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Le réseau de salles art et essai Utopia, fort de six cinémas , a déprogrammé la comédie "A 5 heures de Paris" de l'Israélien Leon Prudovsky en invoquant des "raisons morales", après le raid israélien meurtrier sur le convoi maritime d'aide à Gaza, a indiqué vendredi le distributeur du film.
"Le programmateur d'Utopia nous a informés mercredi qu'il ne voulait plus du film car cela lui posait un +problème moral+ de diffuser une production israélienne, financée par l'Etat israélien, après l'assaut de l'armée d'Israël sur le convoi humanitaire pour Gaza", a affirmé à l'AFP Franck Salaün, de la société Memento Films, confirmant une information de France Info.

"Cela ne remet pas du tout en question la sortie du film, c'est une tempête dans un verre d'eau. Mais c'est une dérive inquiétante, de considérer qu'un cinéaste doit rendre compte de la politique de son pays", a-t-il ajouté.

"Est-ce qu'on déprogramme les comédies de Woody Allen au motif que les Etats-Unis appliquent la peine de mort ?" a-t-il demandé.

Programmé dans 40 à 50 salles - notamment celles des circuits UGC, Gaumont, Pathé ou MK2 - en France où il sortira le 23 juin, "A 5 heures de Paris" ("Hamesh Shaot me Pariz") relate l'idylle naissante entre deux solitaires, l'une professeur de piano, l'autre chauffeur de taxi.

Du côté d'Utopia, on se félicitait d'avoir retiré ce film de deux salles - à Tournefeuille (banlieue de Toulouse) et à Avignon.

"Nous sommes scandalisés par l'attitude d'Israël, par sa violence et nous voulions protester contre ce qui se passe", a déclaré à l'AFP Anne-Marie Faucon, co-fondatrice d'Utopia.

"Vu les retombées médiatiques, on se dit que nous avons eu raison de le faire. Les spectateurs expriment leur sympathie, beaucoup sont très en colère et comprennent que c'était le seul moyen de nous faire entendre".

"Si d'ici dimanche, Israël met fin au blocus de Gaza, nous reprogrammerons le film !", a conclu Mme. Faucon.

En lieu et place de "A 5 heures de Paris" sera programmé "Rachel" de Simone Guitton, un documentaire sur Rachel Corrie, une pacifiste américaine écrasée par un bulldozer israélien en 2003 en tentant d'empêcher la destruction de maisons palestiniennes.

Un débat autour du film sera organisé le 26 à Tournefeuille, avec des associations telles que l'Union juive pour la paix et la Campagne civile internationale pour la protection du peuple palestinien (CCIPPP).