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Grèce: Grand gagnant du scrutin, le petit parti d'extrême gauche radicale, Syriza.

Grèce: Grand gagnant du scrutin, le petit parti d'extrême gauche radicale, Syriza.




La politique d'austérité menée en Grèce depuis deux ans sous la pression des bailleurs de fonds internationaux du pays a été massivement censurée dimanche par les électeurs qui ont pulvérisé les positions des deux partis tenants de la rigueur.

La Nouvelle Démocratie (droite), l'un des deux partis avec le Pasok socialiste ayant signé avec l'Union européenne un engagement à poursuivre la politique de rigueur et de réformes, est devenue, comme prévu, premier parti de Grèce. Mais son score historiquement bas, compris entre 17 et 20% des voix, devrait rendre la constitution d'un gouvernement stable presque impossible, selon les premiers commentaires.

Quant au Pasok (socialiste), dont l'ancien patron Georges Papandréou avait sollicité un prêt de l'Union européenne et du Fonds Monétaire International en mai 2010, il sort du scrutin laminé, avec un score compris entre 14 et 17% contre 43,9% en 2009, puni pour avoir accepté les conditions d'austérité drastique attachées à l'aide.

Au total, les deux partis qui constituaient les piliers du bipartisme grec depuis la chute de la dictature des colonels en 1974, ne parviennent même pas aux 37% nécessaires pour obtenir une majorité de sièges au parlement (151), ce qui augure mal de la possibilité de poursuivre la politique actuelle.

"C'est un séisme politique qui frappe les partis gouvernementaux", a estimé sur la chaîne Mega, Panos Panagiotopoulos, un ténor de la Nouvelle Démocratie, le parti conservateur qui revendique la première place.

Le leader du Pasok, Evangélos Vénizélos, qui a négocié au cours des mois passés l'accord d'effacement de dette et le deuxième plan d'aide internationale au pays, a reconnu dimanche soir que la formation d'un gouvernement d'union nationale pro-européen, qu'il a appelé de ses voeux pour sortir le pays de l'impasse, serait "difficile".

Grand gagnant du scrutin, le petit parti d'extrême gauche radicale, Syriza, dirigé par Alexis Tspiras, devient le deuxième parti de Grèce, avec un score compris entre 15,5% et 17,5, au lieu de 4,6% en 2009.

Premiers surpris par ce raz-de marée, les militants réunis au siège du parti n'ont pas affiché une joie trop bruyante, la perplexité et les interrogations sur l'avenir du pays semblant passer au premier plan des préoccupations des militants, selon un photographe présent sur les lieux.

Ce parti demande la suspension du service de la dette, l'effacement d'une partie de la dette publique, l'ajout d'une clause pro-croissance dans le memorandum. Officiellement il ne demande pas la sortie de la Grèce de l'euro, mais le Pasok durant la campagne l'a souvent accusé d'être le parti de la sortie de l'euro.

En terme de sièges, la Nouvelle-démocratie conservatrice remporterait 108 sièges, et le Pasok 38, face à deux blocs hétéroclites de gauche et de droite rejetant l'austérité. Le parti de la gauche radicale Syriza obtiendrait 47 sièges.

La campagne a été dominée par la contestation de la politique d'austérité menée sous l'impulsion des bailleurs de fonds du pays.

Environ 9,8 millions d'électeurs grecs ont voté dimanche pour renouveler le Parlement dans un scrutin dominé par l'implosion du vieux système politique et du bipartisme, au risque de remettre en cause les efforts de redressement du pays au sein de la zone euro.

Aux termes de la Constitution, le mandat pour trouver un gouvernement d'alliance est d'abord confié au parti arrivé en tête, avant de passer en cas d'échec aux deux suivants, dans un délai d'une dizaine de jours.

Illustrant le climat d'exception qui a régné pendant toute la campagne, une trentaine de néonazis ont fait irruption dans six bureaux de vote athéniens durant la journée, où ils se sont livrés à des intimidations contre des militants de gauche, selon le petit parti d'extrême gauche Antarsya.

La police a confirmé deux incidents, attribués au groupuscule Chryssi Avghi (Aube dorée) qui fait son entrée au Parlement pour la première fois de l'histoire moderne du pays.

Selon le sondage sortie des urnes coréalisé par cinq instituts, cet ex-groupuscule semi-clandestin aux méthodes notoirement violentes et aux thèses racistes et antiparlementaires obtient 19 députés sur 300 au parlement grec, avec 6,9% des voix.

Ce parti néonazi, longtemps semi-clandestin et réputé pour ses agressions contre les migrants, dénonce le mémorandum d'accord signé par la Grèce avec ses créanciers, et refuse le remboursement de la dette publique. Son entrée au parlement constitue un choc dans un pays qui a subi durement le joug de l'occupation nazie et une dictature militaire de 1967 à 1974.

"L'heure de la peur a sonné pour les traîtres à la patrie", a menacé dimanche soir le dirigeant du groupe néonazi. "Nous arrivons", s'est aussi époumoné Nikos Mihaloliakos, lors d'une conférence de presse qu'il a donnée dans un hôtel athénien, flanqué d'une quinzaine de jeunes hommes à la tête rasée.

Environ 200 sympathisants étaient massés dans la salle, tandis qu'à l'extérieur, d'autres célébraient leur victoire en lançant des pétards.

Affublé du sobriquet de "Führer" par la presse grecque, M. Mihaloliakos, 55 ans, a aussi cité Jules César pour lancer: "Veni, Vidi, Vici". Il a affirmé que son groupe allait lutter contre les "usuriers mondiaux" et "l'esclavage" imposé selon lui au pays par l'UE et le FMI.

A son arrivée à la conférence de presse, il a pris à partie les journalistes étrangers présents, les accusant de répandre des mensonges sur son mouvement, qui a mis en sourdine ces derniers mois ses références directement hitlériennes au profit d'une sorte de national-socialisme à la grecque. "La Grèce n'est que le commencement", a-t-il crié dans leur direction.


07/05/2012
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