Contre la diabolisation de l’Iran et les projets de guerre contre l’Etat chiite, un ex-agent de la CIA propose à la nouvelle administration américaine un pacte pragmatique avec le « diable » : le dialogue. Dans son dernier ouvrage, qui sort en version française [1], Robert Baer, l’ancien responsable du Moyen-Orient pour l’agence américaine de renseignement décrit « l’irrésistible ascension » de la puissance iranienne dans la région, avec laquelle les Etats-Unis feraient mieux, pour leur propre sécurité, de composer plutôt que de provoquer.
Partisan d’un « dialogue direct » avec l’Iran, l’un de ses thèmes de campagne, le nouveau Président des Etats-Unis Barack Obama qui prendra officiellement ses fonctions le 20 janvier prochain, a pourtant choisi de rallier à ses côtés deux collaborateurs nettement moins amènes à l’égard de l’Etat chiite : Hillary Clinton, son ex-rivale démocrate, nommée à la tête du Département d’Etat, qui avait affirmé vouloir « rayer l’Iran de la carte » s’il s’en prenait à Israël. Et Robert Gates, qu’Obama a maintenu à la tête du Pentagone, pour qui « l’Iran reste une menace pour la stabilité de la région, même sans armes nucléaires ».
Aucune chance qu’Obama tienne ses promesses
Obama, pourra-t-il tenir ses promesses ? Aucune chance, répond Robert Baer, ex-agent de la CIA et spécialiste de la région qui, comme à son habitude depuis qu’il a démissionné de la « boîte » en 1995, n’a de cesse de vilipender la politique américaine au Moyen-Orient. A la diabolisation qu’il juge non seulement erronée mais contre-productive à l’égard de l’Iran par Washington et les capitales occidentales, il répond par un livre : The devil we know, l’Iran ou cet ennemi intime de l’Amérique, dont l’ « irrésistible ascension » – comme le titre sa version française – l’impose désormais comme un interlocuteur nécessaire pour la paix et la sécurité du monde…
Oui, on peut parler avec l’Iran et même avec ses dirigeants enturbannés ou pas, qui constituent, nous assure-t-il, les sources de choix qu’il a rencontrées tout au long de ses trente dernières années, à l’origine de son livre aujourd’hui. Et on peut même communiquer avec eux par email : l’ancien Président de la République islamique d’Iran, le réformateur Mohammed Khatami, lui a envoyé un commentaire plutôt flatteur sur son ouvrage, qu’il qualifie d’un mystérieux : « fascinant »… Provocateur Robert Baer ? Non, juste pragmatique. Une approche qu’il prône pour les gouvernements occidentaux en direction des actuels et ex-« Etats voyous » pour dépasser l’émotionnel et construire sur du rationnel. C’est leur « last chance », leur dernière chance. Car désormais, Baer se lance dans la fiction d’humour… Sacré farceur ! Rencontre à Paris avec un infiltré au royaume des Ayatollah. Bienvenue chez les Chiites !