris. Elle couvre la
détention provisoire déjà effectuée après leur retour de Guantanamo. Me
William Bourdon, un des avocats de la défense, a cependant annoncé qu'il
allait saisir la Cour de cassation.    



22/04/2011
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