Arnaque au CO2, la vie dorée des Marseillais réfugiés en Israël
Installés près de Tel-Aviv, ils sont suspectés d’avoir détourné des millions d’euros sur le marché des droits à polluer.
Dans le grand banditisme, on les appelle "les mecs du CO2". Avec un mélange d’envie et de colère. Envie parce qu’ils ont monté une arnaque d’une ampleur inégalée, qui leur a permis de détourner des centaines de millions d’euros.
Station balnéaire huppée, Herzliya est considéré comme le "Neuilly" israélien. C’est là que vivent plusieurs familles marseillaises qui ont fait fortune dans l’arnaque à la TVA. Photo DR
Colère parce qu’ils ont grugé au passage quelques petits voyous, qui ont pris tous les risques en jouant les hommes de paille dans des sociétés et ont vu leur passer sous le nez de colossaux profits.
Conséquence, "les mecs du CO2" ont le Milieu aux trousses, qui réclame sa part du gâteau. Il n’est pas le seul à les rechercher : depuis une alerte Europol, des instructions judiciaires ont été ouvertes dans plusieurs pays. À Paris, on compte une dizaine d’enquêtes préliminaires et autant d’instructions, réparties entre les juges du pôle financier et ceux du pôle de lutte contre la délinquance astucieuse. À Marseille, l’une d’elles a récemment permis la mise en examen des gérants de deux sociétés.
Les débuts de l’affaire
L’embrouille remonte au 1er janvier 2008, lorsque le protocole de Kyoto a instauré pour les sociétés un système de droit à émettre des quantités limitées de dioxyde de carbone (CO²). Des "droits à polluer" que les meilleurs élèves peuvent revendre aux cancres. Problème, des escrocs ont compris qu’ils pouvaient s’enrichir en intervenant sur ce marché... et en facturant une TVA qu’ils ne remboursaient pas (voir infographie page 2 de l’édition La Provence du 4 janvier 2012). À la clef, d’incroyables profits réalisés sur le dos des États : une note d’Europol parle de 5 milliards d’euros partis en fumée...
Qui sont "les mecs du CO2", ces as de la carambouille écolo qui ont remis au goût du jour une technique inventée dans les années 70 ? Les enquêtes en cours renvoient vers la "jewish connection", lointains descendants des frères Zemmour, ces pieds-noirs qui "tenaient" Paris dans les années 70 et ont été portés à l’écran dans "Le Grand Pardon". Depuis les affaires du "Sentier", dans les années 90, ils avaient plus ou moins disparu des radars, en dehors d’escroqueries à la téléphonie mobile. "Tout a changé avec le carbone, confie un enquêteur. En quelques mois, ils ont amassé une fortune considérable. Le temps qu’on s’en rende compte, ils avaient disparu".
Aller-retour à Miami
En première ligne de l’arnaque se trouvaient plusieurs familles marseillaises, des frères et des soeurs aujourd’hui installés en Israël. Début 2008, elles se sont jetées sur le CO2. "Il fallait aux fraudeurs à peine 15 secondes et quelques clics pour toucher le jackpot", explique un cadre de Sagacarbon, une société toujours active dans la vente des droits à polluer. Seule condition, avoir la mise de départ, les échanges se payant cash.
Pour se mettre à l’abri, ces familles ont utilisé "la loi du retour" : votée en 1950 par la Knesset, elle garantit à tout juif le droit d’immigrer en Israël et évite les extraditions. Selon nos informations, elles se sont alors implantées à Herzliya, une station balnéaire huppée proche de Tel-Aviv. Particulièrement dans le quartier de Pituach, considéré comme le "Neuilly" israélien.
Une vie de rois .. qui a ses limites
Aurait alors débuté une folle existence, avec yachts, déplacements en hélicoptères, villas à 20 millions de shekels (5 millions de dollars), escapades en jet en Floride... Il se dit même que les Black Eyed Peas auraient participé à une fête privée. "Pour contourner le système bancaire israélien, l’argent était caché dans des sociétés avec des porteurs, décrypte un financier de Tel-Aviv. Ce sont ces sociétés qui réglaient les dépenses...".
La roue a toutefois fini par tourner. Mi-2009, la France a pris des mesures pour sécuriser le marché du carbone. Un an plus tard, ses enquêteurs débarquaient à Tel-Aviv, comme le révélait alors la Chambre de commerce France-Israël. Dans le même temps, les Marseillais d’Herzliya ont connu une double attaque du Milieu : d’un côté, leurs anciens comparses français les ont retrouvés pour les faire chanter ; de l’autre, la mafia russe qui est puissante en Israël a tenté de les racketter.
Fin 2010, l’assassinat en France d’un homme considéré comme le chef du gang parisien du CO2 a montré que la fête était finie. La veille, il était encore en Israël... "Ils ont alors pris des mesures de sécurité extraordinaires", assure Jérôme Pierrat, auteur de "La criminalité internationale en France" (Denoël). À Herzliya, on a vu d’anciens militaires recrutés comme gardes du corps accompagner les enfants à l’école. Soudainement, la petite communauté s’est faite très discrète et les autres Français installés là s’en sont éloignés. Ce qui ne les aurait pas dissuadés pour autant de poursuivre leurs combines internationales : selon Europol, les escrocs à la TVA interviendraient désormais sur les marchés du gaz et de l’électricité.
Fred GUILLEDOUX - La Provence.com
NDLR - Il y a des criminels juifs qui fuient la justice israélienne ( pour l’affaire Lee Zeitouni) et ceux qui fuient la justice française. Dans les deux cas, ils déshonorent le peuple juif. Quant aux orthodoxes et laïcs qui se livrent à des surenchères de haine, et qui font qu’Israël est montré du doigt pour ses dérives pseudo-religieuses, ils participent, eux aussi, à ce vent mauvais, dont nous n’avons pas besoin en ce moment.
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