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Dmitri Medvedev s'en prend aux USA dans son discours à la Nation

MOSCOU (Reuters) - Dmitri Medvedev a donné la mesure des défis qui attendent Barack Obama en annonçant le déploiement par Moscou de missiles dans son enclave de Kaliningrad pour "neutraliser" le projet de bouclier antimissile américain.

Tout en souhaitant des relations meilleures avec Washington, le président russe élu en mars a prononcé d'un ton autoritaire un premier discours à la Nation marqué par des attaques répétées contre la politique étrangère et économique "égoïste" des Etats-Unis.

Il a en outre surpris sur le plan de la politique intérieure, en proposant de prolonger de quatre à six ans la durée du mandat présidentiel, un geste analysé comme une mesure à l'attention de son prédécesseur Vladimir Poutine.

"Pour neutraliser - si nécessaire - le système antimissile (américain), un système de missiles Iskander sera déployé dans la région de Kaliningrad", a déclaré Dmitri Medvedev, par allusion à l'enclave russe sur la mer Baltique, entre Pologne et Lituanie.

La Russie, a-t-il ajouté, recourra à des moyens de brouillage électronique contre ce projet américain dont des éléments seront déployés en Pologne et en République tchèque. Moscou abandonnera aussi son idée de désactiver trois régiments de missiles nucléaires créés sous la Guerre froide.

Les commentateurs, qui s'attendaient à un style plus modéré, ont été surpris par cette tonalité sévère.

Pour Ronald Smith, un analyste de l'Alfa Bank à Moscou, Dmitri Medvedev semble avoir voulu "prendre des positions fortes sur un certain nombre de sujets avant la mise en place de la nouvelle administration américaine".

Le président lituanien, Valdas Adamkus, a déploré une décision "incompréhensible". "Une chose est sûre : des missiles à Kaliningrad n'aideront certainement pas à combattre le terrorisme", dit-il dans un communiqué.

UN PROJET "POUTINE 2024"?

L'allocution d'une heure et demie a été attentivement suivie par son prédécesseur, le Premier ministre Vladimir Poutine, assis au premier rang de la grande salle Saint-Georges où s'étaient rassemblés un millier d'élus et dignitaires.

L'annonce d'une éventuelle prolongation à six ans du mandat présidentiel a immédiatement été interprétée comme une mesure en faveur de l'influent chef du gouvernement, qui reste l'homme politique le plus populaire de Russie.

Citée par les agences de presse russes, la chef du département juridique du Kremlin, Larissa Britcheva, a précisé dans la foulée que cette proposition ne s'appliquait pas à l'actuel président.

Vladimir Poutine a confié les clés du Kremlin à son poulain désigné en mai dernier après avoir effectué deux mandats présidentiels successifs, le maximum autorisé par la Constitution. Mais rien ne l'empêche d'être réélu à la présidence.

"C'est une manière de préparer le retour de Poutine pour douze ans, soit deux mandats de six ans. On peut déjà parler du projet Poutine 2024", a déclaré Olga Krychtankovskia, une politologue russe.

Dmitri Medvedev a parallèlement proposé de renforcer les pouvoirs de la Douma d'Etat, la chambre basse du parlement, en allongeant à cinq ans la durée de la législature, contre quatre aujourd'hui. Le gouvernement, a-t-il souhaité, devra expliquer sa politique devant les élus une fois par an.

Le président russe a justifié ces changements constitutionnels par la nécessité de répondre à des défis tels que la crise financière mondiale, la modernisation de l'armée ou le maintien de la stabilité du pays.

"Je suis convaincu que notre mouvement vers la liberté et la démocratie ne sera couronné de succès que si l'autorité du président et de la Douma d'Etat est suffisamment forte", a-t-il dit en affirmant sa volonté d'améliorer la représentativité des petits partis.

UN PRÉTEXTE DE L'OTAN

S'il a blâmé les fonctionnaires corrompus qui nuisent selon lui aux entreprises russes, Dmitri Medvedev a réservé ses plus vives critiques aux Etats-Unis, quelques heures à peine après l'élection de Barack Obama à la Maison blanche.

Le conflit russo-géorgien du mois d'août, a déclaré le président russe, a été employé comme prétexte par l'Otan pour envoyer des navires de guerre en mer Noire et justifier le projet de bouclier antimissile.

Cette guerre, a-t-il estimé, est "le résultat de la direction arrogante de l'administration américaine qui déteste les critiques et préfère les décisions unilatérales".

Comme la crise dans le Caucase, la crise financière est un événement localisé qui s'est transformé en événement mondial, a encore jugé le chef du Kremlin.

"Les leçons des erreurs et des crises de 2008 ont montré à toutes les nations responsables que le moment était venu d'agir, qu'il était nécessaire de réformer le système politique et économique international de manière radicale", a-t-il souligné.



05/11/2008
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