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SCANDALEUX Un accord en douce pour maintenir les GI's en Irak

13.06.08  Bernard Estrade

"L’anarchie et le chaos en Irak sont liés à l’occupation. Il ne sera pas possible de parvenir aux relations équilibrées entre les Etats-Unis et l’Irak que nous voulons tant que les troupes [américaines] ne se seront pas retirées". Cette déclaration catégorique n’est pas celle d’un insurgé fondamentaliste.

Elle émane d’un membre du Parlement irakien, Nadim al-Jaberi, co-fondateur du parti chiite al-Fadhila. Et elle a été prononcée le 4 juin devant la Commission des affaires étrangères du Sénat américain.

Le gouvernement irakien et le Congrès américains, globalement, partagent cette analyse. Dans ces deux institutions on considère que le temps est venu de préparer le départ des GI’s. 

Mais à Washington, l’exécutif résiste.

Seule contre tous, la Maison Blanche s’y oppose. Le président George W. Bush entend faire passer en force un accord d’État à État, qui rendrait légitime la présence permanente des troupes américaines en Irak.

Or, le temps lui est compté. 

Le 31 décembre 2008 arrive en effet à échéance la résolution 1511 des Nations Unies qui reconduit, d’année en année, l’autorisation de la présence militaire des Etats-Unis en Irak. Et Bush quitte lui-même ses fonctions le 20 janvier prochain.

Il s’agit donc d’imposer un nouveau cadre juridique, tant aux autorités irakiennes, à la communauté internationale qu’à son successeur à la Maison Blanche. 

Les personnalités politiques irakiennes l’ont pressenti et on décidé de prendre l’opinion publique à témoin ; à l’image de Nadim al-Jaberi devant le Congrès à Washington.

Face à cette fronde, le vice-président Dick Cheney pilote une offensive politique pour contraindre les différents interlocuteurs à revoir leurs positions.

Ryan Croker, l’ambassadeur des Etats-Unis en Irak a été chargé de promouvoir un nouvel accord, le US Iraq Security Agreement.

Ce texte est préparé depuis le mois de novembre 2007 et l'entourage de la Maison Blanche a entrepris de le faire signer, selon une procédure bilatérale, avant le 31 juillet. Le 1er avril dernier, l'organe d'audit du Congrès américain a rendu un rapport sur les implications de ce projet.

Depuis, les dirigeants irakiens qui ont pris connaissance des détails de cet accord ont trouvé les diktats américains si choquants qu’ils les critiquent ouvertement. 

Si il était signé, les Etats-Unis pourraient disposer de plus de cinquante bases militaires en Irak. Le double du nombre qu’ils entretiennent actuellement !

Ils auraient également la liberté de mener sur l’ensemble du territoire irakien –espaces aérien et maritime compris- les activités militaires de leur choix et pourraient l’utiliser pour frapper n’importe quel autre pays. 

Cet accord autorise aussi les Etats-Unis à arrêter et détenir n’importe quel ressortissant irakien et garantit l’immunité légale à tous les soldats américains ainsi qu’aux sous-traitants, c’est-à-dire les mercenaires.

À ce texte proprement militaire est joint un "accord cadre stratégique" qui fait des Etats-Unis les garants de la sécurité de l’Irak face à toutes les menaces, qu’elles soient extérieures ou intérieures. 

Même pour des dirigeants mis en place à Bagdad par le Pentagone, un tel accord est difficile à accepter. 

D’autant plus qu’ils savent que le peuple le rejettera massivement et qu’il provoquera leur défaite aux prochaines élections.

Les membres du Congrès américain estiment, quant à eux, qu’il lierait les mains de la prochaine administration qui se verrait contrainte de maintenir des troupes en Irak. Ils veulent donc qu’il soit soumis à un débat et à un vote public. 

L’administration Bush-Cheney espère passer outre : elle affirme, une fois de plus, que  l’autorité exécutive dont elle dispose lui permet de signer un tel texte sans l’aval des législateurs.

Surtout si les autorités irakiennes en place acceptent.

Pour les faire plier, elle dispose d’un argument de poids : les 50 milliards de dollars de l’Irak qui dorment dans les coffres de la Réserve Fédérale de New York. 

Les dirigeants de Bagdad ont été ainsi informés que, s’ils ne signaient pas, ces fonds ne seront plus couverts par l’immunité reconnue à tout pays souverain. 



13/06/2008
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