Des chefs musulmans veulent "la fin du massacre" en Libye
TRIPOLI - Une cinquantaine de dirigeants musulmans libyens ont appelé à la "fin du massacre" à Benghazi, la deuxième ville du pays, où des dizaines de manifestants ont été tués par les forces de sécurité dans le cadre d'un mouvement de contestation sans précédent contre le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi.
Le dernier bilan établi dimanche par l'organisation de défense des droits de l'homme Human Rights Watch (HRW), basée à New York, fait état de 104 morts depuis le début de la semaine, après vingt décès samedi à Benghazi.
Selon le quotidien britannique The Independent, deux cents personnes auraient trouvé la mort dans la capitale de la Cyrénaïque lors de la répression du mouvement de contestation qui s'inspire des récentes révolutions tunisienne et égyptienne.
Le gouvernement n'a fourni aucun bilan et n'a fait aucune déclaration officielle sur les manifestations.
La répression sanglante de la contestation populaire du régime de Kadhafi, au pouvoir depuis plus de 40 ans, a poussé une cinquantaine de dignitaires musulmans libyens à publier un appel, envoyé à Reuters, qui exhorte les membres des forces de sécurité, en tant que musulmans, à mettre un terme au massacre.
"C'est un appel pressant de dignitaires religieux, d'intellectuels, de chefs de clan de Tripoli, de Bani Walid, de Zintan, de Jadu, de Msalata, de Misrata, de Zawiah et d'autres villes et villages de l'ouest du pays", peut-on lire.
"Nous appelons chaque musulman, qui se trouve au sein du régime ou l'aidant de quelque façon que ce soit, de reconnaître que le massacre d'êtres humains innocents est interdit par notre créateur et par son prophète (...). Ne tuez pas vos frères et vos soeurs. Arrêtez le massacre immédiatement."
ABSENCE DE JOURNALISTES
Un médecin de Benghazi, cité par la chaîne de télévision Al Djazira, a indiqué que son hôpital avait reçu quinze cadavres et prodiguait des soins à des centaines de blessés.
"Des dizaines de personnes ont été tuées (...) pas 15, des dizaines. Nous sommes au milieu d'un massacre ici", a déclaré pour sa part un témoin à Al Djazira, ajoutant qu'il avait aidé à transférer des victimes dans un hôpital local.
Il est difficile de confirmer de source indépendante les témoignages. Les journalistes étrangers ne sont pas autorisés à se rendre dans le pays depuis le début des violences et les reporters libyens ne peuvent pas aller à Benghazi.
Les liaisons téléphoniques sont fréquemment coupées et l'accès à Internet est bloqué, selon une société américaine de surveillance du réseau.
"Kadhafi va voir du mal à faire des concessions pour survivre. Je pense que l'attitude du régime libyen, c'est tout ou rien", a estimé Sir Richard Dalton, ancien ambassadeur britannique en Libye.
Selon le journal Kourina, proche d'un des fils de Kadhafi et dont le siège est à Benghazi, 24 personnes ont été tuées dans les violences de vendredi.
Le journal ajoute que les forces de l'ordre ont ouvert le feu sur des manifestants qui attaquaient le quartier général de la police et une base militaire abritant un dépôt d'armes.
"Les gardes ont été contraints de faire usage de leurs armes", écrit Kourina.
Selon un témoin italien présent à Benghazi cité par l'agence de presse italienne Ansa, la situation "est complètement hors de contrôle".
"Tous les bâtiments gouvernementaux et institutionnels et une banque ont été incendiés et des voyous saccagent et détruisent tout. Il n'y a personne dans les rues, pas même la police", a raconté le témoin qui a requis l'anonymat.
CALME DANS LE RESTE DU PAYS
En dehors de la ville de Benghazi, située à 1.000 km à l'est de la capitale Tripoli, le reste de la Libye semble calme.
Sur la place Verte, dans le centre de la capitale, près de la médina, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées samedi en brandissant des portraits de Kadhafi et en scandant des slogans favorables au dirigeant libyen, a rapporté un journaliste de Reuters.
Le journal d'Etat Alzahf Alakhdar ("La Marche verte") a estimé que la violence découlait "des projets maléfiques et des complots ourdis par l'Amérique, le sionisme et les traîtres occidentaux."
Les observateurs estiment que la situation en Libye est différente de celles en Tunisie et en Egypte. Kadhafi dispose d'une grande marge de manoeuvre financière pour répondre aux demandes des manifestants et son pouvoir est respecté dans l'ensemble du pays, à l'exception de la Cyrénaïque.
A découvrir aussi
- L'US Navy immobilise 104 chasseurs F/A-18 Boeing
- La région d'Abyei appartient au Nord du Soudan (président Béchir)
- Arabie saoudite : Le Hadj a rapporté cette année 16,5 milliards de dollars
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 51 autres membres