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PARIS (Reuters) - La contraction de l'économie française au deuxième trimestre s'est accompagnée d'une baisse de l'emploi salarié qui confirme la dégradation du marché du travail dans la deuxième économie de la zone euro.

L'emploi salarié a reculé de 0,1% au deuxième trimestre en France métropolitaine par rapport aux trois premiers mois de l'année, avec 12.200 emplois détruits dans les secteurs principalement marchands, selon des données provisoires et corrigées des variations saisonnières publiées jeudi par l'Insee.

Cette baisse, la première depuis le premier trimestre 2004, coïncide avec l'annonce d'une contraction de 0,3% du produit intérieur brut de la France au deuxième trimestre.

"Les entreprises ont senti le vent tourner et la récession approcher", constate Alexander Law, économiste au cabinet d'études Xerfi.

Au premier trimestre, 57.400 postes avaient été créés dans les secteurs principalement marchands, après 63.000 au quatrième trimestre.

Le détail des statistiques d'avril-juin montre que l'emploi a encore augmenté de 0,6% dans la construction, avec 8.300 postes créés, mais il a baissé de 0,3% dans l'industrie (-11.600 postes) et, plus significativement, de 0,1% dans le tertiaire (-9.000, après +57.400 au premier trimestre).

Surtout, il a chuté de 6,8% dans l'intérim (45.300 destructions de postes) alors que les emplois intérimaires avaient grandement contribué à la progression de l'emploi total au premier trimestre avec 15.900 créations nettes.

"Ce changement de tendance sur l'emploi intérimaire est généralement significatif d'une forte inquiétude des chefs d'entreprise français", relève Philippe Waechter, directeur de la recherche économique chez Natixis Asset Management. "C'est un signal négatif fort dans la perception de l'environnement."

REMONTÉE DU CHÔMAGE

Les économistes s'attendent à ce que le ralentissement économique entraîne une remontée du chômage en France d'ici la fin de l'année. Le taux de chômage calculé au sens du Bureau international du Travail était de 7,2% au premier trimestre en France métropolitaine, au plus bas depuis 1983, et le chiffre du deuxième trimestre sera annoncé le 4 septembre.

Depuis deux mois, les craintes relatives au marché du travail sont déjà perceptibles dans les enquêtes de confiance auprès des ménages réalisées par l'Insee.

"Alors que le pic d'inflation est probablement passé, ces craintes vont prendre le pas sur les inquiétudes concernant les prix et peser sur le moral des ménages au second semestre", remarque Mathieu Kaiser, économiste chez BNP Paribas.

"Dans ces conditions, les effets du paquet fiscal sur le revenu des ménages, surtout sensibles en septembre au moment du paiement du solde de l'impôt sur le revenu, pourraient être très insuffisants pour faire rebondir la consommation à court terme."

Selon l'Insee, le nombre de salariés dans les secteurs principalement marchands s'établissait à 16.080.900 au 30 juin.

Si le chiffre est inférieur de 0,1% au niveau du 31 mars, il reste en hausse de 1,1% sur un an.

Les données révisées du deuxième trimestre seront publiées le 11 septembre.

Les données sur les salaires, également publiées jeudi, montrent que l'indice du salaire mensuel de base a progressé de 0,9% au deuxième trimestre et de 3,1% sur un an, alors que les prix pour l'ensemble des ménages et hors tabac augmentaient de 1,3% et de 3,5% respectivement. L'indice du salaire horaire de base des ouvriers (SHBO) a progressé pour sa part de 1,1% au deuxième trimestre et de 3,4% sur un an, progressions qui tiennent pour partie à la revalorisation anticipée du salaire minimum de 2,3% intervenue au 1er mai 2008.