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Prime à l’intox sur la prime à la casse

Selon nos chers médias, les casses d’autos débordent. Magnifique responsable : la prime à la casse. Que nenni !

Les médias préfèrent les casses pleines, des dizaines de voitures enchevêtrées, rutilantes de métal et de pare-brises défoncés. C’est vrai que c’est bon pour l’image ! M. Poincelet les a vus défiler ces journalistes dans son centre de recyclage de l’Ain. TF1, France 2, BFM, tous en quête de casses pleines affichant fièrement le succès de la prime à 1 000 euros. Un peu comme le jeu. Mais problème, M. Poincelet, président du CNPA, le syndicat des professionnels de l’Automobile (branche recycleur), leur a bien dit que ce n’était qu’une faible partie du métier qui était débordée. Pas grave, pour TF1, on prend les images d’un mur de voitures, ça fait plein, c’est cool, et on se précipite sur un camion qui vient livrer des voitures en fin de vie. « Ah, ils étaient contents quand ils ont vu le camion » note M. Poincelet.

À leur décharge, si on peut dire, peu de casses se laissent filmer. Un peu opaque le milieu, quand bien même des efforts sont faits pour changer la vieille image digne de Max et les ferrailleurs. Beaucoup refusent en bloc de parler à des journalistes « on va déformer mes propos », « j’ai pas de temps à perdre avec un journaliste », « qui me dit que vous êtes journaliste ? » ou d’autres ne souhaitent pas de publicité. « En délicatesse » avec la mairie, il ne préfère ne pas « risquer le diable ». Bref, pas simple ! Donc au final, tout le monde se retrouve à Soissons pour filmer chez M. Poincelet. Mais, à dire vrai, son parking était loin d’être débordé. « Sous la Balladurette ou la Juppette, on entassait toutes les voitures sur trois ou quatre niveaux alors que maintenant c’est juste une partie qui est surélevée sur deux niveaux » précise le fils du patron.

Donc, premièrement, dire que les casses débordent est une contre-vérité. Seulement 30% sont dans ce cas de figure. Deuxièmement, la prime à la casse n’est pas la seule responsable du trop plein de ces 30%. D’autres paramètres rentrent en jeu comme la baisse des métaux et le jeu des constructeurs français.

Protégeons nos constructeurs !

En effet, privilège octogonal s’il en est, les constructeurs Renault ou PSA refilent les épaves de leurs clients à des gestionnaires-distributeurs. Ce sont des sociétés intermédiaires qui gèrent pour le concessionnaire français le passage de ces voitures du particulier vers des casses partenaires. Ce passage à un coût : la casse partenaire doit débourser 30 euros pour la voiture, entre 15 et 35 euros pour les frais de dossier. « N’oublions quand même pas que les 30 euros qui sont demandés pour l’achat de la voiture ne sont ni reversés au dernier détenteur ni à l’État, ils sont généralement reversés au réseau des constructeurs » rappelle M. Poincelet. Renault fait encore plus fort puisque l’entreprise est actionnaire d’INDRA, un des trois gestionnaires distributeurs, avec laquelle évidemment elle traite uniquement. C’est le seul gestionnaire distributeur où les frais de dossier sont supérieurs (35 euros) à la voiture (30 euros) [1].

Privilège français pourquoi ? Parce que les importateurs, c’est-à-dire les concessionnaires étrangers, qui représentent 40% du marché, transmettent les voitures en fin de vie gratuitement aux casses. Sans passer par des intermédiaires.

Contactées par téléphone, de nombreuses casses confirment qu’ils ne veulent pas traiter avec les gestionnaires distributeurs. C’est la cas de M. Rémy, propriétaire de l’EPS 93 de Saint-Denis, « ce sont des voleurs » ou de M. Martin, propriétaire d’Autochoc à Cagnes-sur-Mer, « on peut très bien se débrouiller sans eux et si aujourd’hui certaines casses sont en train de pleurer, c’est leur faute. C’est vrai qu’elles sont assurées d’avoir des bagnoles mais c’est la solution de facilité parce qu’au final, elles se font entuber. Avec la baisse des cours des métaux, elles sont coincées. Nous, à l’inverse, on se débrouille seul, on a choisi d’investir sur le Net, ça a mis quatre ans mais on peut nous acheter n’importe quelle pièce par Internet. Alors c’est vrai que la prime à 1000 euros accroit l’activité mais on est loin d’être débordés. C’est plus notre système de vente de pièces détachées qui risque de nous fatiguer. »



20/04/2009
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