Les USA et leurs alliés peinent à trouver le ton contre Moscou
WASHINGTON (AP) -- Les Etats-Unis, l'Europe, l'ONU et l'OTAN ont condamné la violence avec laquelle la Russie a riposté à l'offensive géorgienne en Ossétie du Sud séparatiste, mais alors que le Kremlin triomphe, Washington et ses alliés savent que leurs moyens de sanction sont limités à des mesures largement symboliques dont l'impact à long terme sera limité, voire nul.
Les Etats-Unis ont ainsi boycotté mardi soir, selon des responsables américains, une troisième réunion de l'OTAN pendant laquelle le Conseil de l'Atlantique-Nord, qui gouverne l'Alliance, devait préparer d'éventuelles futures discussions sur la situation avec la Russie. Moscou a demandé une réunion avec l'OTAN mais aucune date n'a encore été fixée.
Représailles plus visibles, Washington a décidé de renoncer à un important exercice de l'OTAN auquel les Etats-Unis devaient participer à partir de vendredi dans le Pacifique-Nord, avec la Grande-Bretagne, la France et la Russie, selon un haut responsable de la défense américaine ayant requis l'anonymat. Cet exercice de coopération pour la sécurité maritime rassemble chaque année depuis dix ans un millier de militaires des quatre pays.
A plus moyen terme, les Etats-Unis et leurs partenaires au sein du G7 (France, Grande-Bretagne, Allemagne, Italie, Japon et Canada), le groupe des sept pays les plus industrialisés du monde, envisage d'exclure Moscou du club qu'il avait rejoint en 1998, le transformant en G8, d'après ces sources américaines.
Il est aussi question d'annuler ou de revoir l'invitation lancée en mai 2007 à la Russie pour ouvrir des discussions dans la perspective d'une adhésion à l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Quatre autres pays avaient été invités en même temps: le Chili, l'Estonie, Israël et la Slovénie. L'OCDE rassemble 30 pays censés partager les principes de l'économie de marché, de la démocratie pluraliste et du respect des droits de l'Homme.
Les mêmes sources américaines ont ajouté que l'adhésion de la Russie à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) pourrait aussi souffrir du courroux occidental. Moscou tente d'entrer à l'OMC depuis 1994, tandis que les anciennes républiques soviétiques de Géorgie et d'Ukraine y sont parvenues, respectivement en 2000 et en mai 2008. Moscou se heurte notamment à la Géorgie, qui dispose d'un droit de veto et refuse d'envisager l'adhésion de la Russie si celle-ci continue de coopérer avec les autorités de fait des provinces indépendantistes d'Abkhazie (nord-ouest) et d'Ossétie du Sud (nord).
Des consultations sont en cours sur ces pistes de sanctions, afin de marquer la réprobation occidentales. A Bruxelles, une réunion extraordinaire du conseil affaires générales et relations extérieures de l'Union européenne était consacrée mercredi à la Géorgie, alors que des sources géorgiennes et journalistiques faisaient état d'une violation de la trêve de mardi soir par les troupes russes, qui semblaient poursuivre leur progression en territoire géorgien.
Si la condamnation de la Russie a été unanime, les 27 pays membres de l'Union européenne ne parlent pas d'une même voix. Le chef de la diplomatie allemande a ainsi affirmé à Bruxelles que le G8 avait décidé de garder la Russie en son sein pour l'encourager à assumer ses responsabilités de grande puissance. «Il ne paraît vraiment pas très malin au milieu d'une telle crise de décider de revenir à la situation antérieure», a estimé Franz-Walter Steinmeier.
L'UE se retrouve divisée entre les anciens pays du bloc soviétique comme la Pologne et la Lettonie, partisans de mesures fortes, et d'autres favorables à une approche plus conciliante, comme l'Italie et l'Allemagne.
Pour le président américain George W. Bush en tout cas, il était clair mardi soir que l'intervention militaire de Moscou sur le territoire de la Géorgie avait «fortement nui à la position de la Russie dans le monde».
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