MERCI LA OBAMALAND : Le Japonais Yukiya Amano élu à la tête d'une AIEA divisée
VIENNE - Le diplomate japonais Yukiya Amano a été élu à la tête d'une Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) divisée, avec le minimum des voix requis et sans le soutien des pays en développement.
Il succède à l'Egyptien Mohamed ElBaradeï, lauréat du Nobel de la paix en 2005, qui n'a pas souhaité briguer un quatrième mandat après douze années passées à la tête de l'AIEA et quittera ses fonctions en novembre.
L'AIEA, qui est chargée de veiller à la non-prolifération nucléaire, gère certains des dossiers internationaux les plus délicats du moment - Corée du Nord, Iran, Syrie -, mais l'absence d'un large consensus autour de la personnalité d'Amano risque de peser sur l'autorité du futur patron.
Le résultat de son élection par le conseil des gouverneurs de 35 pays membres reflète les divergences entre le bloc des pays riches, partisans de la fermeté envers les cas suspects de prolifération, et celui des pays pauvres qui réclament un meilleur partage de la technologie nucléaire à usage civil.
L'actuel ambassadeur du Japon auprès de l'AIEA a été élu au quatrième et dernier tour de scrutin par 23 voix pour et une abstention, aux dépens du Sud-Africain Abdul Samad Minty.
L'abstention a été décisive car elle permet à Yukiya Amana d'obtenir la majorité des deux tiers des voix exprimées (24), nécessaire à son élection, alors que le scrutin avait été bloqué lors des trois tours précédents sur un résultat identique de 23 voix contre 12.
Yukiya Amano était arrivé en tête dès le premier vote le 26 mars et avait décidé de se représenter, tout comme son principal rival Samal Minty, soutenu par les pays en développement.
Trois autres candidats étaient alors entrés en lice, l'Espagnol Luis Echavarri, le Belge Jean-Pol Poncelet et le Slovène Ernest Petric. Ils se sont retirés de la course à l'issue d'un vote blanc effectué le 9 juin et à l'issue duquel ils étaient arrivés derniers. Luis Echavarri a été éliminé jeudi au premier tour de scrutin.
SPÉCIALISTE DU DESARMEMENT
Avant le vote de jeudi, la Russie avait prévenu les autres membres du conseil des gouverneurs qu'elle jugerait "inacceptable" que Yukiya Amano ne soit élu qu'avec la plus faible des marges, car cela ne ferait qu'accentuer le fossé Nord-Sud et ébranler la crédibilité du nouveau patron de l'AIEA, a rapporté un diplomate européen,.
A l'issue du scrutin, Yukiya Amano s'est engagé à partager les ressources de l'institution de façon équilibrée entre la lutte contre la prolifération et le développement du nucléaire à des fins économiques et médicales.
"En tant que Japonais, je ferai de mon mieux pour prévenir la propagation des armes nucléaires. Pour ce faire, la solidarité de tous les Etats membres, pays du Nord, du Sud, de l'Est et de l'Ouest, est absolument nécessaire", a-t-il dit.
Le Japon est le seul pays au monde à avoir subi une attaque nucléaire, lors des bombardements d'Hiroshima et Nagasaki par les forces américaines les 6 et 9 août 1945.
"Je ferai de mon mieux pour (...) assurer le développement durable par une utilisation pacifique de l'énergie nucléaire", a encore dit Yukiya Amano en réponse aux pays en développement qui accusent l'AIEA de ne pas assez promouvoir le partage technologique dans ce secteur.
Né en 1947, diplômé en droit de l'Université de Tokyo, Yukiya Amano a fait carrière au ministère des Affaires étrangères et a été en poste à Washington, Bruxelles, Genève et Vientiane.
Spécialiste du désarmement multilatéral, il a participé aux négociations qui ont abouti à l'extension du Traité de non-prolifération (TNP) en 1995, au traité d'interdiction des essais nucléaires de 1996 et au protocole de vérification de la Convention de 2001 sur les armes biologiques.
Il était président du conseil des gouverneurs de l'AIEA en 2005-2006 quand l'agence a reçu, avec son directeur ElBaradeï, le prix Nobel de la paix.
Yukiya Amano est considéré comme un technocrate et un homme réservé, contrairement à son prédécesseur, plus politique et expansif.
On le dit proche de la position des Etats-Unis sur l'Iran. Washington soupçonne Téhéran de vouloir se doter de l'arme nucléaire sous couvert d'un programme d'électricité civil.
Dans une interview donnée en février 2009, le futur directeur général de l'AIEA prônait un dialogue constructif avec Téhéran et saluait la volonté du président Barack Obama d'engager un processus de discussion avec l'Iran.
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