Au début du mois de novembre, les 300 membres du comité central du parti démocrate de Californie ont adopté à l’unanimité une résolution réclamant la fin de la guerre en Afghanistan.
Ce vote de représentants élus par le peuple démocrate lors d’une primaire est le symbole même du risque de scission de son propre parti que Barack Obama a pris lorsqu’il a décidé d’augmenter fortement le nombre de soldats américains engagés dans cette guerre. Les sondages montraient pourtant que les deux tiers des électeurs démocrates étaient opposés à l’envoi de nouvelles troupes.
Au Congrès, où les 435 membres de la Chambre des Représentants devront tous se soumettre aux électeurs lors des législatives de novembre 2010, une majorité de démocrates ne sont pas prêts à voter le budget supplémentaire que requiert l’envoi de ces troupes voulu par le président.
Et pour cause. Ils ont peur de coûteuses primaires qu’ils pourraient perdre face à des candidats anti-guerre soutenus par MoveOn.org et d’autres riches comités d’action politique de l’aile gauche démocrate.
Obama s’appuie sur les nationalistes républicains
Résultat, pour faire voter les nouveaux crédits nécessaires à la guerre en Afghanistan, Obama semble avoir adopté une stratégie politique qui s’appuie sur les voix des nationalistes extrémistes du Parti républicain au Congrès qui n’ont jamais accepté sa présidence comme étant légitime.
Quand un président débute son mandat au centre pour se dépêcher d’apaiser les politiciens de droite, le patronat, les lobbyistes et les généraux va-t-en-guerre, il gouverne par définition en conservateur. D’ailleurs, les médias américains parlent aujourd’hui d’un Obama qui « fatigue » tant le nombre des cocus de l’Obamamania augmente chaque jour.
Rappelons que Bill Clinton, pendant la première année de sa présidence, s’est appuyé sur les républicains (contre une majorité de démocrates) pour faire voter le NAFTA, le traité qui aboli les restrictions sur le commerce avec le Mexique. Il a tellement sapé l’enthousiasme de son parti, des syndicats et des environnementalistes qu’il a provoqué une « révolution républicaine » lors des législatives de 1994, permettant aux républicains de reprendre le contrôle du Congrès.
Risque de camouflet aux législatives de 2010
En faisant la même chose avec la guerre en Afghanistan —une majorité d’électeurs sont contre à 52 % selon le dernier sondage du Washington Post — Obama risque un vilain camouflet aux législatives de 2010.
Car, avec un taux réel de chômage de 17,5% (qui inclut ceux qui ont abandonné la recherche d’un travail et ceux qui ne trouvent qu’un mi-temps mal payé), les salariés et la classe ouvrière ne vont pas accepter qu’il y ait assez d’argent dans les coffres de l’Etat pour dépenser un million de dollars par an pour chaque nouveau soldat envoyé en Afghanistan, mais pas assez pour un deuxième plan de relance de l’emploi.
Plan de relance refusé par Obama mais jugé bien nécessaire par des personnalités aussi variées que le milliardaire Warren Buffet et les deux Prix Nobel d’économie Paul Krugman et Joseph Stiglitz. Pour eux, le premier plan de relance pour l’emploi d’Obama est un fiasco.
Barack Obama a d’ores et déjà fait de la guerre en Afghanistan SA guerre. Tout en félicitant le président afghan corrompu Hamid Karzai pour son élection volée. Penser que plus de bottes américaines sur le sol afghan pourraient légitimer un gouvernement composé de Tadjiks narcotrafiquants dans un pays majoritairement composé de Pachtounes est un non-sens.
Et mener cette guerre inutile en pleine crise économique risque tout bonnement de tuer la présidence de Barack Obama.