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Dans une lettre envoyée de sa cellule aux magistrats instructeurs et datant de janvier, Laurence, l’ex-assistante du service achat de la société Cryospace (membre du groupement d’intérêts économique d’EADS), soupçonnée d’avoir détourné avec son concubin, Pascal, 49 ans, plus de 13 millions d’euros au préjudice de cette société des Mureaux (Yvelines) entre 2004 et 2008, détaille les raisons qui l’ont amenée à détourner de l’argent.

Elle explique sur le ton de la confidence la relation amoureuse masochiste qu’elle vit encore avec Pascal, mis en examen et incarcéré lui aussi. « C’est un homme que j’aime aveuglément, un amour douloureux. Tout a basculé dans ma vie il y a plus de quatre ans, lorsque sa violence à mon égard s’est accentuée pour ne plus s’arrêter. »

« Je pensais qu’il arrêterait de boire, d’être violent »

Laurence raconte sa vie conjugale de mère de famille tranquille avant la rencontre avec Pascal : « J’étais heureuse avec le père de ma fille. Nous vivions simplement dans une ambiance familiale. Mes parents m’ont inculqué de grandes valeurs : honnêteté, franchise, respect et courage… »
En 2005, le nouvel homme de sa vie, Pascal, peu enclin à accepter les ordres, monte sa société. Encouragé par ses amis du secteur aéronautique, il compte travailler pour une entreprise du Havre. Mais il est rapidement acculé par ses créanciers. Pascal boit de plus en plus et demande même à sa compagne de l’aider financièrement.
« Malheureusement je suis passée à l’acte avec la fausse facturation, écrit Laurence. Je pensais qu’il arrêterait de boire, d’être violent et qu’on vivrait heureux. Mais Pascal buvait toute la journée et faisait du quad dans les ateliers. Il ne travaillait pas et ne prospectait pas. » La violence s’installe de plus en plus. « Combien de fois il m’a abandonnée dans des restaurants, sur le bord des routes, pour un mot de trop. Pourtant je parlais de moins en moins. » Céline, 21 ans, la fille de Laurence, est revenue hier sur cette histoire d’amour dramatique et l’escroquerie de sa mère, qui a entraîné sa propre mise en examen pour avoir accepté des cadeaux : « Maman et Pascal, c’était la guerre.
Plusieurs fois, je suis allée la chercher aux urgences parce qu’il l’avait frappée. » « Nous sommes issues d’une famille d’ouvriers, raconte l’étudiante. Je ne suis pas née avec une cuillère en argent dans la bouche. On ne connaissait rien de l’univers de l’aérospatiale. Je pensais que ma maman et Pascal avaient monté des sociétés rentables, comme d’autres parents de mes copains de ma classe de BTS. »
La jeune fille est convaincue que la passion de sa mère pour Pascal l’a conduite à la démesure. « Elle a quitté mon père pour s’installer avec son amant lorsque j’avais 13 ans. Pascal s’était déjà fait pincer dans une escroquerie aux Assedic. Maman a vendu la maison qu’elle avait construite avec mon papa pour rembourser ce qu’il avait volé. »
De son côté, Pascal, du fond de sa cellule, ne s’épanche pas sur sa relation amoureuse pour se justifier. Il ne regrette rien et nie avoir eu l’idée de cette escroquerie. « Laurence en a élaboré le procédé. Au départ elle était à la tête de cette escroquerie. C’est elle qui décidait, a-t-il dit lors de l’enquête. Moi, je ne m’intéressais qu’à l’argent. »