Un revirement stratégique diversement apprécié
L'annonce, faite jeudi 17 septembre, par le président Barack Obama d'un abandon du projet de bouclier antimissile en Europe orientale soulève une multitude de questions et de réactions aux Etats-Unis mais aussi en Russie et en Pologne. Ce projet provoquait avec la Russie des tensions rappelant la Guerre froide. Barack Obama a opéré ce changement stratégique majeur grâce à une « réévaluation de la menace iranienne ». Tour d'horizon des réactions.
Pour beaucoup de commentateurs, c’est un beau cadeau que fait Barack Obama au président russe Dmitri Medvedev et à son Premier ministre Vladimir Poutine sur ce qui était un grave sujet de tension entre Moscou et Washington. En renonçant au bouclier antimissile en Europe dans le cadre de sa politique de sa main tendue, le président américain offre cette concession à Moscou et ce, à une semaine de sa rencontre avec son homologue russe à New York.
En abandonnant les Européens de l’Est, Barack Obama espère obtenir de Moscou une plus grande coopération aux Nations unies. Lorsqu’il sera question d’imposer de nouvelles sanctions à l’Iran ou à la Corée du Nord, si ces deux pays refusent de stopper leur programme nucléaire, Washington espère que Moscou sera plus coopératif qu’il ne l’a été dans le passé.
« Faiblesse et naïveté »
Aux Etats-Unis, les réactions sont très diverses, d’une part les démocrates les plus à gauche sont ravis et chez les républicains, c’est un tollé général. Pour eux, c’est une trahison : « on abandonne les alliés ! ». Le plus sévère a été John Bolton l’ancien ambassadeur des Etats-Unis à l’ONU sous George Bush parle « de faiblesse et de naïveté ».
C'est une nouvelle étape dans les relations entre Moscou et Washington. Toutes ces dernières années, les deux pays se sont violemment affrontés à propos de ce bouclier antimissile. L'abandon du projet devrait en toute logique donner un nouvel élan à la coopération entre Russes et Américains.
Dmitri Medvedev salue l'approche responsable de l'administration Obama. Il promet d'intensifier la coopération avec la Maison Blanche. Les deux dirigeants négocient actuellement une nouvelle réduction des armes nucléaires, pour remplacer le traité START qui arrive à échéance en décembre prochain.
L'obstacle du bouclier antimissile étant levé, le nouveau traité de désarmement pourrait bien être signé d'ici à la fin de l'année. Sur la question iranienne, rien ne dit que la Russie soit prête à faire des concessions.
Selon le quotidien Kommersant, qui cite un haut fonctionnaire du ministère des Affaires étrangères, les Américains réclameraient deux contre-parties : d'abord, ils demandent le soutien des Russes à l'ONU pour de nouvelles sanctions contre l'Iran, et ensuite ils veulent être sûrs que Moscou ne vendra pas ses missiles anti-aériens à Téhéran.
La Russie a déjà répondu à la première requête, et sa position ne varie pas : elle refuse toujours d'imposer de nouvelles sanctions contre l'Iran
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