MC cain le danger La "Ligue des démocraties" menace le monde
Sa mission sera d’intervenir partout dans le monde pour imposer les valeurs démocratiques que les Etats-Unis prétendent incarner et dont ils se sont autoproclamés garants.
"Si je suis élu président, je convoquerais durant la première année de mon mandat, un sommet des démocraties mondiales afin de connaître leurs vues et commencer à étudier les étapes pratiques pour mettre en œuvre cette vision", a ainsi déclaré John McCain devant la Hoover Institution, think tank influent de la capitale américaine.
Le candidat soutenu par le président George W. Bush ne fait aucun mystère des cibles que cette ligue devra prendre en ligne de mire.
"La Chine qui continue à accroître sa puissance militaire suscitant crainte et méfiance" et "la Russie d’aujourd’hui qui ressemble de plus en plus à une autocratie du 19ème siècle" sont visées en priorité.
John McCain affirme que cette "Ligue des démocraties" ne vise pas à supplanter les Nations Unies.
Qu’on se rassure. Il explique dans le même souffle qu’elle permettra en realité à Washington d’intervenir partout, même si l’Onu s’y oppose !
Et, il donne l’Irak comme exemple dans le passé et, pour le futur, l’Iran. Pas vraiment surprenant pour un sénateur qui a déclaré que les forces américaines "pourraient rester 100 ans en Irak" et qui, interrogé sur sa politique vis-à-vis de Téhéran, avait répondu en chantonnant "Bomb, bomb, bomb.. Iran".
Outre l’armée américaine, la "Ligue des démocraties" selon McCain, pourra compter sur les forces de l’Otan qui, note-t-il "a commencé à promouvoir un partenariat global entre ses membres actuels et les autres grandes démocraties en Asie et ailleurs dans le monde".
On ne pourrait être plus clair : sur le fondement d’un pacte régional défensif, l’Organisation du traité de l’Atlantique nord devrait devenir le gendarme du monde.
Cette nouvelle définition donne à réfléchir sur les véritables implications de l’alignement grandissant de Paris sur Washington.
Comme l'illustrait l’envoi de nouvelles forces de combat françaises en Afghanistan et le retour prochain de la France au sein du commandement militaire intégré de l’Otan.
McCain a, d’ailleurs, présenté sa vision lors de sa dernière visite à Paris et à Londres et il ne semble pas que ses interlocuteurs aient beaucoup insisté pour le dissuader.
C’est peut-être parce qu’ils considèrent que les chances du sénateur d’accéder à la Maison Blanche sont réduites mais la perspective de son éventuelle victoire ne peut pas être écartée, tout particulièrement après l’affrontement fratricide des deux candidats démocrates
Barack Obama n’a pas précisé sa position sur la création d’une "Ligue des démocraties" qui est défendue par certains de ses conseillers. Elle figurait d’ailleurs en son temps dans le programme de Madeleine Albright, la secrétaire d’Etat du président Bill Clinton.
L’idée n’est en en effet ni Républicaine, ni Démocrate : elle est ancrée dans la certitude naturelle des Américains de l’universalisme de leurs valeurs.
Cependant, le monde a changé.
La période de l’hyper puissance américaine qui a suivi l’effondrement de l’Union soviétique n’aura pas duré plus d’une dizaine d’années.
Le refus d’Israël, l’allié privilégié, ou du Pakistan, le régime client par excellence, de s’aligner sur les positions des Etats-Unis à propos de la Syrie et des Taliban, illustre à la caricature la perte d’influence de Washington.
Simultanément, de nouveaux partenaires, la Chine notamment, exigent une place aux tables où l'on gère les affaires du monde. Et ils justifient leurs prétentions par les nouvelles réalités démographiques, et surtout financières.
La "Ligue des démocraties" recrée un système de blocs antagonistes comparable à celui qui prédominait la Guerre Froide. Elle équivaut à mettre en place les conditions pour un affrontement futur.
Et l’Occident ne peut pas le gagner.
Le véritable défi est, au contraire, de construire un ordre multipolaire ou aucune puissance ne dominera et où tous les acteurs trouveront leur intérêt dans la coopération.
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