Me Mokhtari: «Tout indique que Merah est innocent»
Mohamed Merah n'avait aucune relation avec ces tueries, si on se réfère aux aveux des témoins et aux informations que nous détenons et que nous révélerons lors de l'audience de plaidoirie. Nous sommes sûrs et certains de ce que nous avançons et nous en sommes responsables. Il y a un grand dossier contenant des preuves qui démontrent que l'affaire n'était qu'un complot contre Mohamed Merah. Il est vrai que nous avons basé notre défense sur les dépassements. Seulement, maintenant, il est temps pour nous de parler d'innocence."
Quelle action immédiate allez-vous entreprendre à la lumière de ce nouvel élément qui consiste en la déclassification du dossier Mohamed Merah ?
La première procédure que nous allons entreprendre, après le mois de Ramadhan, c’est de consulter le dossier. Nous avons, dès le début, demandé à voir les vidéos diffusées sur la chaîne Al Jazeera, les preuves de la culpabilité de Merah, ainsi que tous les enregistrements diffusés sur la chaîne française TF1. Nous avons également demandé à ce que tous ces enregistrements – aussi bien ceux en leur possession que ceux nous détenons – soient soumis à une expertise. Et puisque les avocats des victimes ont pris connaissance du dossier et déclaré que ce dernier ne comportait aucune preuve qui révélerait de manière catégorique l'identité de l'auteur des tueries, nous aussi nous allons juger, après consultation du dossier, si oui ou non son contenu servira dans l'affaire et nous présenterons nos remarques selon ce contenu.
Avez-vous été destinataire de ce dossier en tant qu'avocate algérienne de la famille Merah ? En avez-vous fait la demande ?
En temps normal, la défense a le droit de consulter les preuves de la condamnation. Seulement, et bien que nous en ayons fait la demande, nous n'avons rien reçu jusqu'à présent. Au début, on nous a demandé de remettre les vidéos en notre possession, alors que la loi est claire là-dessus : la défense a le droit de présenter ses preuves lors de l'audience de plaidoirie. La justice française a voulu procéder à sa guise : donner nos preuves au parquet qui est notre adversaire, alors que c'est à lui qu’il revient de nous donner celles de la culpabilité de Mohamed Merah et de nous prouver qu'il n'y a pas eu de dépassements de la part du Raid lors de l'assaut. C'est à cause de cela que nous avons refusé de présenter nos vidéos. D'un autre côté, la partie adverse nous a devancés en diffusant ses vidéos, tout en remettant en cause leur crédibilité, avant que nous présentions les nôtres. C’est pour cela que nous avons préféré les mettre de côté jusqu'au jour de l'audience. La loi nous donne le droit de ne pas présenter nos preuves avant l'audience.
La justice française est-elle tenue de vous remettre une copie ?
Puisque les avocats des victimes ont eu à consulter le dossier, il est de rigueur qu'on nous remette une copie également. Je renouvèlerai, malgré cela, ma demande pour pouvoir le retirer
Qu'est-ce que le contenu de ce dossier pourrait changer dans le déroulement du procès ?
Il est très important car il représente le dossier de la condamnation. Selon la partie adverse, il contient les vidéos d'Al Jazeera, des enregistrements, des documents qui prouvent que Mohamed Merah était suivi et côtoyait des groupes salafistes. Il y a également des témoignages concernant les dernières opérations. Ceci nous aidera à filtrer le vrai du faux. Donc, si les preuves sont irréfutables, nous saurons comment défendre notre affaire. Mais si un dysfonctionnement apparaissait, cela voudrait dire que les poursuites engagées contre cette personne sont illégales.
Les avocats des victimes réclament un complément d'enquête sur Abdelkader Merah. Pourquoi, selon-vous, focalise-t-on sur le frère de Mohamed Merah ?
La police accuse Abdelkader Merah d'être derrière les agissements de son frère et affirme que c'est lui qui le dirigeait. C'est du moins ce que nous avons su à travers les médias qui font référence au dossier.
Serait-ce une sorte de diversion pour détourner l'attention de l'opinion publique concentrée sur l'exécution de Mohamed Merah et disculper le Raid ?
Sûrement ! Parce que, si vous avez bien suivi l'affaire, à chaque fois que l'opinion publique s’intéresse de très près à cette affaire, elle est orientée vers autre chose. Cette action a commencé par la propagation de rumeurs sur le père de Mohamed d’abord, ensuite sur la défense de Merah, puis vint le tour des vidéos. Maintenant que les choses commencent à s'éclaircir, on veut détourner l’attention de l'opinion publique vers le frère de Mohamed Merah pour faire oublier ce dernier. Pour moi, cela s’apparente effectivement à une diversion.
Doit-on comprendre que les avocats des victimes sont complices avec le Raid ?
Non. Bien au contraire. La défense des victimes veut elle aussi connaître la vérité. L'information qui parle de la relation de Mohamed Merah avec son frère est le produit du Raid et s’appuie sur les rapports établis par ce corps. La défense a le droit de demander un complément d'enquête dans le cas où elle a des doutes. Moi aussi je vais demander que l'enquête soit dirigée dans ce sens. Pour l'instant, aucune preuve n'a été retenue contre Abdelkader Merah, selon les affirmations de son avocat, alors qu'il est toujours en détention. Nous voulons que les choses soient claires. Pour ce qui est de notre requête première, elle reste inchangée. Nous maintenons le fait qu'il y a eu des dépassements lors de l'arrestation de Mohamed Merah. Nous l'affirmons à l'opinion publique et à la justice, en tant que défense. Les 76 questions publiées sur l'affaire, avec les informations que nous détenons ainsi que des analyses d'experts, prouvent qu'il y a eu des dépassements. Il n'y a aucun doute pour nous.
Pensez-vous que Mohamed Merah soit innocent de tous ces crimes qu'on lui impute ?
Pour ce qui est de l'innocence, nous n’avons jamais évoqué cette option. Seulement, il y a des indicateurs qui nous poussent à l'envisager, cette fois-ci.
Quels sont ces indicateurs ?
Mohamed Merah n'avait aucune relation avec ces tueries, si on se réfère aux aveux des témoins et aux informations que nous détenons et que nous révélerons lors de l'audience de plaidoirie. Nous sommes sûrs et certains de ce que nous avançons et nous en sommes responsables. Il y a un grand dossier contenant des preuves qui démontrent que l'affaire n'était qu'un complot contre Mohamed Merah. Il est vrai que nous avons basé notre défense sur les dépassements. Seulement, maintenant, il est temps pour nous de parler d'innocence.
Vous paraissez convaincue de ce que vous avancez. Votre dernière visite en France est-elle pour quelque chose ? Avez-vous découvert de nouveaux éléments ?
Je dois dire qu'à ma dernière visite en France, j'ai rencontré des personnes qui voulaient faire apparaître la vérité. Ces personnes ont promis de dire tout ce qu'elles savent à l'audience. Mais pas avant. Peut-être trouveriez-vous que je ne suis pas assez claire, mais il faut savoir que tout ceci entre dans le cadre du secret professionnel. Vous comprendrez donc que je ne pourrai pas en dire plus pour l’instant.
Une des premières décisions du ministre de l'Intérieur français après la victoire de Hollande a été de déclassifier ce dossier. Ne voyez-vous pas dans cette promptitude à jeter la DCRI en pâture une sorte de règlement de comptes entre la gauche et la droite et, donc, une politisation de l'affaire Merah, surtout que cette déclassification coïncide avec le limogeage de plusieurs chefs de police français proches de Sarkozy ?
Je vais être très franche avec vous. Le nouveau ministre de l'Intérieur a bien assimilé la leçon, laquelle lui évitera des soucis. L'affaire Merah a touché la droite à 90%. L'ancien président a été touché de manière certaine par cette affaire parce qu’elle a révélé à l'opinion publique le dessous du complot. Elle l'a donc desservi au lieu de le servir. C'est vrai qu'elle l'avait servi au début mais, par la suite, elle s'est retournée contre lui. Je pense que n'importe quelle personne intelligente ne rééditerait pas l'erreur de Sarkozy. A mon avis, il était clair que les choses allaient se dérouler de cette manière. Ce n'est pas une question de règlement de comptes, mais plutôt de correction de trajectoire d'une affaire qui a touché la communauté arabe à l'étranger en général, et algérienne en particulier. Donc, je pense que le nouveau gouvernement ne permettra plus ce genre de dépassements, car cela ne servira pas la France et nuira aux relations entre nos deux pays.
Lors de votre dernière conférence, vous avez parlé de passages sensibles sur les vidéos qui pourraient provoquer la colère des musulmans s'ils venaient à être diffusés. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Si la partie adverse parle d'enregistrements qui ont touché la sensibilité des familles des victimes, que dire des parents d'un jeune homme de 23 ans – abstraction faite de sa personnalité et de ses méfaits – lorsqu'ils verront leur fils blessé, pleurant à chaudes larmes et essayant par tous les moyens de faire comprendre aux agents du Raid qu'il est innocent et qu’il n'a rien fait. Tout le monde – y compris les Français eux-mêmes – s’est demandé pourquoi Mohamed Merah n’a pas été arrêté vivant, pourquoi il a été exécuté. Comment pensez-vous qu’on réagisse à la vue de passages où vous voyez quelqu’un supplier ses assaillants de ne pas le tuer en leur demandant pourquoi ils voulaient sa mort et en répétant qu'il a été trahi par ses pairs. Il y a un passage très émouvant où il s’est demandé s’il viendra le jour où le monde découvrirait la vérité. Si on a parlé d'une relation entre lui et les services secrets français, c’est en raison du contenu de ces vidéos justement.
Devrions-nous comprendre, à travers ce que vous venez de dire, que ce n'est pas lui le responsable des tueries ? Clamait-il son innocence parce qu'il était réellement innocent ou voulait-il dire qu'il a été manipulé ?
Il a dit qu'il était innocent en accusant ses assaillants d'avoir «monté un scénario» comme ils ont l'habitude de faire. Je ne peux pas me prononcer de manière formelle, mais je pense qu'il voulait vraiment dire que ce n'était pas lui l'assassin. Beaucoup de choses ont été dites à son sujet : on a dit, par exemple, qu'il était surveillé ; où sont les photos de surveillance ? Existe-t-il des preuves irréfutables chez ces services secrets qui démontrent que Mohamed Merah a réellement commis ces assassinats ? Non. C'est pour cela que je réitère ce que j'ai dit tout à l’heure, à savoir que l'innocence de Mohamed Merah est envisageable, car tous les indicateurs que nous détenons nous conduisent à cette option.
Selon vous, comment est-il tombé dans ce piège ? Pourquoi lui ?
J'ai analysé cette question et me suis demandée pourquoi Mohamed Merah ? Je pense qu'il a été choisi à cause de sa situation sociale qui l'a rendu vulnérable à la manipulation, d’autant qu'il était en relation avec les services secrets. Je pense aussi que Mohamed Merah aurait pu avoir refusé de collaborer avec eux dans certaines opérations qu'il avait dû juger contraire à sa personnalité ou à ses origines. Il était donc primordial de le liquider. Cela faisait d'une pierre deux coups : l'exploiter dans le cadre de la campagne électorale et s'en débarrasser en même temps. Avant, j'avais des doutes, mais maintenant que j’ai bien étudié la personnalité de Mohamed Merah, que j’ai compris ce qui se tramait dans les coulisses, je commence à sentir que je défends un innocent.
La première procédure que nous allons entreprendre, après le mois de Ramadhan, c’est de consulter le dossier. Nous avons, dès le début, demandé à voir les vidéos diffusées sur la chaîne Al Jazeera, les preuves de la culpabilité de Merah, ainsi que tous les enregistrements diffusés sur la chaîne française TF1. Nous avons également demandé à ce que tous ces enregistrements – aussi bien ceux en leur possession que ceux nous détenons – soient soumis à une expertise. Et puisque les avocats des victimes ont pris connaissance du dossier et déclaré que ce dernier ne comportait aucune preuve qui révélerait de manière catégorique l'identité de l'auteur des tueries, nous aussi nous allons juger, après consultation du dossier, si oui ou non son contenu servira dans l'affaire et nous présenterons nos remarques selon ce contenu.
Avez-vous été destinataire de ce dossier en tant qu'avocate algérienne de la famille Merah ? En avez-vous fait la demande ?
En temps normal, la défense a le droit de consulter les preuves de la condamnation. Seulement, et bien que nous en ayons fait la demande, nous n'avons rien reçu jusqu'à présent. Au début, on nous a demandé de remettre les vidéos en notre possession, alors que la loi est claire là-dessus : la défense a le droit de présenter ses preuves lors de l'audience de plaidoirie. La justice française a voulu procéder à sa guise : donner nos preuves au parquet qui est notre adversaire, alors que c'est à lui qu’il revient de nous donner celles de la culpabilité de Mohamed Merah et de nous prouver qu'il n'y a pas eu de dépassements de la part du Raid lors de l'assaut. C'est à cause de cela que nous avons refusé de présenter nos vidéos. D'un autre côté, la partie adverse nous a devancés en diffusant ses vidéos, tout en remettant en cause leur crédibilité, avant que nous présentions les nôtres. C’est pour cela que nous avons préféré les mettre de côté jusqu'au jour de l'audience. La loi nous donne le droit de ne pas présenter nos preuves avant l'audience.
La justice française est-elle tenue de vous remettre une copie ?
Puisque les avocats des victimes ont eu à consulter le dossier, il est de rigueur qu'on nous remette une copie également. Je renouvèlerai, malgré cela, ma demande pour pouvoir le retirer
Qu'est-ce que le contenu de ce dossier pourrait changer dans le déroulement du procès ?
Il est très important car il représente le dossier de la condamnation. Selon la partie adverse, il contient les vidéos d'Al Jazeera, des enregistrements, des documents qui prouvent que Mohamed Merah était suivi et côtoyait des groupes salafistes. Il y a également des témoignages concernant les dernières opérations. Ceci nous aidera à filtrer le vrai du faux. Donc, si les preuves sont irréfutables, nous saurons comment défendre notre affaire. Mais si un dysfonctionnement apparaissait, cela voudrait dire que les poursuites engagées contre cette personne sont illégales.
Les avocats des victimes réclament un complément d'enquête sur Abdelkader Merah. Pourquoi, selon-vous, focalise-t-on sur le frère de Mohamed Merah ?
La police accuse Abdelkader Merah d'être derrière les agissements de son frère et affirme que c'est lui qui le dirigeait. C'est du moins ce que nous avons su à travers les médias qui font référence au dossier.
Serait-ce une sorte de diversion pour détourner l'attention de l'opinion publique concentrée sur l'exécution de Mohamed Merah et disculper le Raid ?
Sûrement ! Parce que, si vous avez bien suivi l'affaire, à chaque fois que l'opinion publique s’intéresse de très près à cette affaire, elle est orientée vers autre chose. Cette action a commencé par la propagation de rumeurs sur le père de Mohamed d’abord, ensuite sur la défense de Merah, puis vint le tour des vidéos. Maintenant que les choses commencent à s'éclaircir, on veut détourner l’attention de l'opinion publique vers le frère de Mohamed Merah pour faire oublier ce dernier. Pour moi, cela s’apparente effectivement à une diversion.
Doit-on comprendre que les avocats des victimes sont complices avec le Raid ?
Non. Bien au contraire. La défense des victimes veut elle aussi connaître la vérité. L'information qui parle de la relation de Mohamed Merah avec son frère est le produit du Raid et s’appuie sur les rapports établis par ce corps. La défense a le droit de demander un complément d'enquête dans le cas où elle a des doutes. Moi aussi je vais demander que l'enquête soit dirigée dans ce sens. Pour l'instant, aucune preuve n'a été retenue contre Abdelkader Merah, selon les affirmations de son avocat, alors qu'il est toujours en détention. Nous voulons que les choses soient claires. Pour ce qui est de notre requête première, elle reste inchangée. Nous maintenons le fait qu'il y a eu des dépassements lors de l'arrestation de Mohamed Merah. Nous l'affirmons à l'opinion publique et à la justice, en tant que défense. Les 76 questions publiées sur l'affaire, avec les informations que nous détenons ainsi que des analyses d'experts, prouvent qu'il y a eu des dépassements. Il n'y a aucun doute pour nous.
Pensez-vous que Mohamed Merah soit innocent de tous ces crimes qu'on lui impute ?
Pour ce qui est de l'innocence, nous n’avons jamais évoqué cette option. Seulement, il y a des indicateurs qui nous poussent à l'envisager, cette fois-ci.
Quels sont ces indicateurs ?
Mohamed Merah n'avait aucune relation avec ces tueries, si on se réfère aux aveux des témoins et aux informations que nous détenons et que nous révélerons lors de l'audience de plaidoirie. Nous sommes sûrs et certains de ce que nous avançons et nous en sommes responsables. Il y a un grand dossier contenant des preuves qui démontrent que l'affaire n'était qu'un complot contre Mohamed Merah. Il est vrai que nous avons basé notre défense sur les dépassements. Seulement, maintenant, il est temps pour nous de parler d'innocence.
Vous paraissez convaincue de ce que vous avancez. Votre dernière visite en France est-elle pour quelque chose ? Avez-vous découvert de nouveaux éléments ?
Je dois dire qu'à ma dernière visite en France, j'ai rencontré des personnes qui voulaient faire apparaître la vérité. Ces personnes ont promis de dire tout ce qu'elles savent à l'audience. Mais pas avant. Peut-être trouveriez-vous que je ne suis pas assez claire, mais il faut savoir que tout ceci entre dans le cadre du secret professionnel. Vous comprendrez donc que je ne pourrai pas en dire plus pour l’instant.
Une des premières décisions du ministre de l'Intérieur français après la victoire de Hollande a été de déclassifier ce dossier. Ne voyez-vous pas dans cette promptitude à jeter la DCRI en pâture une sorte de règlement de comptes entre la gauche et la droite et, donc, une politisation de l'affaire Merah, surtout que cette déclassification coïncide avec le limogeage de plusieurs chefs de police français proches de Sarkozy ?
Je vais être très franche avec vous. Le nouveau ministre de l'Intérieur a bien assimilé la leçon, laquelle lui évitera des soucis. L'affaire Merah a touché la droite à 90%. L'ancien président a été touché de manière certaine par cette affaire parce qu’elle a révélé à l'opinion publique le dessous du complot. Elle l'a donc desservi au lieu de le servir. C'est vrai qu'elle l'avait servi au début mais, par la suite, elle s'est retournée contre lui. Je pense que n'importe quelle personne intelligente ne rééditerait pas l'erreur de Sarkozy. A mon avis, il était clair que les choses allaient se dérouler de cette manière. Ce n'est pas une question de règlement de comptes, mais plutôt de correction de trajectoire d'une affaire qui a touché la communauté arabe à l'étranger en général, et algérienne en particulier. Donc, je pense que le nouveau gouvernement ne permettra plus ce genre de dépassements, car cela ne servira pas la France et nuira aux relations entre nos deux pays.
Lors de votre dernière conférence, vous avez parlé de passages sensibles sur les vidéos qui pourraient provoquer la colère des musulmans s'ils venaient à être diffusés. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Si la partie adverse parle d'enregistrements qui ont touché la sensibilité des familles des victimes, que dire des parents d'un jeune homme de 23 ans – abstraction faite de sa personnalité et de ses méfaits – lorsqu'ils verront leur fils blessé, pleurant à chaudes larmes et essayant par tous les moyens de faire comprendre aux agents du Raid qu'il est innocent et qu’il n'a rien fait. Tout le monde – y compris les Français eux-mêmes – s’est demandé pourquoi Mohamed Merah n’a pas été arrêté vivant, pourquoi il a été exécuté. Comment pensez-vous qu’on réagisse à la vue de passages où vous voyez quelqu’un supplier ses assaillants de ne pas le tuer en leur demandant pourquoi ils voulaient sa mort et en répétant qu'il a été trahi par ses pairs. Il y a un passage très émouvant où il s’est demandé s’il viendra le jour où le monde découvrirait la vérité. Si on a parlé d'une relation entre lui et les services secrets français, c’est en raison du contenu de ces vidéos justement.
Devrions-nous comprendre, à travers ce que vous venez de dire, que ce n'est pas lui le responsable des tueries ? Clamait-il son innocence parce qu'il était réellement innocent ou voulait-il dire qu'il a été manipulé ?
Il a dit qu'il était innocent en accusant ses assaillants d'avoir «monté un scénario» comme ils ont l'habitude de faire. Je ne peux pas me prononcer de manière formelle, mais je pense qu'il voulait vraiment dire que ce n'était pas lui l'assassin. Beaucoup de choses ont été dites à son sujet : on a dit, par exemple, qu'il était surveillé ; où sont les photos de surveillance ? Existe-t-il des preuves irréfutables chez ces services secrets qui démontrent que Mohamed Merah a réellement commis ces assassinats ? Non. C'est pour cela que je réitère ce que j'ai dit tout à l’heure, à savoir que l'innocence de Mohamed Merah est envisageable, car tous les indicateurs que nous détenons nous conduisent à cette option.
Selon vous, comment est-il tombé dans ce piège ? Pourquoi lui ?
J'ai analysé cette question et me suis demandée pourquoi Mohamed Merah ? Je pense qu'il a été choisi à cause de sa situation sociale qui l'a rendu vulnérable à la manipulation, d’autant qu'il était en relation avec les services secrets. Je pense aussi que Mohamed Merah aurait pu avoir refusé de collaborer avec eux dans certaines opérations qu'il avait dû juger contraire à sa personnalité ou à ses origines. Il était donc primordial de le liquider. Cela faisait d'une pierre deux coups : l'exploiter dans le cadre de la campagne électorale et s'en débarrasser en même temps. Avant, j'avais des doutes, mais maintenant que j’ai bien étudié la personnalité de Mohamed Merah, que j’ai compris ce qui se tramait dans les coulisses, je commence à sentir que je défends un innocent.
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