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BAK, la fringue qui froisse la police

Les t-shirts Bak créés en réplique aux contrôles de la Brigade anti-criminalité (Bac) n’ont pas plu aux policiers. Perquisitions, saisies de stocks, et procès du créateur de la marque.

"Nique la police !" Stéphane Da Silva, 36 ans, prévient d’emblée qu’il ne fait pas dans ce genre de cliché. Le créateur de la marque de vêtements BAK (prononcer « bé-a-ka ») reçoit dans un salon de thé de l’île Saint- Louis – de quoi casser quelques stéréotypes sur la banlieue.

Depuis dix ans, ce commercial né à la Courneuve s’accroche à sa Brigade anti-K : « Anti-keufs, antikrack, anti-Kalachnikov ou anti- Kärcher, le concept est déclinable à l’infini », explique ce jeune père de famille issu de la cité des 4 000.

Problème, sa série a commencé en 2000 par un tonitruant Brigade anti-keufs. Le parquet de Bobigny ouvre alors une information et deux syndicats de police, Alliance et SGP-FO, se portent partie civile. Au fil des années, la vie de Da Silva se transforme en bras de fer avec la police pour sauver sa marque. Outre les perquisitions et les saisies de stocks, il ne compte plus les gardes à vue : « Une bonne dizaine, une vingtaine peut-être. Mais je laisse faire, sinon c’est rébellion à agent. »

Tout commence par un ras-le-bol : «  En bas de mon immeuble, les contrôles d’identité étaient fréquents – une fois, deux fois, trois fois même pour certains dans une soirée. » En hommage au zèle de cette BAC naît la BAK. Un coup marketing « sincère mais maladroit », admet son créateur. La BAK s’adoucit en « Brigade anti-keufs korrompus ». Au final, c’est un « K libre » qui est déposé, en juillet 2001, pour calmer définitivement le jeu et élargir la gamme. La drogue, les armes, l’homophobie, l’antisémitisme ou le racisme primaire : le discours « anti » se veut militant et universel, mais reste celui d’une banlieue qui s’oppose. «  Je suis d’accord pour ne pas toucher aux symboles de la République, on doit par contre être capable d’entendre le malaise d’une partie de la société. » Cette nuance, la police n’y croit pas, et les jeunes vêtus en BAK atterrissent régulièrement au commissariat.

Da Silva attend avec impatience son procès, prévu le 17 juin prochain au tribunal de Bobigny. Le jeune créateur demandera la restitution des stocks saisis au cours des années chez les fournisseurs – un manque à gagner qu’il estime entre 40 000 et 50 000 euros.

Des flics, Da Silva en a rencontré beaucoup en une dizaine d’années. Certains sont devenus des proches, voire des amis, d’autres entendent son message : « À Toulouse, en 2004, deux condés de la BAC m’ont chacun acheté un tee-shirt à l’issue d’un contrôle routier. » La preuve selon lui que tous les policiers ne se sentent pas obligatoirement visés par son message. Mieux, certains sont prêts à y adhérer : « Certains flics en ont assez du manque de dialogue avec les citoyens. » Et si porter du BAK était le début d’un dialogue avec les policiers ? Da Silva veut y croire. Da Silva a surtout appris à communiquer.

Dessin de Besse - JPG - 23 ko
Dessin de Besse

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30/05/2010
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