COURS D ECONOMIE : Quelle stratégie face à la politique américaine de dépréciation du dollar ?
La cotation du dollar par rapport à l’euro fluctue depuis plus de quatre mois entre 1,41/143 dollar un euro et les 8/9 septembre 2009 a dépassé le cours historique de 1,45 dollar un euro et selon certaines prévisions pessimistes, cela pourrait dépasser 1,50 ce qui a des implications stratégiques tant sur les importations en euros, les placements en bons de trésor que sur les réserves de change libellées en dollars de bon nombre de pays dont la Chine et l’Algérie, objet de cette modeste contribution pour le quotidien d’Oran.
1-La stratégie américaine
La politique monétaire des Etats-Unis d’Amérique correspond donc à une politique volontaire de baisse du dollar afin d'essayer de réduire le déficit commercial et de limiter la valeur réelle de leur endettement mondial libellé en dollars. Car la remontée du dollar face aux principales monnaies mondiales, supposerait une forte hausse des taux d'intérêts de la Fed et une baisse de la création monétaire, en contradiction avec le programme du nouveau président US dans la mesure où toute appréciation aurait pour conséquence le frein du marché immobilier (crédits inabordables du fait d'une hausse des intérêts sur les ménages endettés à taux variables), la consommation américaine pouvant être freinée avec le risque d’accélération des faillites des entreprises. Avant 1971, date à laquelle ou existe une relations directe entre la parité du dollar et le stock d’or ( parité fixe contenu dans les accords de Breeton Woods ,est remplacé par des taux de change flexible ) , les investissements américains à l'étranger étaient d’environ 10 % du PIB des Etats-Unis, prêtant au reste du monde , sa position extérieure n'excédait pas 4 % du PIB et les avoirs et dettes externes des Etats-Unis ne dépassaient pas 15 % du PIB américain . Avec la crise des prêts hypothécaires d’août 2007, les actifs étrangers détenus par les Etats-Unis s'élevaient à 122 % de leur PIB en actifs étrangers et leurs dettes au reste du monde à 135 %. L’endettement net extérieur de 13 % du PIB est la résultante des déficits de la balance commerciale américaine accumulés depuis les années 1980. Pour l'exercice 2010, le gouvernement des Etats Unis américain a présenté un budget de 3 552 milliards de dollars reposant sur un déficit record de 1 750 milliards de dollars en 2009 (12,3 % du PIB, cinq fois le budget annuel de la France ). Au déficit budgétaire de 2009, s'ajouteront les déficits de 2010 et 2011, le besoin en financement serait de plus de 3 000 milliards de dollars. Comme le note avec pertinence Hélène Rey professeur à la London Business School dans une contribution aux échos parisien le 22 mai 2009, je cite «les Etats-Unis d'avant la crise ressemblent à une banque d'investissement qui se finance massivement en émettant de la dette et investit de façon colossale en actifs risques étrangers (stocks, investissements directs). Ce faisant, les Etats-Unis obtiennent un rendement élevé sur leurs actifs et se refinancent à bas pris sur le marché de la dette, profitant de l'engouement mondial pour les bons du Trésor américain. Ils encaissent ainsi la différence de rendements. Mais lorsque les prix des actifs et de la dette deviennent volatils, la valeur du portefeuille externe des Etats-Unis devient encore plus volatile en raison de l'effet de levier. C'est exactement ce qui se passe dans la crise actuelle.... vers fin 2008, la valeur des actifs étrangers détenus par les Etats-Unis est tombée à 85 % du PIB, si bien que la position extérieure nette est tombée à moins - 37 % du PIB ».
2.- La stratégie chinoise ou l’illusion chinoise
Mais, l'apparence ne doit pas faire illusion. La résistance relative, malgré le dérapage actuel, du dollar face à l'euro est liée à la liquidation par les investisseurs américains de leurs positions sur les marchés financiers internationaux et à la politique monétaire chinoise. En effet, pour le premier cas, les agents privés ont vendu massivement les actifs qu'ils détenaient à l'étranger. Concernant les bons de trésor représentant environ 45 % de la dette totale externe des Etats-Unis, ils sont concentrés surtout au niveau de la banque centrale de Chine. Au 1er mars 2009, sur 2000 milliards de dollars de réserves de change chinois ( 20% du PIB) dont une grande partie grande libellée en dollars , la Chine détient 712 milliards de dollars de bons du Trésor (selon les statistiques américaines). Malgré certaines déclarations contre l'hégémonie du dollar, la Chine continue à être un gros acheteur de bons du Trésor. Ainsi, la crise a rendu de facto l'économie américaine encore plus dépendante de la Chine, des USA et parallèlement (vases communicants) toute contraction de la demande des USA affecte les exportations chinoises. Mais est ce que cela pourra continuer à l’avenir ? Aussi, tout dépendra de l‘attitude de la Chine, premier créancier des Etats-Unis et le problème est le suivant : les chinois continueront-ils à acheter des bons du Trésor des Etats Unis ? Comme impact de cette dépréciation du dollar, le président brésilien estime que son pays et la Chine vont parvenir à avoir des échanges bilatéraux dans leurs monnaies respectives, sans passer par le dollar, une réunion des Banques centrales des deux pays étant prévu à ce sujet selon la déclaration du président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva le 19 mai 2009 à Pékin. Mais paradoxalement si la Chine suspend l'achat de bons du Trésor, la valeur de ses avoirs libellés en dollars baissera fortement affectant par ricochet sa situation financière, dont avec la crise mondiale, la marge de manœuvre s’amoindrit.
En effet, la Chine connaît un déficit budgétaire de 750 milliards de yuan ($109 Md) en 2009 contre 570 milliards yuan ($83 Md) en 2008. Par ailleurs, la Chine a lancé un plan de relance additionnel de 580 milliards de dollars qui s ‘ajoute au 1400 milliards de dollars (un tiers du PIB) prévu par le plan annuel chinois condition pour maintenir la paix sociale paix sociale. Ce d’autant plus que l’économie mondiale devrait connaître le second semestre 2010 une relative stabilisation après la décroissance de 2009, le taux de croissance de la zone OCDE devant varier entre moins 0,1% et 1%, l’économie mondiale devant revenir à l’équilibre d’avant la crise vers 2013/2014 et sous réserve que les thérapeutiques préconisées s’avèrent efficaces, supposant une coordination mondiale sans faille et une nouvelle régulation , ce qui n’est pas évident avec les divergences entre les USA et l’Europe d’une part, les pays émergents et les pays développés d’autre part comme cela a été le cas lors de la réunion du G20 à Londres le 02 avril 2009. La contraction de l'économie américaine sera plus sévère que prévu et le redémarrage de l'activité sera très lent d’autant plus que la reprise de l’économie mondiale est tributaire de la reprise aux Etats-Unis première puissance économique mondiale et de l’Europe et non pas des pays émergents, décroissance de la Russie , de l’Inde du Brésil , de la Chine du moins à court terme, le PIB chinois étant en valeur seulement équivalant à celui de l’Allemagne D’ailleurs la Banque mondiale vient de revoir à la baisse le taux de croissance chinois le situant à environ 7%,et les autorités chinoises l’estimant à 7,5% (loin des 11/12% des années passées) en précisant que la Banque centrale chinoise dans sa note de conjoncture de juillet 2009 a prévu un retour de l'inflation au deuxième semestre et une croissance de 7,9% au deuxième trimestre, contre 6,1% au premier, loin du minimum nécessaire pour maintenir la cohésion sociale 8/9%.
Dans une contribution en date du 03 septembre 2009, le quotidien français les Echos signé par Yann ROUSSEAU son correspondant à Pékin parlent d’illusions chinoises qui auraient trompé bon nombre d’experts y compris le FMI, qui misaient sur la Chine comme fer de lance de la relance de l’économie mondiale, je cite : « dans la panique, le pouvoir communiste a choisi une relance quantitative plutôt que qualitative. Plutôt que de profiter de la crise pour activer un rééquilibrage de sa croissance trop dépendante des exportations, le gouvernement a préféré geler l'appréciation du yuan et renouer avec ses vieilles recettes de relance par l'investissement public, louées pour leur efficacité à court terme. Les grands groupes d'Etat, inondés de liquidités, ont accru leur pouvoir et repris leur course à la surcapacité quand les entreprises privées se retrouvaient, elles, abandonnées dans la crise. A la fin de l'année 2009, le gouvernement chinois pourra célébrer une hausse de PIB éclatante, qui rapproche le pays de la place de seconde puissance économique mondiale, mais il se retrouvera, dans le même temps, confronté à une croissance plus déséquilibrée que jamais. Si les exportations de marchandises « made in China » ne retrouvent pas en 2010 leur dynamisme passé, Pékin sera contraint d'envisager un nouveau plan de relance ou devra, enfin, se résoudre à s'attaquer aux complexes réformes sociale et monétaire dont le pays a urgemment besoin ».
3.- Et l’Algérie ?
Le premier impact négatif est sur les réserves de change libellées en dollars qui se déprécient et notamment avec le risque comme montré précédemment de la dépréciation des bons de trésor américain. Avec des taux d’intérêts directeurs allant vers zéro dont la dernière en date est celle de la BCE (1% contre 0,25% pour la FED , idem pour la banque d’Angleterre et la banque du Japon taux se rapprochant de zéro ) et malgré la déflation mondiale (environ 1% taux d’inflation) quel est le rendement réel des placements des réserves de change algérien à l’étranger qui selon le Ministre des Finances lors de la cession de l’APN l’a estimé à 135 milliards de dollars, soit plus de 80% de nos réserves de change. Par ailleurs, selon les déclarations du gouverneur de la banque d’Algérie algérien en novembre 2007 devant le parlement, la Banque centrale utilise deux manières pour placer les réserves de changes de l’Algérie du moins entre 2007/2008. Les placements à l’étranger seraient de 70% en titres souverains, c'est-à-dire en bons de Trésor américains, japonais, britanniques et européens. Le second placement (30%) s’effectue via les dépôts de la Banque centrale sur le marché bancaire et interbancaire, étant déposé par la Banque centrale auprès de banques internationales qui disposent de références très élevées. Mais, à la lumière de l’expérience récente de la crise mondiale certaines cotées AAA ont fait faillite et d’autres ont d’importantes difficultés. Le problème qui se pose est le suivant : qui sont ces banques internationales ou l’Algérie a placé 30% de ses réserves dans la mesure ou pour les 70% cela est garanti par les Etats. Donc, combien avons-nous placées à l’étranger, combien en dollars qui se déprécient, dans quelles banques et dans quel pays ?
Une réponse claire pour éviter les rumeurs dévastatrices ou ce paternalisme comme cette déclaration irresponsable de l’époque de la dictature stalinienne, le 02 septembre 2009 du Ministre des Finances lors de l’ouverture du conseil de la Nation « nous avons supprimé les crédits à la consommation pour protéger les Algériens contre l’endettement ». Même les russes et les chinois fondateurs du communisme ne tiennent plus ce genre de discours. Pour preuve fin août 2009, le gouvernement chinois a donné des instructions aux banques d’être plus attentif à la solvabilité des ménages lors de l’octroi de crédit à la consommation, sans s’immiscer dans la gestion bancaire. Car, le peuple algérien a besoin d’être bien gouverné et d’être informé si on veut le mobiliser.
-Deuxièmement sur la valeur des exportations des hydrocarbures libellées en dollars, en termes de parité de pouvoir d’achat des autres monnaies qui s’apprécient. Pour le cours futur du pétrole, il sera fondamentalement déterminé par les fondamentaux, ce qui n’est pas le cas actuellement, et par la politique énergétique des USA, des énergies alternatives et du nouveau défi écologique. Aussi, il est faux de raisonner en prix courants sans tenir compte à la fois de l’inflation ou déflation et de la dépréciation ou de l’appréciation du dollar. Pour l’élévation récente du cours du pétrole cela est du essentiellement à la dépréciation du dollar, aux actes spéculatifs comme valeur refuge à l’instar de l’or,(mais le stockage sera temporaire) ,à la réduction de la production pour des raisons politiques au Nigeria, techniques/financières en Russie, à la pression des lobbys pétroliers opérant hors OPEP et au sein de l’Opep , les pays de l’Opep représentant moins de 40% de la production commercialisée mondiale ayant un impact déclinant, bien il faut le reconnaître ayant contribué par la réduction des quotas de la production à la stabilisation. D’ailleurs la réunion de l’OPEP le 09 septembre 2009 devrait concrétiser le statut quo sous la pression notamment de l’Arabie Saoudite et du Koweït, et le communiqué devrait s’en tenir au respect des quotas, l’Algérie représentant environ seulement 1% des réserves mondiales de pétrole contre 3% pour le gaz ayant une influence très faible.
Troisièmement sur la valeur de nos importations libellées en euros (60% en moyenne) et plus de 80% si l’on introduit les autres monnaies qui s ‘apprécient par rapport au dollar, pouvant assister à la même valeur mais une diminution en volume. Ce que l’on gagne en appréciation du pétrole,( en rappel, le cours du dollar était de 1,43 au moment ou le cours du pétrole était à plus de 140 dollars) l’Algérie le perd en grande partie du fait de la dépréciation du dollar surtout si l’on maintient le rythme de 2008 ,40 milliards de dollars d’importations de biens plus 10 milliards de services sans compter la sortie des dividendes des sociétés étrangères environ 10 milliards de dollars y compris les associés de Sonatrach, devant toujours raisonner au niveau de la balance des paiements et non de la balance commerciale. Il est à signaler que la cotation du dinar dépendant des fluctuations des monnaies clefs, mais la politique de la banque centrale n’est pas claire dévaluant récemment le dinar algérien tant par rapport au dollar que par rapport à l’euro entre 15/20% sus prétexte de réduire les importations, alors que ces deux monnaies n’évoluent pas dans le même sens. Or, l’instabilité du taux de change, autant que l’instabilité du cadre juridique, découragent tout opérateur et ces dévaluations alourdissant les coûts à l’importation tant des équipements matières premières, et biens de consommation gonflant artificiellement tant les recettes des hydrocarbures (dollars reconvertis en dinars algériens un dollar passant de 63 dollars en 2008 à plus de plus de 75 dinars en 2009) et part là tant le fonds de régulation en dinars que la fiscalité pétrolière (voilant le déficit budgétaire pour entretenir les emplois rentes).
En conclusion, les effets de la crise d’octobre 2008 devrait préfigurer de profonds bouleversements géopolitiques, monétaires et socio-économiques entre 2015/2020, voire politique étant une crise systémique, malgré des régimes politiques diamétralement différents, les intérêts économique des Etats-Unis d’Amérique et de la Chine , du moins à court terme convergent.
Qu’en sera t-il si la dépréciation du dollar devait continuer dans le temps ? Fait significatif de cette méfiance vis-à-vis du dollar, fin août 2009 l’Inde s’est engagée à acheter 10 milliards de dollars en obligations émises par le FMI et la Chine pour 50 milliards de dollars, obligations libellés en droits de tirages spéciaux (DTS) valeur d’un panier de monnaies dont le dollar représente seulement 41% et les autres monnaies 59%. L’Algérie a-t-elle intérêt à reconvertir ses placements en obligations du FMI pour se prémunir contre la dépréciation du dollar ? La question reste posée et tout dépend si ses placement à l’étranger l’ont été à long, moyen ou court terme.
1-La stratégie américaine
La politique monétaire des Etats-Unis d’Amérique correspond donc à une politique volontaire de baisse du dollar afin d'essayer de réduire le déficit commercial et de limiter la valeur réelle de leur endettement mondial libellé en dollars. Car la remontée du dollar face aux principales monnaies mondiales, supposerait une forte hausse des taux d'intérêts de la Fed et une baisse de la création monétaire, en contradiction avec le programme du nouveau président US dans la mesure où toute appréciation aurait pour conséquence le frein du marché immobilier (crédits inabordables du fait d'une hausse des intérêts sur les ménages endettés à taux variables), la consommation américaine pouvant être freinée avec le risque d’accélération des faillites des entreprises. Avant 1971, date à laquelle ou existe une relations directe entre la parité du dollar et le stock d’or ( parité fixe contenu dans les accords de Breeton Woods ,est remplacé par des taux de change flexible ) , les investissements américains à l'étranger étaient d’environ 10 % du PIB des Etats-Unis, prêtant au reste du monde , sa position extérieure n'excédait pas 4 % du PIB et les avoirs et dettes externes des Etats-Unis ne dépassaient pas 15 % du PIB américain . Avec la crise des prêts hypothécaires d’août 2007, les actifs étrangers détenus par les Etats-Unis s'élevaient à 122 % de leur PIB en actifs étrangers et leurs dettes au reste du monde à 135 %. L’endettement net extérieur de 13 % du PIB est la résultante des déficits de la balance commerciale américaine accumulés depuis les années 1980. Pour l'exercice 2010, le gouvernement des Etats Unis américain a présenté un budget de 3 552 milliards de dollars reposant sur un déficit record de 1 750 milliards de dollars en 2009 (12,3 % du PIB, cinq fois le budget annuel de la France ). Au déficit budgétaire de 2009, s'ajouteront les déficits de 2010 et 2011, le besoin en financement serait de plus de 3 000 milliards de dollars. Comme le note avec pertinence Hélène Rey professeur à la London Business School dans une contribution aux échos parisien le 22 mai 2009, je cite «les Etats-Unis d'avant la crise ressemblent à une banque d'investissement qui se finance massivement en émettant de la dette et investit de façon colossale en actifs risques étrangers (stocks, investissements directs). Ce faisant, les Etats-Unis obtiennent un rendement élevé sur leurs actifs et se refinancent à bas pris sur le marché de la dette, profitant de l'engouement mondial pour les bons du Trésor américain. Ils encaissent ainsi la différence de rendements. Mais lorsque les prix des actifs et de la dette deviennent volatils, la valeur du portefeuille externe des Etats-Unis devient encore plus volatile en raison de l'effet de levier. C'est exactement ce qui se passe dans la crise actuelle.... vers fin 2008, la valeur des actifs étrangers détenus par les Etats-Unis est tombée à 85 % du PIB, si bien que la position extérieure nette est tombée à moins - 37 % du PIB ».
2.- La stratégie chinoise ou l’illusion chinoise
Mais, l'apparence ne doit pas faire illusion. La résistance relative, malgré le dérapage actuel, du dollar face à l'euro est liée à la liquidation par les investisseurs américains de leurs positions sur les marchés financiers internationaux et à la politique monétaire chinoise. En effet, pour le premier cas, les agents privés ont vendu massivement les actifs qu'ils détenaient à l'étranger. Concernant les bons de trésor représentant environ 45 % de la dette totale externe des Etats-Unis, ils sont concentrés surtout au niveau de la banque centrale de Chine. Au 1er mars 2009, sur 2000 milliards de dollars de réserves de change chinois ( 20% du PIB) dont une grande partie grande libellée en dollars , la Chine détient 712 milliards de dollars de bons du Trésor (selon les statistiques américaines). Malgré certaines déclarations contre l'hégémonie du dollar, la Chine continue à être un gros acheteur de bons du Trésor. Ainsi, la crise a rendu de facto l'économie américaine encore plus dépendante de la Chine, des USA et parallèlement (vases communicants) toute contraction de la demande des USA affecte les exportations chinoises. Mais est ce que cela pourra continuer à l’avenir ? Aussi, tout dépendra de l‘attitude de la Chine, premier créancier des Etats-Unis et le problème est le suivant : les chinois continueront-ils à acheter des bons du Trésor des Etats Unis ? Comme impact de cette dépréciation du dollar, le président brésilien estime que son pays et la Chine vont parvenir à avoir des échanges bilatéraux dans leurs monnaies respectives, sans passer par le dollar, une réunion des Banques centrales des deux pays étant prévu à ce sujet selon la déclaration du président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva le 19 mai 2009 à Pékin. Mais paradoxalement si la Chine suspend l'achat de bons du Trésor, la valeur de ses avoirs libellés en dollars baissera fortement affectant par ricochet sa situation financière, dont avec la crise mondiale, la marge de manœuvre s’amoindrit.
En effet, la Chine connaît un déficit budgétaire de 750 milliards de yuan ($109 Md) en 2009 contre 570 milliards yuan ($83 Md) en 2008. Par ailleurs, la Chine a lancé un plan de relance additionnel de 580 milliards de dollars qui s ‘ajoute au 1400 milliards de dollars (un tiers du PIB) prévu par le plan annuel chinois condition pour maintenir la paix sociale paix sociale. Ce d’autant plus que l’économie mondiale devrait connaître le second semestre 2010 une relative stabilisation après la décroissance de 2009, le taux de croissance de la zone OCDE devant varier entre moins 0,1% et 1%, l’économie mondiale devant revenir à l’équilibre d’avant la crise vers 2013/2014 et sous réserve que les thérapeutiques préconisées s’avèrent efficaces, supposant une coordination mondiale sans faille et une nouvelle régulation , ce qui n’est pas évident avec les divergences entre les USA et l’Europe d’une part, les pays émergents et les pays développés d’autre part comme cela a été le cas lors de la réunion du G20 à Londres le 02 avril 2009. La contraction de l'économie américaine sera plus sévère que prévu et le redémarrage de l'activité sera très lent d’autant plus que la reprise de l’économie mondiale est tributaire de la reprise aux Etats-Unis première puissance économique mondiale et de l’Europe et non pas des pays émergents, décroissance de la Russie , de l’Inde du Brésil , de la Chine du moins à court terme, le PIB chinois étant en valeur seulement équivalant à celui de l’Allemagne D’ailleurs la Banque mondiale vient de revoir à la baisse le taux de croissance chinois le situant à environ 7%,et les autorités chinoises l’estimant à 7,5% (loin des 11/12% des années passées) en précisant que la Banque centrale chinoise dans sa note de conjoncture de juillet 2009 a prévu un retour de l'inflation au deuxième semestre et une croissance de 7,9% au deuxième trimestre, contre 6,1% au premier, loin du minimum nécessaire pour maintenir la cohésion sociale 8/9%.
Dans une contribution en date du 03 septembre 2009, le quotidien français les Echos signé par Yann ROUSSEAU son correspondant à Pékin parlent d’illusions chinoises qui auraient trompé bon nombre d’experts y compris le FMI, qui misaient sur la Chine comme fer de lance de la relance de l’économie mondiale, je cite : « dans la panique, le pouvoir communiste a choisi une relance quantitative plutôt que qualitative. Plutôt que de profiter de la crise pour activer un rééquilibrage de sa croissance trop dépendante des exportations, le gouvernement a préféré geler l'appréciation du yuan et renouer avec ses vieilles recettes de relance par l'investissement public, louées pour leur efficacité à court terme. Les grands groupes d'Etat, inondés de liquidités, ont accru leur pouvoir et repris leur course à la surcapacité quand les entreprises privées se retrouvaient, elles, abandonnées dans la crise. A la fin de l'année 2009, le gouvernement chinois pourra célébrer une hausse de PIB éclatante, qui rapproche le pays de la place de seconde puissance économique mondiale, mais il se retrouvera, dans le même temps, confronté à une croissance plus déséquilibrée que jamais. Si les exportations de marchandises « made in China » ne retrouvent pas en 2010 leur dynamisme passé, Pékin sera contraint d'envisager un nouveau plan de relance ou devra, enfin, se résoudre à s'attaquer aux complexes réformes sociale et monétaire dont le pays a urgemment besoin ».
3.- Et l’Algérie ?
Le premier impact négatif est sur les réserves de change libellées en dollars qui se déprécient et notamment avec le risque comme montré précédemment de la dépréciation des bons de trésor américain. Avec des taux d’intérêts directeurs allant vers zéro dont la dernière en date est celle de la BCE (1% contre 0,25% pour la FED , idem pour la banque d’Angleterre et la banque du Japon taux se rapprochant de zéro ) et malgré la déflation mondiale (environ 1% taux d’inflation) quel est le rendement réel des placements des réserves de change algérien à l’étranger qui selon le Ministre des Finances lors de la cession de l’APN l’a estimé à 135 milliards de dollars, soit plus de 80% de nos réserves de change. Par ailleurs, selon les déclarations du gouverneur de la banque d’Algérie algérien en novembre 2007 devant le parlement, la Banque centrale utilise deux manières pour placer les réserves de changes de l’Algérie du moins entre 2007/2008. Les placements à l’étranger seraient de 70% en titres souverains, c'est-à-dire en bons de Trésor américains, japonais, britanniques et européens. Le second placement (30%) s’effectue via les dépôts de la Banque centrale sur le marché bancaire et interbancaire, étant déposé par la Banque centrale auprès de banques internationales qui disposent de références très élevées. Mais, à la lumière de l’expérience récente de la crise mondiale certaines cotées AAA ont fait faillite et d’autres ont d’importantes difficultés. Le problème qui se pose est le suivant : qui sont ces banques internationales ou l’Algérie a placé 30% de ses réserves dans la mesure ou pour les 70% cela est garanti par les Etats. Donc, combien avons-nous placées à l’étranger, combien en dollars qui se déprécient, dans quelles banques et dans quel pays ?
Une réponse claire pour éviter les rumeurs dévastatrices ou ce paternalisme comme cette déclaration irresponsable de l’époque de la dictature stalinienne, le 02 septembre 2009 du Ministre des Finances lors de l’ouverture du conseil de la Nation « nous avons supprimé les crédits à la consommation pour protéger les Algériens contre l’endettement ». Même les russes et les chinois fondateurs du communisme ne tiennent plus ce genre de discours. Pour preuve fin août 2009, le gouvernement chinois a donné des instructions aux banques d’être plus attentif à la solvabilité des ménages lors de l’octroi de crédit à la consommation, sans s’immiscer dans la gestion bancaire. Car, le peuple algérien a besoin d’être bien gouverné et d’être informé si on veut le mobiliser.
-Deuxièmement sur la valeur des exportations des hydrocarbures libellées en dollars, en termes de parité de pouvoir d’achat des autres monnaies qui s’apprécient. Pour le cours futur du pétrole, il sera fondamentalement déterminé par les fondamentaux, ce qui n’est pas le cas actuellement, et par la politique énergétique des USA, des énergies alternatives et du nouveau défi écologique. Aussi, il est faux de raisonner en prix courants sans tenir compte à la fois de l’inflation ou déflation et de la dépréciation ou de l’appréciation du dollar. Pour l’élévation récente du cours du pétrole cela est du essentiellement à la dépréciation du dollar, aux actes spéculatifs comme valeur refuge à l’instar de l’or,(mais le stockage sera temporaire) ,à la réduction de la production pour des raisons politiques au Nigeria, techniques/financières en Russie, à la pression des lobbys pétroliers opérant hors OPEP et au sein de l’Opep , les pays de l’Opep représentant moins de 40% de la production commercialisée mondiale ayant un impact déclinant, bien il faut le reconnaître ayant contribué par la réduction des quotas de la production à la stabilisation. D’ailleurs la réunion de l’OPEP le 09 septembre 2009 devrait concrétiser le statut quo sous la pression notamment de l’Arabie Saoudite et du Koweït, et le communiqué devrait s’en tenir au respect des quotas, l’Algérie représentant environ seulement 1% des réserves mondiales de pétrole contre 3% pour le gaz ayant une influence très faible.
Troisièmement sur la valeur de nos importations libellées en euros (60% en moyenne) et plus de 80% si l’on introduit les autres monnaies qui s ‘apprécient par rapport au dollar, pouvant assister à la même valeur mais une diminution en volume. Ce que l’on gagne en appréciation du pétrole,( en rappel, le cours du dollar était de 1,43 au moment ou le cours du pétrole était à plus de 140 dollars) l’Algérie le perd en grande partie du fait de la dépréciation du dollar surtout si l’on maintient le rythme de 2008 ,40 milliards de dollars d’importations de biens plus 10 milliards de services sans compter la sortie des dividendes des sociétés étrangères environ 10 milliards de dollars y compris les associés de Sonatrach, devant toujours raisonner au niveau de la balance des paiements et non de la balance commerciale. Il est à signaler que la cotation du dinar dépendant des fluctuations des monnaies clefs, mais la politique de la banque centrale n’est pas claire dévaluant récemment le dinar algérien tant par rapport au dollar que par rapport à l’euro entre 15/20% sus prétexte de réduire les importations, alors que ces deux monnaies n’évoluent pas dans le même sens. Or, l’instabilité du taux de change, autant que l’instabilité du cadre juridique, découragent tout opérateur et ces dévaluations alourdissant les coûts à l’importation tant des équipements matières premières, et biens de consommation gonflant artificiellement tant les recettes des hydrocarbures (dollars reconvertis en dinars algériens un dollar passant de 63 dollars en 2008 à plus de plus de 75 dinars en 2009) et part là tant le fonds de régulation en dinars que la fiscalité pétrolière (voilant le déficit budgétaire pour entretenir les emplois rentes).
En conclusion, les effets de la crise d’octobre 2008 devrait préfigurer de profonds bouleversements géopolitiques, monétaires et socio-économiques entre 2015/2020, voire politique étant une crise systémique, malgré des régimes politiques diamétralement différents, les intérêts économique des Etats-Unis d’Amérique et de la Chine , du moins à court terme convergent.
Qu’en sera t-il si la dépréciation du dollar devait continuer dans le temps ? Fait significatif de cette méfiance vis-à-vis du dollar, fin août 2009 l’Inde s’est engagée à acheter 10 milliards de dollars en obligations émises par le FMI et la Chine pour 50 milliards de dollars, obligations libellés en droits de tirages spéciaux (DTS) valeur d’un panier de monnaies dont le dollar représente seulement 41% et les autres monnaies 59%. L’Algérie a-t-elle intérêt à reconvertir ses placements en obligations du FMI pour se prémunir contre la dépréciation du dollar ? La question reste posée et tout dépend si ses placement à l’étranger l’ont été à long, moyen ou court terme.
A découvrir aussi
- MAIS PAS INQUIETE DE LIVRER DES ARMAS AUX REBELLES SYRIEN : Les USA inquiets de la livraison de lance-missiles chinois à Pyongyang
- États-Unis et Israël : les grandes manœuvres d’automne préludes à la guerre ?
- L’ONU accuse des soldats maliens de mener des représailles
Retour aux articles de la catégorie ET DANS LE MONDE QUE CE PASSE-T-IL -
⨯
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 51 autres membres