Moscou annonce le début du repli de ses troupes en Géorgie
par Oleg Chtchedrov et James Kilner
KOURSK/GORI (Reuters) - La Russie a annoncé lundi avoir commencé à replier de Géorgie ses "troupes de maintien de la paix" en direction de l'Ossétie du Sud, que la Géorgie avait tenté de récupérer par la force, tout en avertissant que toute nouvelle attaque entraînerait une "riposte écrasante".
"Nous ne permettrons jamais qu'on tue impunément nos citoyens. Si on essaie à nouveau, la riposte sera écrasante", a prévenu le président russe Dmitri Medvedev à Koursk, peu avant que son armée évoque un début de repli, mis en doute lundi soir par le gouvernement géorgien.
"Nous avons toutes les ressources nécessaires, politiques, économiques et militaires. Quiconque a encore des illusions à ce sujet doit les abandonner", a affirmé le chef du Kremlin, dont l'Occident a critiqué la réaction disproportionnée à l'offensive géorgienne du 7 août en Ossétie du Sud, qui avait coûté la vie à plusieurs militaire russes.
Medvedev s'est ensuite rendu, pour la première fois depuis le début du conflit, à Vladikavkaz, en lisière de la province sécessionniste géorgienne pro-russe, pour remettre des médailles à des militaires qui ont participé l'écrasante victoire russe contre la Géorgie.
L'état-major russe avait annoncé à la mi-journée le début de son repli de Géorgie, conformément au plan en six points proposé par Nicolas Sarkozy en sa qualité de président du Conseil européen, mais en soulignant que ces "forces de maintien de la paix" resteraient à terme en Ossétie du Sud.
Tbilissi, soutenu par l'Occident, affirme que l'Ossétie du Sud et l'Abkhazie font partie intégrante de son territoire mais le président sud-ossète Edouard Kokoïty le conteste. Dans une interview à Reuters il a réclamé une présence militaire russe permanente et refusé le retour d'observateurs internationaux.
"PLUS DE MENACE"
"Je peux dire avec certitude quand viendra le nouvel an, mais je ne peux donner de date précise pour l'achèvement du repli de nos troupes de la zone de conflit", a déclaré le général russe Anatoli Nogovitsine.
A Bruxelles, où se tiendra mardi un conseil ministériel de l'Otan consacré au Caucase, un responsable américain a déclaré que Washington n'avait décelé "aucun signe" d'un retrait russe pour le moment. La Maison blanche a de nouveau exigé qu'il ait lieu "sans délai".
Le ministère géorgien de l'Intérieur a accusé l'armée russe d'avoir fait sauter des installations militaires avant de se retirer de Senaki, dans l'ouest du pays, où un journaliste de Reuters a entendu des explosions, annoncées par avance par les militaires russes, qu'il a vus prendre la direction du nord.
Des explosions, non dues à des combats, ont également été entendues dans le secteur de Gori, dans le centre du pays, entre la frontière sud-ossète et Tbilissi, d'où le général Nogovitsine a dit que ses troupes avaient commencé à se retirer après s'être assurées qu'il n'y avait "plus de menace".
Soucieux de voir s'achever la plus importante opération militaire russe à l'étranger depuis l'effondrement de l'URSS, en 1991, Européens et Américains pressent la Russie de se retirer sur le champ de cette région du Caucase stratégique pour leurs approvisionnements en gaz et pétrole. Mais aucun arrangement pratique n'a encore été conclu pour le déploiement d'observateurs internationaux.
Sur le plan humanitaire, un premier convoi d'aide des Nations unies a pu pénétrer dimanche à Gori, où, si les bâtiments n'ont pas trop souffert des combats, des pillages massifs se sont produits.
"LES GÉNÉRATIONS FUTURES"
De son côté, le président du Comité international de la Croix-Rouge, Jakob Kellenberg, s'est vu refuser par Moscou l'accès à l'Ossétie du Sud pour y évaluer la situation humanitaire. Selon la Russie, 1.600 personnes auraient péri dans l'attaque initiale géorgienne.
Selon le CICR, toutefois, les quelque 25.000 réfugiés qui avaient fui l'offensive géorgienne vers l'Ossétie du Nord ont commencé à regagner leurs foyers au Sud et la situation en Géorgie proprement dite est "beaucoup plus désespérée".
Dans une intervention à la télévision, le président géorgien Mikhaïl Saakachvili a de nouveau accusé la Russie de "pillages, vols, destructions insensées", mais il a laissé entrevoir la possibilité de tourner la page par "pragmatisme et bon sens" une fois que les troupes russes auraient quitté son pays.
"Je vous demande, une fois que vos forces armées auront quitté le territoire géorgien, de commencer à envisager et débattre sérieusement de nouvelles négociations, de nouvelles façons de gérer les relations afin de ne pas semer la discorde pour de bon entre nos pays", a-t-il dit.
"Ne semons pas la discorde pour les générations futures", s'est exclamé Sakaachvili, que ses adversaires russes présentent comme un dangereux "maniaque" avec lequel il est inutile de parler car il sera renversé par son propre peuple.
Jugée désastreuse par ses alliés occidentaux, son aventure militaire en Ossétie du Sud s'est soldée par la mort de nombre de ses compatriotes, par l'humiliation de son armée, par la destruction des infrastructures militaires et civiles du pays et sans doute, jugent nombre d'analystes, par la perte pour de bon de ses provinces sécessionnistes ossète et abkhaze.
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