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Aux bons soins des autorités françaises

Décrocher un visa pour la France relève du calvaire pour le citoyen marocain lambda. Même en cas d’urgence médicale absolue, les autorités consulaires françaises n’hésitent pas à causer des problèmes administratifs ubuesques.

Depuis plus de seize mois, une Marocaine de la ville d’Oujda, Aïcha Mokhtari, âgée de 62 ans et atteinte d’une forme assez rare de cancer des os (ostéosarcome du fémur qui ne peut être soigné qu’en Europe), attend le feu vert des autorités françaises pour se faire soigner à l’hôpital Gustave Roussy de Villejuif.

Les multiples démarches entreprises par sa famille – Mme Mokhtari, dont le genou a triplé de volume, souffre beaucoup et ne peut se déplacer – se sont heurtées jusqu’ici à un mur d’incompréhension. Le dossier que sa famille a présenté a d’abord été jugé non seulement incomplet mais, pire, douteux !

On l’a en effet confondue avec une ressortissante algérienne, originaire de Mostaganem et portant un nom un peu similaire. Or, une demande de visa de cette personne avait été refusée. Même si l’on comprend mal comment les autorités françaises ont pu faire une telle confusion, compte tenu des nombreux documents fournis par la famille Mokhtari, beaucoup de temps a été perdu.

Excuses bidons du consulat français de Fès

Depuis, la situation n’a guère évolué. Les autorités consulaires françaises de Fès ont continué à affirmer contre toute évidence que le dossier de Mme Mokhtari n’était pas complet. Ce qui est totalement faux. La famille a versé les 155 euros demandés par l’hôpital Gustave Roussy, le corps médical de l’établissement affirmant qu’il n’était pas question de l’hospitaliser mais seulement de l’examiner en consultation afin d’étudier les suites à donner à son état de santé. D’où la somme de 155 euros réclamés et versés par la famille.

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© Khalid

Quant au billet de voyage et l’hébergement en France, la famille a fourni toutes les garanties demandées. En d’autres termes, les autorités françaises craignent tout simplement, mais sans oser le dire clairement, que la famille ne puisse assumer les frais d’hospitalisation au cas où une telle solution serait retenue. Cette attitude est inadmissible : la famille n’a fait que se plier aux demandes de l’hôpital et on ne peut lui demander d’anticiper.

Mme Mokhtari pas assez importante pour le Makhzen marocain

Cette affaire, largement évoquée par la presse marocaine qui ne se prive pas de dénoncer le comportement de certains responsables français au Maroc, met aussi une fois de plus en lumière les dysfonctionnements de la santé publique au royaume enchanté de Mohammed VI. Mme Aïcha Mokhtari, qui appartient à une famille modeste, n’intéresse personne au Maroc.

Le pouvoir marocain, le Makhzen, si prompt à se pencher sur le sort des courtisans, n’a même pas répondu à ses appels au secours. S’ il l’avait fait, il y a longtemps que les consulats de France auraient accordé l’indispensable visa.

Tous les recours de Mme Mokhtari, qui ne dort pratiquement plus depuis 16 mois, tant elle souffre, ont été épuisés. En revanche, le consulat français de Fès, suprême mesquinerie, a bien gardé les 60 euros de frais de visa !

Tout le monde sait qu’il y a eu dans le passé de nombreux abus et que les hôpitaux français, pour reprendre un vieux refrain, ne peuvent pas soigner toute la misère du monde. Certes ! Mais, dans certaines circonstances, le simple bon sens, pour ne pas parler d’un minimum d’humanité, fait comprendre qu’on se trouve en présence de gens sincères, prêts à tout donner pour tenter de soigner ou de guérir un proche que la médecine locale, insuffisamment équipée, ne peut prendre en charge. La France, qui a tant pris ou reçu du Maroc, devrait s’en souvenir de temps en temps.



02/07/2009
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