C EST GRAVE : Mohamed et Ali interdits de virement bancaire
Un virement bancaire de quelques dizaines d'euros à "Mohamed et Ali" peut désormais suffire à transformer une honnête - et généreuse - citoyenne en suspecte. C'est ce que démontre une édifiante affaire révélée récemment par l'hebdomadaire luxembourgeois Le Jeudi.
Alertée par une amie, proche des familles de Touareg algériens, la donatrice s'était émue du sort de femmes et d'enfants après les décès soudains d'Ali et de Mohamed. Elle a donc décidé de leur envoyer une petite somme d'argent par le canal de sa banque.
Opération "bloquée par le système" parce que "considérée automatiquement comme frauduleuse en raison de l'intitulé Mohamed et Ali", lui a fait savoir par téléphone un employé, quelques jours plus tard. Selon ce collaborateur zélé, la banque - qui l'est apparemment tout autant - était dans l'obligation légale d'effectuer des contrôles en raison d'un risque de financement du terrorisme international...
En résumé, s'appeler Mohamed ou Ali signifie, pour un banquier, que l'on est "automatiquement" un sympathisant présumé d'Al-Qaida ? "C'est peut-être un peu discriminant, mais il faut rester prudent", aurait affirmé le collaborateur de cet établissement dont le nom n'a pas été révélé.
Malgré les explications rassurantes de la citoyenne au-dessus de tout soupçon, la banque n'a pas arrêté là ses exploits. Le surlendemain, un autre cadre a rappelé la cliente pour lui confirmer que l'opération "ne passait pas" et serait annulée. Motif ? "Un mauvais libellé." Les ordinateurs de la place financière grand-ducale acceptent la mention "don" mais, si l'on comprend bien, pas les prénoms arabes. Pas ceux, en tout cas, de Touareg déshérités...
Le Jeudi s'est emparé du dossier et a, à son tour, interrogé la banque. Son service juridique lui a confirmé qu'elle était soumise à "une obligation de contrôle" et que ses pratiques semblaient cadrer avec les "mesures raisonnables" recommandées par les dispositifs légaux du Grand-duché et de l'Union européenne. L'ordre de ne pas exécuter une transaction ne peut toutefois être donné, en principe, que par une instance indépendante, composée notamment de magistrats. Au Luxembourg, il s'agit de la Commission de surveillance du secteur financier (CSSF). Contactée, celle-ci se refuse à tout commentaire mais suggère que l'on prenne connaissance d'un texte résumant les obligations professionnelles des banquiers en cas de virements suspects.
A découvrir aussi
- VICTOIRE : Coup dur, pour Israël : des militants "BDS" de France, jugés, pour avoir appelé au boycott, sont relaxés
- Google et les services secrets US liés
- Crise : Près de 600.000 espagnols renoncent à leur téléphone mobile
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 47 autres membres