Les habitants d’Alep et l’opposition syrienne armée: de l’amour forcé à l’hostilité à peine voilée
Le journaliste free lance Antonio Pampliega travaille pour l’AFP et il semble que ses papiers soient souvent publiés par la presse libanaise.
Par exemple L’Orient le Jour qui publie un papier de ce journaliste qui se trouve à Alep, au contact de ceux qui luttent contre le régime syrien les armes à la main. Un papier qui, au passage, en dit long sur la réalité de la situation militaire pour les rebelles.
La situation militaire est une chose mais le problème en Syrie est d’abord d’ordre politique. Au delà des péripéties sur le terrain, ce qui importe vraiment est de savoir si l’opposition armée à Bachar al-Assad rencontre l’adhésion de la population d’Alep.
Rien n’est moins sûr si on en croit cet autre papier d’Antonio Pampliega comme il est tout sauf certain que les Alépins aient jamais eu confiance dans les rebelles.
Pris entre deux feux, les habitants d’Alep perdent confiance dans les rebelles
par Antonio Pampliega, Daily Star (Liban) traduit de l’anglais par Djazaïri
Alep, Syrie: Plus de deux mois après le début de la bataille pour Alep, les habitants se plaignent du prix élevé à payer pour lé révolution syrienne et accuse les rebelles de commettre des excès. L’image romantique d’un peuple qui se soulève contre la tyrannie de son chef commence à s’effilocher chez certains habitants de la métropole du nord, dont les quartiers sont le théâtre de bombardements quotidiens et de combats de rue sanglants.
Pris entre deux feux dans une guerre dont ils se sentent mis à l’écart, les plus mécontents accusent même les rebelles de se servir d’eux comme boucliers humains”
Fayez Shuayb, 65 ans, qui réside dans le quartier Saif al-Dawla ne cache pas sa déception. “J’étais allé rendre visite à ma mère et quand je suis rentré à la maison, il y avait une dizaine d’hommes armés chez moi.”
“Certains portaient mes vêtements, ils se servaient de ma cuisine et regardaient ma télévision.”
Ce topographe à la retraite, qui souffre du diabète et de problèmes cardiaques, explique avoir vécu à New York pendant 10 ans, à travailler à la construction d’un pont.”
“T’inquiète pas mon vieux. On ne volera rien,” lui ont dit les homes armés.
“Je suis assez âgé pour être leur grand-père, mais ils ne respectent rien ni personne. J’ai essayé de les faire partir mais ils ont refusé de s’en aller. Ils pensent qu’ils peuvent faire ce qu’ils veulent parce qu’ils ont des fusils et qu’ils combattent (le président) Assad,” ajoute-t-il.
Les jeunes rebelles lui ont propose de défoncer la porte” d’une maison voisine pour que Shuayb puissent s’y installer.
“Imaginez ce qui se passerait si les voisins me trouvaient dans leur lit à leur retour – ils me tueraient,” fulmine-t-il en expliquant qu’il s’est finalement résigné à dormir dans la rue
Il a trouvé refuge dans un petit bâtiment contigu à sa maison où il s’éclaire avec deux bougies. “Nous payons un prix trop élevé pour notre liberté. Je ne veux pas de cette révolution si elle est à ce prix.
“Il y a beaucoup de bâtiments vides à Alep. Ils sont tout neufs car les gens n’ont pas eu le temps de venir s’y installer. Je propose que les combattants s’installent de préférence dans ces bâtiments plutôt qu’au domicile d’une famille,” dit-il.
Mais il affirme qu’ils ont refusé: Ils ont la trouille de devenir des cibles pour l’armée s’ils vont dans des immeubles vides. C’est pourquoi ils préfèrent vivre parmi la population. Ils se servent de nous comme de boucliers humains.”
Abu Hussein, un commerçant énumère les pillages commis par les rebelles.
Ils viennent dans les magasins et prennent ce qu’ils veulent, et ils le justifient en disant qu’ils luttent pour notre liberté. Si c’est à ça que ressemble la liberté, je n’en veux pas.”
Il se ressaisit pour exposer sa pensée en langage plus diplomatique: “Je les remercie du fond du coeur pour leur combat, mais ils ne font pas les choses correctement. Nous commettons beaucoup d’erreurs et nous les payerons plus tard,” prévient-il.
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