VOCOMIXVSHOLLAND

VOCOMIXVSHOLLAND

Des médecins évoquent l'usage "d'un nouveau type d'arme" à Gaza

 Des médecins évoquent l'usage "d'un nouveau type d'arme" à Gaza
>
> LE MONDE | 12.01.09 |Al-Arish (Egypte), envoyée spéciale
>
> Le bilan des morts de l'offensive israélienne à Gaza, entrée dans sa 17e
> journée, a dépassé lundi le seuil des 900, a annoncé le chef des services
> d'urgence du territoire palestinien. Selon le docteur Mouawiya Hassanein, le
> bilan des tués a atteint 905 après la mort de 15 Palestiniens lundi matin.
> Parmi les morts, figurent 277 enfants, 95 femmes et 92 personnes
> âgées,a-t-il
> précisé. Plus de 3 950 Palestiniens ont en outre été blessés.
>
> Des blessés d'un type nouveau – adultes et enfants dont les jambes ne sont
> plus que des trognons brûlés et sanguinolents – ont été montrés ces derniers
> jours par les télévisions arabes émettant de Gaza. Dimanche 11 janvier, ce
> sont deux médecins norvégiens, seuls occidentaux présents dans l'hôpital de
> la ville, qui en ont témoigné.
>
> Les docteurs Mads Gilbert et Erik Fosse, qui interviennent dans la région
> depuis une vingtaine d'années avec l'organisation non gouvernementale (ONG)
> norvégienne Norwac, ont pu sortir du territoire la veille, avec quinze
> blessés graves, par la frontière avec l'Egypte. Non sans ultimes
> obstacles : "Il y a trois jours, notre convoi, pourtant mené par le Comité
> international de la Croix-Rouge, a dû rebrousser chemin avant d'arriver à
> Khan Younès, où des chars ont tiré pour nous stopper", ont-ils dit aux
> journalistes présents à Al-Arish.
>
> Deux jours plus tard, le convoi est passé, mais les médecins, et
> l'ambassadeur
> de Norvège venu les accueillir, furent bloqués toute la nuit "pour des
> raisons bureaucratiques" à l'intérieur du terminal frontalier égyptien de
> Rafah, entrouvert pour des missions sanitaires seulement. Cette nuit-là, des
> vitres et un plafond du terminal furent cassés par le souffle d'une des
> bombes lâchées à proximité.
>
> "A 2 MÈTRES, LE CORPS EST COUPÉ EN DEUX; À 8 MÈTRES, LES JAMBES SONT
> COUPÉES,
> BRÛLÉES"
>
> "A l'hôpital Al-Chifa, de Gaza, nous n'avons pas vu de brûlures au
> phosphore,
> ni de blessés par bombes à sous-munitions. Mais nous avons vu des victimes
> de
> ce que nous avons toutes les raisons de penser être le nouveau type d'armes,
> expérimenté par les militaires américains, connu sous l'acronyme DIME – pour
> Dense Inert Metal Explosive", ont déclaré les médecins.
>
> Petites boules de carbone contenant un alliage de tungstène, cobalt, nickel
> ou
> fer, elles ont un énorme pouvoir d'explosion, mais qui se dissipe à 10
> mètres. "A 2 mètres, le corps est coupé en deux; à 8 mètres, les jambes sont
> coupées, brûlées comme par des milliers de piqûres d'aiguilles. Nous n'avons
> pas vu les corps disséqués, mais nous avons vu beaucoup d'amputés. Il y a eu
> des cas semblables au Liban sud en 2006 et nous en avons vu à Gaza la même
> année, durant l'opération israélienne Pluie d'été. Des expériences sur des
> rats ont montré que ces particules qui restent dans le corps sont
> cancérigènes", ont-ils expliqué.
>
> Un médecin palestinien interrogé, dimanche, par Al-Jazira, a parlé de son
> impuissance dans ces cas : "Ils n'ont aucune trace de métal dans le corps,
> mais des hémorragies internes étranges. Une matière brûle leurs vaisseaux et
> provoque la mort, nous ne pouvons rien faire." Selon la première équipe de
> médecins arabes autorisée à entrer dans le territoire, arrivée vendredi par
> le sud à l'hôpital de Khan Younès, celui-ci a accueilli "des dizaines" de
> cas
> de ce type.
>
> Les médecins norvégiens, eux, se sont trouvés obligés, ont-ils dit, de
> témoigner de ce qu'ils ont vu, en l'absence à Gaza de tout autre
> représentant
> du "monde occidental" – médecin ou journaliste : "Se peut-il que cette
> guerre
> soit le laboratoire des fabricants de mort ? Se peut-il qu'au XXIe siècle on
> puisse enfermer 1,5 million de personnes et en faire tout ce qu'on veut en
> les appelant terroristes ?"
>
> Arrivés au quatrième jour de la guerre à l'hôpital Al-Chifa qu'ils ont connu
> avant et après le blocus, ils ont trouvé un bâtiment et de l'équipement "au
> bout du rouleau", un personnel déjà épuisé, des mourants partout. Le
> matériel
> qu'ils avaient préparé est resté bloqué au passage d'Erez.
>
> "Quand cinquante blessés arrivent d'un coup aux urgences, le meilleur
> hôpital
> d'Oslo serait à la peine, racontent-ils. Ici, les bombes pouvaient tomber
> dix
> par minutes. Des vitres de l'hôpital ont été soufflées par la destruction de
> la mosquée voisine. Lors de certaines alertes, le personnel doit se réfugier
> dans les corridors. Leur courage est incroyable. Ils peuvent dormir deux à
> trois heures par jour. La plupart ont des victimes parmi leurs proches, ils
> entendent à la radio interne la litanie des nouveaux lieux attaqués, parfois
> là où se trouve leur famille, mais doivent rester travailler… Le matin de
> notre départ, en arrivant aux urgences, j ai demandé comment s'était passé
> la
> nuit. Une infirmière a souri. Et puis a fondu en larmes."
>
> A ce moment de son récit, la voix du docteur Gilbert vacille. "Vous voyez,
> se
> reprend-il en souriant calmement, moi aussi…"


13/01/2009
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 51 autres membres