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Combat sans merci à droite pour le vote des Français d'Israël

Voilà une campagne électorale législative qui s'annonce sportive ! La nouvelle circonscription électorale des Français à l'étranger, dans laquelle Israël fournit la majorité des votants, prend l'allure d'un combat fratricide à droite, qui rentre de surcroît en collision frontale avec la contestation par une partie de la droite française de la binationalité.

Un an avant le scrutin pour les nouveaux postes de député représentant les Français de l'étranger, deux candidats issus de la droite, et tous deux membres éminents de la communauté juive, ont déjà commencé à s'affronter violemment dans la circonscription Israël, l'Italie, la Grèce, la Turquie, etc. [Au total, onze nouveaux postes de députés représentant les Français à l'étranger ont été créés, mais la 8ème circonscription incluant Israël est d'ores et déjà la plus disputée].

  • Philippe Karsenty, maire-adjoint de Neuilly, connu et admiré dans une bonne partie de la communauté française d'Israël pour sa croisade obsessionnelle contre Charles Enderlin, le correspondant de France 2 à Jérusalem, à propos de son reportage sur la mort du jeune Mohamed Al-Dura en 2000 à Gaza ;
  • Valérie Hoffenberg, ancienne directrice de l'American Jewish Committee (AJC) en France, représentante spéciale de la France pour la dimension économique, culturelle, commerciale, éducative et environnementale du processus de paix au Proche-Orient. Elle bénéficie de l'investiture de l'UMP.

D'Al-Dura à l'Assemblée nationale

Philippe Karsenty (Wikimedia Commons/CC).L'affaire Al-Dura fournit le premier terrain d'affrontement. Philippe Karsenty parcourt le monde, et en particulier les Etats-Unis et Israël, pour dénoncer le reportage de Charles Enderlin, qu'il accuse de supercherie.

Le correspondant de France 2 s'en est expliqué l'an dernier dans un livre, « Un enfant est mort », mais rien n'y fait : Karsenty est le héros d'une partie de la communauté juive française, et de nombreux francophones israéliens, qui s'accrochent à sa version qui conforte une vision conspirationniste et parano.

La posture de Philippe Karsenty sur cette affaire met sa rivale, Valérie Hoffenberg, sur la défensive, elle dont Charles Enderlin disait dans son livre l'an dernier qu'elle avait refusé de participer à la campagne menée contre lui. Au point qu'elle a dû publier une mise au point sur cette affaire :

« Ma position a toujours été claire. J'ai déclaré à plusieurs reprises que Charles Enderlin avait commis une erreur en déclarant que Tsahal avait tué délibérément Mohamed Al-Dura.

D'autre part, j'ai soutenu la position du Crif [Conseil représentatif des institutions juives de France, ndlr] demandant une commission d'enquête. »

Valérie Hoffenberg à l'Assemblée nationale en septembre 2010 (Philippe Wojazer/Reuters).Il suffit de lire la blogosphère pro-israélienne pour voir qu'une campagne est en cours depuis des semaines contre Valérie Hoffenberg, signe à la fois de la fin de la lune de miel entre Nicolas Sarkozy et Israël, et de l'antipathie personnelle contre la candidate.

Jean-Patrick Grumberg, membre du conseil d'administration de la chambre de commerce et d'industrie Israël France, titre ainsi une note de son blog : « Pas une voix juive pour Valérie Hoffenberg ! »

Quant à Philippe Karsenty, il est particulièrement véhément contre sa rivale, qu'il accuse de « mensonges », et écrivait début juin :

« Valérie Hoffenberg et son équipe utilisent donc les mêmes méthodes que son ami Charles Enderlin et l'establishment français ont utilisées contre moi : la diffamation publique ou privée, la diffusion de fausses informations et de calomnies. »

La binationalité en question

L'autre interférence avec la campagne en Israël est la proposition d'une partie de la droite française de remettre en cause le statut de binational, sujet auquel s'est attelé le député UMP Claude Goasguen, dont le projet de rapport rendu public ce mercredi par Libération fait grand bruit.

Or, il se trouve que Goasguen, maire du XVIe arrondissement de Paris et président du groupe d'amitié France-Israël, est pris dans la tourmente de cette campagne électorale franco-israélienne, concernant une circonscription dans laquelle la plupart (98,5%) des électeurs sont en fait des… binationaux !

Claude Goasguen, dont le soutien indéfectible à l'Etat d'Israël n'est plus à démontrer, y compris dans l'outrance, tente de ménager toutes les susceptibilités de ses soutiens. Mais il se trouve que Valérie Hoffenberg a été élue sur sa liste municipale à Paris, et qu'elle bénéficie de l'investiture de l'UMP : il a donc fait lundi sur son blog une déclaration d'« amitié » (capture d'écran ci-dessous) à la candidate, dont certains ont trouvé qu'elle n'était pas un soutien vraiment clair et net.

Capture d'écran de la déclaration d'amitié de Claude Goasguen à Valérie Hoffenberg.

Dans les commentaires de son blog, Claude Goasguen s'attire au passage quelques commentaires ironiques sur le fait que Valérie Hoffenberg serait elle-même binationale, française et israélienne (capture d'écran ci-dessous).

Capture d'écran d'un commentaire sur le blog de Claude Goasguen.

Toujours sur le blog de Claude Goasguen, Philippe Karsenty se paye le luxe de venir dans les commentaires défier sa rivale (capture d'écran ci-dessous) et, surtout, rappeler les propos aimables sur Hoffenberg attribués à Goasguen par le site de droite Atlantico :

« Elle est trop pro-palestinienne pour nous représenter dans cette huitième circonscription où les Français d'Israël pèsent 70% de l'électorat. »

Capture d'écran du commentaire de Philippe Karsenty sur le blog de Claude Goasguen.

Cette campagne risque de polariser l'électorat français d'Israël, qui avait voté à 87% pour le candidat Nicolas Sarkozy au second tour de 2007. La candidate officielle de Sarkozy risque cette fois d'être boudée au profit d'un homme dont le positionnement est assurément plus proche de l'opinion israélienne très à droite de l'heure, et de sa défiance vis-à-vis de l'establishment.

Avec Charles Enderlin dans le rôle de la victime expiatoire, sacrifiée à l'autel du populisme.

Notons néanmoins qu'à part ces deux candidats, il existe une « troisième voie », celle qu'offre la candidate de gauche, Daphna Poznansky, présidente de l'Association démocratique des Français d'Israël et investie par le parti socialiste. Sans grande chance d'être élue, même si elle est la seule des trois à vivre en Israël.



24/06/2011
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