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L’autre affaire Bettencourt de l’UMP

Sylvia Wildenstein vient de mourir à 77 ans sans avoir pu récupérer son héritage, accaparé par son beau-fils Guy Wildenstein. Un grand ami de l’UMP et de Nicolas Sarkozy.

Le 5 mars 2009, le président de la République a tenu à remettre lui-même à l’Élysée la cravate de commandeur de la Légion d’honneur au marchand d’art Guy Wildenstein. Ses mérites ? Il est membre du Conseil des Français de l’étranger, et surtout il appartient au premier cercle des très généreux donateurs de l’UMP. Il est vrai que Guy Wildenstein, 65 ans, n’a pas de fins de mois douloureuses. Sa fortune, venant de son père, s’élèverait à 4 ou 5 milliards d’euros.

Mais commençons par le début. Né en 1917, Daniel Wildenstein était sans doute le plus grand marchand d’art du siècle dernier. Patron de « La Gazette des Beaux-Arts », il collectionnait les Renoir, les Van Gogh, les Cézanne et les Rembrandt comme d’autres les timbres-poste. Mais à sa mort, en 2001, ses deux fils, Alec et Guy, nés d’un premier mariage, font croire à sa veuve, Sylvia, qu’elle est ruinée…

Une fausse résidence en Suisse

Adieu les centaines de tableaux, le ranch au Kenya, ses écuries de course, l’île Xanadu dans les îles vierges. Sylvia Wildenstein, une Américaine d’origine ukrainienne, ne s’est jamais occupée des affaires de son défunt époux. Dans un premier temps, elle croit ses beaux-fils. D’autant que leurs mensonges sont appuyés par une armée d’avocats, et notamment par Adrian Hinderling, dont l’étude est installée à Zurich.

Ce dernier prétend même que Daniel Wildenstein, de nationalité française, était résident suisse, dans la petite ville de Lachen, dans le canton de Zoug, mais donnant sur le lac de Zurich. Résultat, Sylvia Wildenstein renonce à la succession de son mari le 23 avril 2002.

Mais petit à petit, la veuve commence à avoir des doutes. Comment se fait-il qu’elle ne soit même plus propriétaire des quatre chevaux que lui avait offert Daniel Wildenstein, bien avant son décès ?

Dans les Ports francs de Zurich et Genève

En 2003, Sylvia Wildenstein s’adresse à Claude Dumont-Beghi, une avocate parisienne qui n’a peur de rien. La bataille n’est pas gagnée d’avance. Sa cliente a renoncé à son héritage et elle n’a aucune information sur le patrimoine de son défunt époux.

Fort heureusement, Alec (décédé en 2008) et Guy, les beaux-fils, ne font pas dans la discrétion. Marchants d’arts flamboyants, installés aux États-Unis, ils ne font pas mystère de leurs trésors artistiques.

Consciencieusement, Claude Dumont-Beghi plonge dans les catalogues, et tire les fils. Elle retrouve la trace des tableaux dans les Ports francs de Zurich et de Genève, et de l’argent, caché dans des « trusts » logés aux îles Caïmans et à Guernesey. Il existe également des comptes au Japon, en Inde, en Argentine. Une fortune estimée entre 4 et 5 milliards d’euros.

Woerth et Baroin font les morts

Première victoire en 2005 : la justice reconnaît l’abus de faiblesse, Sylvia Wildenstein retrouve ses droits d’héritière. Jusque-là, c’est une histoire de famille, comme l’affaire Bettencourt. Seulement voilà, Claude Dumont-Beghi écrit en avril 2009 à l’administration fiscale, afin de dénoncer cette évasion du patrimoine dans des sociétés étrangères. Eric Woerth est alors ministre du Budget.

On imagine qu’Eric Worth, qui a si souvent dénoncé les évadés fiscaux, notamment ceux réfugiés en Suisse, va sauter sur l’occasion. N’est-ce pas un moyen de renflouer les caisses vides de l’État français ? Mais non, Eric Woerth fait le mort. Et son successeur, François Baroin, adopte la même attitude. Il n’y a pourtant pas photo. La cour d’appel de Paris évoque dans un arrêt de 2008, cette « évasion du patrimoine dans des sociétés étrangères et des trusts ».

Guy Wildenstein, généreux donateur

Et c’est là que l’affaire devient politique : Guy Wildenstein est un généreux donateur de l’UMP. Représentant de ce parti dans la circonscription de Washington, le marchand d’art accueille toutes les personnalités sarkoziennes qui franchissent l’Atlantique, de Rachida Dati à Eric Besson, le 5 juin dernier. Comme l’a rappelé « Le Canard Enchaîné », le président de la République a tenu à décorer lui-même son grand mécène à l’Elysée !

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Dessin de Besse

Le problème, c’est qu’une information judiciaire, confiée au juge Guillaume Daïeff, a été ouverte pour « abus de confiance », et que parallèlement la police financière est chargée depuis le 26 octobre d’enquêter sur des faits présumés de corruption visant Guy Wildenstein.

Un document, publié par Mediapart, intitulé « Schedule of Distributions to or for the benefit of Alec Wildenstein and Guy Wildenstein from the Delta Trust  », pour la période du 1er mai 2001 au 31 juillet 2004, montre très clairement des transferts significatifs d’argent vers l’UBS à Zurich. La passion pour un haut-lieu de la culture suisse ?



06/12/2010
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