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Œil pour œil Quatre jeunes éborgnés par la police

Œil pour œil  Quatre jeunes éborgnés par la police
Et de quatre ! Le 27 novembre 2007, un lycéen manifestant mineur perdait un oeil à Nantes, par la faute d’un tir de flashball. Rebelote à Toulouse, le 19 mars dernier, où la victime est un autre manifestant, étudiant cette fois, éborgné par un nouveau tir d’un policier équipé de cette "arme à létalité atténuée", suivant sa définition officielle. Arme de défense, censément. Pas sûr que le lycéen ni l’étudiant menaçaient le policier au point qu’il lui ait fallu "se défendre" en leur tirant dans l’oeil... Avec l’affaire de Villiers-le-Bel du 9 mai, la liste s’allonge dangereusement, les CRS ayant réussi un joli doublé : deux nouveaux borgnes d’un coup !

Alexandre, l’un d’entre eux, 21 ans, raconte sur Le Post : "Samedi soir, j’étais à un barbecue, pour l’anniversaire d’un ami, à la Cerisaie. On était une vingtaine. On mangeait et on écoutait de la musique qui venait d’une voiture garée à côté. Je suis arrivé vers 22h, et ça a dégénéré vers 22h30." Comment ça a dégénéré ? "Vers 22h30, un camion de CRS s’est approché de nous. Ils se sont garés à côté. Là, des jeunes ont commencé à jeter des projectiles sur le camion." Quels jeunes s’en sont pris aux CRS  ? "Des petits, plus jeunes que nous, qui n’étaient pas au barbecue et qui étaient dans la cité. Ils sont arrivés quand le camion des CRS s’est garé. J’ai entendu dire qu’ils étaient une centaine et qu’ils étaient cagoulés. Ils étaient en fait une dizaine et n’étaient pas cagoulés." Qu’ont-ils jeté sur le camion des CRS  ? "Des pierres, des cailloux." Comment les CRS ont-ils réagi ? "Au départ ils sont restés dans le camion. Puis sont descendus, et se sont rués vers nous. Les petits se sont un peu mélangés à nous, et on a été pris dans le tas. Les CRS ont riposté avec des gaz lacrymogènes et des flashballs." Comment avez-vous réagi ? "Avec un ou deux amis, on a essayé de parler avec les CRS, de leur dire qu’on avait rien à voir. Ils n’ont rien voulu savoir, n’ont rien dit du tout." C’est là que vous avez été blessé ? "Oui. Des CRS étaient en face de moi. J’ai tourné la tête à droite pour voir ce qu’il s’y passait. On était un peu cernés. C’est là que j’ai reçu un tir de flashball dans l’oeil droit. C’est un CRS qui me l’a lancé. A environ 7 ou 8 mètres de distance, à bout portant." Avez-vous vu le CRS tirer sur vous ? "Oui. Il m’a visé et m’a touché à l’oeil."

Que se passe-t-il dans la tête d’un policier qui agit ainsi ? "Ah, vous n’avez rien à voir avec ça ? J’veux pas le savoir, je tire dans le tas et je vise la tête." Faut-il que le sentiment d’impunité soit grand chez ceux qui se permettent de commettre ce matrackgenre de bavures. Puissant révélateur des dégâts causés par l’idéologie sécuritariste utilisée par Sarkozy comme attrape-lepénistes, avec son discours de matamore et ses attitudes belliqueuses constantes, ses gesticulations, ses postures autoritaires et ses déclarations de "guerre aux voyous". Pas étonnant que certains flics jouent les caïds, s’ils se mettent en tête de "nettoyer la racaille au karcher". Sans compter que la ministre de l’Intérieur soutient sa police sans mesure, osant même prétendre, au micro de France Inter, n’avoir pas vu les images montrant des CRS utilisant leurs gaz lacrymogènes à tir tendu et jetant même des pierres sur les manifestants anti-sommet de l’OTAN  ! Combien de policiers sont condamnés à l’issue des enquêtes ? Sur les événements de Villiers-le-Bel, l’une d’elles est naturellement ouverte, et elle commence très fort : la police affirme "ne pas connaître l’origine des blessures de ces deux jeunes"...

N’importe quel citoyen peut-il aujourd’hui, se trouvant au mauvais endroit au mauvais moment, prendre un tir de flashball dans la tête et perdre un oeil ? Ou encaisser une décharge de taser, juste parce qu’un fonctionnaire de police aura voulu jouer les gros bras ? Et l’on s’étonne du climat désastreux qui règne panneauentre la police et la population ? Les parents du lycéen éborgné à Nantes en 2007 estiment, dans un communiqué repris par Altermonde-sans-frontières, qu’on peut légitimement se demander si les policiers n’ont pas visé l’oeil exprès, avant de conclure : "On peut estimer ce soir que les enquêtes ouvertes par les procureurs de Nantes et de Toulouse n’aient aucunement dissuadé la police d’utiliser de tels armements sans discernement, pas plus que les reproches graves et circonstanciés faits à la police dans l’affaire de Nantes par la CNDS (Commission nationale de déontologie de la sécurité) et par Amnesty Internationnal. Il est urgent que l’ensemble des personnes et mouvements attachés à la démocratie se saisissent de ce problème urgent, le nouvel armement de la police et les graves mutilations qu’il peut causer sur des innocents, problème encore actuellement placé au second plan dans le débat public." Halte aux brutalités policières !



18/05/2009
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