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LE CAIRE - Faisant fi des pressions de la rue, le Conseil militaire au pouvoir en Egypte va maintenir à leurs postes les ministres de la Défense, de l'Intérieur et des Affaires étrangères lors du remaniement imminent du gouvernement nommé par l'ex-président Hosni Moubarak avant sa chute, il y a 11 jours.

De source militaire, on précisait mardi que le chef du Conseil suprême des forces armées, le maréchal Mohamed Hussein Tantaoui, conserverait le portefeuille de la Défense, tout comme les titulaires de l'Intérieur, nommé durant la crise, et des Affaires étrangères, le vétéran Ahmed Abou Gheït.

Lundi, les médias avaient eu vent de la composition de cette nouvelle équipe du Premier ministre Ahmed Chafik, un ex-général de l'armée de l'air, où feraient leur entrée certains dirigeants de l'opposition laïque, mais aucun membre des Frères musulmans.

Selon un porte-parole de Chafik, l'ancien général de l'armée de l'air procéderait toujours à des consultations au sujet de la douzaine de ministères qui changeront de titulaires.

Les organisateurs des manifestations de la place Tahrir, qui ont eu raison de Moubarak au bout de 18 jours de leur Révolution du Nil, avaient prévu ce mardi une nouvelle marche pour faire pression sur l'armée afin qu'elle écarte du gouvernement tous les membres nommés par Moubarak.

ULTIMATUM DE JEUNES À CHAFIK

Scandant "Le peuple veut la chute du gouvernement", les opposants étaient un demi-millier à manifester à la tombée de la nuit sur la place Tahrir pour obtenir que ce soit une équipe de techniciens qui assure la gestion du pays dans l'attente des élections libres et honnêtes que les militaires ont promis dans un délai de six mois.

"Nos exigences sont le départ d'Ahmed Chafik et de son gouvernement, qui sont considérés comme un des vestiges de l'ancien régime, de même que les ministres de Moubarak et du parti corrompu au pouvoir", a annoncé dans un tract la Jeunesse du 6 avril, à l'origine des premières manifestation de la place Tahrir.

Un groupe de jeune baptisé Mouvement populaire national pour le changement, a annoncé qu'il donnait au gouvernement de Chafik jusqu'à mercredi pour démissionner, faute de quoi il appelle à un grand sit-in jeudi place Tahrir et à une marche vendredi.

"Nous marcherons pour réclamer la démission du gouvernement de Chafik, la levée de l'état d'urgence (en vigueur depuis 30 ans) et le jugement de Moubarak et de sa famille", a déclaré un de ses représentants, Mohamed Fahmi.

Après le Premier ministre britannique David Cameron et de sous-secrétaire d'Etat américain aux Affaires politiques William Burns, la veille, Catherine Ashton, haute représentante de la diplomatie européenne, a proposé mardi aux militaires l'aide de l'UE pour faciliter une transition ordonnée du pays vers la démocratie.