VOCOMIXVSHOLLAND

VOCOMIXVSHOLLAND

LE BOURBIER SUITE : Les soldats US en Afghanistan sont au bord du gouffre

Les soldats US en Afghanistan sont au bord du gouffre
Les soldats Américains servant en Afghanistan sont déprimés et profondément désillusionnés, selon les aumôniers de deux bataillons US qui ont passé neuf mois sur le front de guerre contre les Talibans.  
 
 Beaucoup estiment qu'ils risquent leurs vies - et que des collègues sont morts - pour une mission futile et une population Afghane qui ne fait rien pour les aider, ont déclaré les aumôniers au Times dans leur chapelle, véritable forteresse basée dans une vallée ensablée au sud-ouest de Kaboul.  
 
 « Les nombreux soldats qui viennent nous voir ressentent de la futilité et de la colère à être ici. Ils sont vraiment dans un état de dépression et de désespoir et veulent juste revenir à leurs familles, » a dit le Capitaine Jeff Masengale, du 10ème bataillon d'infanterie 2-87 de la Division Montagne.

 
 « Ils sentent qu'ils risquent leurs vies pour un progrès difficile à percevoir, » a dit le Capitaine Sam Rico, du bataillon d'artillerie de Terrain 4-25. « Ils sont fatigués, tendus, confus et veulent juste s’en sortir. » Les aumôniers ont dit qu'ils se chargeaient de le rapporter car les soldats n’ont pas le droit de le faire.  
 
 La base n'est pas, cela doit être dit, évidemment totalement abattue, et beaucoup de soldats ne partagent pas les déclarations des aumôniers. Les soldats sont, par la nature et entraînés à être optimistes, conduits par un sens fort du devoir, et ils font leur boulot du mieux qu’ils peuvent. Le taux de réengagement est étonnamment bon pour la 2-87, cependant faible pour la 4-25. Plusieurs hommes, approchés par The Times, ont cependant aisément admis que leur moral s'était effondré.
 
 « Nous sommes perdus – voila ce que je ressens. Je ne suis pas tout à fait sûr du pourquoi de notre présence, » a déclaré Raquime Mercer, 20 ans, dont le plus proche ami a été tué par balle par un policier Afghan renégat Vendredi dernier. « J'ai besoin d'un but bien défini si je dois être blessé ou tué ici. »  
 
 Le Sergent Christopher Hughes, 37 ans, de Detroit, a perdu six collègues et a survécu à deux bombes cachée au bord de la route. Interrogé si sa mission en valait la peine, il a répondu : « Si je savais exactement ce qu'était la mission, probablement oui, mais je ne sais pas. »  
 
 Les seuls soldats qui pensent que tout va bien « travaillent dans les bureaux, pas sur le terrain ». Selon lui « tout le pays va morfler ».  
 
 Le bataillon de 1.500 soldats est déployé 9 mois sur l’année et s’est montré extraordinairement robuste. Leur but était de sécuriser la province montagneuse de Wardak et ensuite de gagner l'allégeance des gens par le développement et une bonne gouvernance. Ils se sont, au lieu de cela, retrouvés embourbés dans une bataille de plus en plus traître contre les Talibans.
 
 Ils ont été visés par au moins 300 bombes sur le bord des routes, dont environ 180 ont explosé. Dix-neuf hommes ont été tués en intervention, et un dernier s’est suicidé. Environ une centaine ont été rapatriés avec des amputations, des brûlures graves et d'autres blessures impliquant une invalidité permanente, et beaucoup de ceux-là n'ont pas été remplacés.
Plus de deux douzaines de véhicules blindés (MRAPs) ont été touchés hors action.  
 
 Les conditions de vie sont bonnes - nourriture abondante, tentes climatisées, eau chaude, Internet gratuit - mais la plupart des hommes sont à leur seconde, troisième ou quatrième tournée en Afghanistan et en Irak, avec à peine une année d’intervalle. Le Sergent-chef Erika Cheney, spécialiste en santé mentale pour les troupes aéroportées, a émis des préoccupations concernant leur état mental - particulièrement ceux dans les avant-postes dispersés - et pense que beaucoup présentent des désordres post-traumatique (PTSD).  
 
 « Ils sont fatigués, frustrés, effrayés. Beaucoup ont peur de sortir mais doivent continuer à le faire, » a-t-elle dit.  
 
 Le Lieutenant Peter Hjelmstad, chef du peloton médical de la 2-87, a dit que les insomnies et les crises de colère étaient courantes.  
 
 Une douzaine d’hommes ont été confinés aux tâches de bureau parce qu'ils ne peuvent plus supporter les missions à l’extérieur de la base. Un officier en service depuis une longue période, qui a perdu trois amis au cours de sa dernière tournée, a indiqué qu'il retournait parfois dans sa chambre en pleine nuit et pleurait, ou jouait à des jeux de guerre sur son ordinateur portable. « C'est un soulagement. C'est une façon de garder la face. » Il fait des cauchemars et dort peu, et cela n'aide pas que la base soit fréquemment secouée par des tirs d'artillerie. Il a brièvement craqué alors qu'il se rappelait comment, quand un camion a explosé durant son dernier congé à la maison, il a saisi son jeune fils et plongé entre deux voitures garées.  
 
 Les aumôniers ont dit qu’un nombre sans précédent de soldats nécessitaient leur aide. « Chacun que vous rencontrez est au plus bas, et vous les rencontrez partout - dans la salle de musculation, la cantine, au courrier, » a dit le Capitaine Rico. Même « les hommes durs » venaient dans leur tante chapelle et s’écroulaient.  
 
 Les hommes sont frustrés par l’absence d’objectif clair ou de progrès.
« La plus grande question que se pose les soldats' est : que peut-on faire pour stopper cette guerre. Capturer quelqu’un? Se fixer un seul objectif ? Les soldats veulent des réponses précises, autre qu’arrêter les Talibans, parce que cela semble presque impossible. Il est difficile d'attraper quelqu'un que vous ne pouvez pas voir, » a déclaré Mercer.  
 
 « C'est une mission très frustrante, » dit le Lieutenant Hjelmstad. « Le soldat moyen voit un ami mourir d’une explosion et son instinct lui dit de riposter ou de croire que cela a servi à quelque chose, mais ce n’est pas comme dans les autres guerres où votre copain meurt mais que vous vous emparer d’une zone. Il n'y a aucune récompense réelle pour ce sacrifice. Il est difficile de se dire que Wardak est le mieux qu’on puisse avoir ici. »
 
 Le Capitaine Masengale, soldat pendant 12 ans avant de devenir aumônier, déclare : « Nous voulons croire en une cause mais nous ne savons pas ce qu'est cette cause. »  
 
 Les soldats sont en colère que des collègues perdent leurs vies alors qu’ils tentent d'aider une population qui ne les aidera pas. « Vous leur donnez toute l'assistance humanitaire qu'ils veulent et ils continue à vous mentir. Ils vont vous dire qu’il n’y a aucun Taliban nulle part dans la zone et dès que vous vous éloignez, à peine à 10 mètres de leur maison, on vous tire déjà dessus, » déclare Eric Petty, de Géorgie.  
 
 Le Capitaine Rico raconte le dégoût d'un médecin qui a reçu l’ordre de soigner un insurgé peu de temps après qu’il ait extrait le cadavre carbonisé d'un collègue d'un véhicule bombardé.  
 
 Les soldats se plaignent que les règles d'engagement sont conçues pour réduire au minimum les pertes civiles, ce qui revient à combattre avec un bras attaché dans leurs dos. « C’est une plaisanterie, » a dit l’un d’eux.
« On vous tire dessus mais vous ne pouvez rien y faire. Vous devez voir la personne portant l'arme. Ce n'est pas suffisant de savoir de quelle maison venait le tir. »  
 
 Les soldats plaisantent sur l’insigne de  l'Isaf qu’ils portent au bras, Isaf ne veut pas dire Force d'Aide de Sécurité Internationale mais « je suce au combat » ou « je soutiens les fermiers afghans » (“I Suck At Fighting”
or “I Support Afghan Farmers”.).  
 
 Pour résumer, les soldats ne perdent généralement pas la vie au combat mais lors de déplacements de routine, par des bombes cachées au bord des routes par un ennemi invisible. « C’est très démoralisant, » dit le Capitaine Masengale.  
 
 Les déploiements constants provoquent en attendant des ravages dans la vie privée des soldats. « Ils tuent des familles, » a-t-il dit. « Les divorces montent en flèche. Les troubles post-traumatiques dépassent tous les records.
Il y a des centaines de blessures qui renvoient les soldats à la maison et affectent des familles pour le restant de leurs vies. »
 
 Les aumôniers disent que beaucoup de soldats ont perdu leur désir d'aider l'Afghanistan. « Tout ce qu'ils veulent c’est retourner sain et sauf à la maison et revenir à leurs femmes et enfants et rendre visite aux familles qui ont perdu des maris et des pères ici. On cherche juste à survivre, » a dit le Capitaine Masengale.  
 
 « Si on revient avec nos dix orteils et nos dix doigts, la mission est réussi, » déclare le Sergeant Hughes.  
 
 « Vous continuez pour vos collègues, » ajoute Mercer.
 
 Les aumôniers ont eux-mêmes beaucoup du mal à faire face à une telle détresse. « Nous devons les encourager, les renforcer et les envoyer encore sur le terrain. Personne n'entre et ne dit, ‘j'ai passé une superbe journée sur cette mission'. Ce ne sont que des souffrances, » dit le Capitaine Masengale. « Notre seul réconfort est d’être la les uns pour les autres. »  
 
 Le Lieutenant-Colonel Kimo Gallahue, Commandant de la 2-87, dément le fait que ses hommes sont démoralisés, et insiste pour dire qu’ils ont accomplis beaucoup de choses au cours des neuf mois derniers. Triathlète et ancien joueur de rugby, il admet mener la vie dure à ses hommes, mais justifie cela en disant que le combat contre l'ennemi était la meilleure forme de la défense.
 
 Il a indiqué que le niveau de sécurité avait empiré parce que les insurgés avaient choisi de se battre dans la province de Wardak, et de ne pas l’abandonner. Il a cependant déclaré que la situation aurait été catastrophique sans ses hommes. Ils ont réussi à garder ouverte la route principale entre Kaboul et Kandahar qui traverse Wardak, et ont empêché la province de devenir une plate-forme de lancement pour les attaques contre la capitale, qui est à peine à 20 milles de sa frontière. Par dessus tout, le Colonel Gallahue a mis en avant leur action contre les insurgés - gagnant l'allégeance de la population locale en leur apportant la sécurité, le développement et une bonne gouvernance - était un long et laborieux processus qui ne pourrait pas être réalisé en un an. « Ces 12 derniers mois représentent, pour moi, la mise en place les bases de notre futur succès, » a-t-il dit.  
 
 Au service de Dimanche matin, les deux aumôniers ont cherché à booster les esprits de leurs gars avec des hymnes à la victoire, accompagnés de vidéos montrant de beaux lacs, des océans et des fleuves.  
 
 Le Capitaine Rico nous a offert une lecture particulièrement juste des Corinthiens : « Nous sommes affligés de tous les côtés mais pas défaits ; perplexes mais pas au bord du désespoir ; persécutés mais pas abandonnés ; attaqués, mais pas meurtris. »


09/10/2009
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 51 autres membres