Dans le Sinaï égyptien, la vérité aussi insaisissable que les activistes
Photo: Un habitant du Sinai montre une roquette tombée à quelques mètres de sa maison.
Le soleil se couche sur un village du Sinaï et Abou Asma s'apprête à rompre le jeûne du ramadan lorsque des tirs se font entendre du poste militaire voisin. Il n'y prête pas grande attention, jusqu'à ce qu'une balle vienne frapper sa maison.
Les coups de feu s'arrêtent au bout de quelques minutes. Mais lorsque les voisins se rendent à la frontière avec Israël, ils découvrent les corps sans vie d'une douzaine de soldats, dont certains ont été atteints à la tête.
"Ceux qui ont fait ça étaient très bien formés", dit Abou Asma.
Le massacre de dimanche, comme l'ont décrit les villageois, a fait 16 morts et a envoyé des ondes de choc dans toute l'Egypte, provoquant une opération sans précédent de l'armée pour "nettoyer" le Sinaï des extrémistes islamistes à qui l'attaque a été attribuée.
Depuis quelques jours, des hélicoptères quadrillent le ciel de la péninsule tandis que des chars arrivent vers la frontière avec Israël et la bande de Gaza pour une confrontation que les militaires veulent décisive avec les activistes.
L'armée et la police se sont déjà vantées d'avoir remporté plusieurs "succès", comme la mort de 20 activistes dans des frappes aériennes - les premières dans le Sinaï depuis des décennies - et l'arrestation de six "terroristes" présumés.
Mais les villageois se disent sceptiques, affirmant que les forces de sécurité ont raté leur cible qui s'est tout simplement évanouie dans la vaste étendue désertique et montagneuse du Sinaï.
Au lieu de cela, affirment-ils, les autorités sont revenues aux méthodes de l'ère Moubarak. Une lourde répression s'était en effet abattue sur certains clans bédouins après la vague d'attentats sanglants perpétrés entre 2004 et 2006, augmentant l'hostilité des résidents de la péninsule envers les autorités centrales.
Les familles des six hommes arrêtés nient ainsi catégoriquement qu'ils soient des terroristes, et la femme de l'un d'eux, Eid Saïd Salama, 72 ans, a assuré que son mari était en train de donner à manger à sa chèvre lorsqu'il a été arrêté.
A Toumah, un petit village aux maisons de brique où les forces de l'ordre affirment avoir mené les frappes qui auraient tué 20 activistes mercredi, les habitants accusent l'armée de propagande.
Il y avait bien un site, dans les environs du village, que des islamistes ont utilisé pour s'entraîner, mais ces derniers étaient partis longtemps avant que les blindés n'arrivent sur place, appuyés par des hélicoptères, selon un habitant, Eid Sawarka.
"Il y avait 45 blindés et des véhicules de la police, et deux hélicoptères. Ils ont tiré deux roquettes mais elles n'ont rien touché", assure Abou Mohammed, un autre villageois. Non loin de là, à al-Joura, des résidents montrent le site d'une frappe.
"C'était fait complètement au hasard", estime Mohammed Youssef, en expliquant qu'une roquette a touché un entrepôt de bois et qu'une autre a atterri dans le sable.
Les Bédouins, qui connaissent la région comme leur poche, disent ne pas avoir entendu parler d'un seul décès parmi les membres de leurs tribus, et affirment que les hôpitaux n'ont accueilli ni morts, ni blessés.
Interrogé sur ces doutes, un responsable militaire s'est borné à répondre que les événements "ont été rapportés par tous les médias officiels".
La présence de l'armée égyptienne dans le Sinaï est restreinte, conformément aux accords de paix de 1979 avec Israël prévoyant la démilitarisation de ce secteur.
Depuis la chute de Hosni Moubarak l'an dernier, les activistes ont profité de la montée de l'insécurité pour lancer des attaques de plus en plus audacieuses.
Dimanche, les assaillants avaient utilisé un blindé pris aux gardes-frontière égyptiens pour pénétrer en Israël, où ils ont été tués par une frappe israélienne.
Pour les Bédouins, qui affirment être traités comme des citoyens de seconde zone, si les autorités veulent réussir sur le long terme, elles doivent écouter leurs griefs.
"Il doit y avoir une réconciliation avec les gens du Sinaï. La police doit s'excuser d'avoir tué nos enfants et libérer ceux qui ont été arrêtés sans charges", dit le militant bédouin Mohammed Menei.
Le soleil se couche sur un village du Sinaï et Abou Asma s'apprête à rompre le jeûne du ramadan lorsque des tirs se font entendre du poste militaire voisin. Il n'y prête pas grande attention, jusqu'à ce qu'une balle vienne frapper sa maison.
Les coups de feu s'arrêtent au bout de quelques minutes. Mais lorsque les voisins se rendent à la frontière avec Israël, ils découvrent les corps sans vie d'une douzaine de soldats, dont certains ont été atteints à la tête.
"Ceux qui ont fait ça étaient très bien formés", dit Abou Asma.
Le massacre de dimanche, comme l'ont décrit les villageois, a fait 16 morts et a envoyé des ondes de choc dans toute l'Egypte, provoquant une opération sans précédent de l'armée pour "nettoyer" le Sinaï des extrémistes islamistes à qui l'attaque a été attribuée.
Depuis quelques jours, des hélicoptères quadrillent le ciel de la péninsule tandis que des chars arrivent vers la frontière avec Israël et la bande de Gaza pour une confrontation que les militaires veulent décisive avec les activistes.
L'armée et la police se sont déjà vantées d'avoir remporté plusieurs "succès", comme la mort de 20 activistes dans des frappes aériennes - les premières dans le Sinaï depuis des décennies - et l'arrestation de six "terroristes" présumés.
Mais les villageois se disent sceptiques, affirmant que les forces de sécurité ont raté leur cible qui s'est tout simplement évanouie dans la vaste étendue désertique et montagneuse du Sinaï.
Au lieu de cela, affirment-ils, les autorités sont revenues aux méthodes de l'ère Moubarak. Une lourde répression s'était en effet abattue sur certains clans bédouins après la vague d'attentats sanglants perpétrés entre 2004 et 2006, augmentant l'hostilité des résidents de la péninsule envers les autorités centrales.
Les familles des six hommes arrêtés nient ainsi catégoriquement qu'ils soient des terroristes, et la femme de l'un d'eux, Eid Saïd Salama, 72 ans, a assuré que son mari était en train de donner à manger à sa chèvre lorsqu'il a été arrêté.
A Toumah, un petit village aux maisons de brique où les forces de l'ordre affirment avoir mené les frappes qui auraient tué 20 activistes mercredi, les habitants accusent l'armée de propagande.
Il y avait bien un site, dans les environs du village, que des islamistes ont utilisé pour s'entraîner, mais ces derniers étaient partis longtemps avant que les blindés n'arrivent sur place, appuyés par des hélicoptères, selon un habitant, Eid Sawarka.
"Il y avait 45 blindés et des véhicules de la police, et deux hélicoptères. Ils ont tiré deux roquettes mais elles n'ont rien touché", assure Abou Mohammed, un autre villageois. Non loin de là, à al-Joura, des résidents montrent le site d'une frappe.
"C'était fait complètement au hasard", estime Mohammed Youssef, en expliquant qu'une roquette a touché un entrepôt de bois et qu'une autre a atterri dans le sable.
Les Bédouins, qui connaissent la région comme leur poche, disent ne pas avoir entendu parler d'un seul décès parmi les membres de leurs tribus, et affirment que les hôpitaux n'ont accueilli ni morts, ni blessés.
Interrogé sur ces doutes, un responsable militaire s'est borné à répondre que les événements "ont été rapportés par tous les médias officiels".
La présence de l'armée égyptienne dans le Sinaï est restreinte, conformément aux accords de paix de 1979 avec Israël prévoyant la démilitarisation de ce secteur.
Depuis la chute de Hosni Moubarak l'an dernier, les activistes ont profité de la montée de l'insécurité pour lancer des attaques de plus en plus audacieuses.
Dimanche, les assaillants avaient utilisé un blindé pris aux gardes-frontière égyptiens pour pénétrer en Israël, où ils ont été tués par une frappe israélienne.
Pour les Bédouins, qui affirment être traités comme des citoyens de seconde zone, si les autorités veulent réussir sur le long terme, elles doivent écouter leurs griefs.
"Il doit y avoir une réconciliation avec les gens du Sinaï. La police doit s'excuser d'avoir tué nos enfants et libérer ceux qui ont été arrêtés sans charges", dit le militant bédouin Mohammed Menei.
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