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Etats-Unis: l'état sans scrupules

Etats-Unis: l'état sans scrupules
En dépit du fait que les États-Unis ne font face à aucun ennemi, nulle part dans le monde, qui soit capable de s'opposer à lui sur un champ de bataille, le budget de la Défense pour 2011 va augmenter de 7,1 % par rapport aux niveaux actuels. Une grande partie des nouvelles dépenses nouvelles sera pour l’acquisition de drones, la plus récente contribution de l'Amérique à la civilisation occidentale, capables de surveiller de grandes zones et de dispenser la mort depuis le ciel. C'est une vision typiquement américaine de la guerre, avec un "pilote" assis dans un bureau à l’autre bout du monde et qui, en en appuyant sur un bouton, peut abattre une cible au sol. Hygiénique et mécanique, c'est un peu comme un jeu vidéo sans aucun nettoyage salissant.  
 Les États-Unis ont récemment publié le « Rapport trimestriel sur la défense » qui explique comment le Pentagone va développer une nouvelle génération de drones qui pourra rester en l'air pendant de longues périodes et frapper n'importe où dans le monde et à tout moment pour tuer les ennemis de l'Amérique. Ces super drones seront de deux catégories: ceux qui peuvent voler à des vitesses supersoniques et d'autres qui seront assez grand pour transporter des armes nucléaires. Certains des nouveaux drones seront conçus pour la marine, capable de décoller d’un porte-avions et de projeter la puissance de feu américaine encore plus loin.  
 Les drones sont particulièrement appréciés par les décideurs politiques, car ils ne sont pas surveillés et peuvent voler au ras du sol ; donc ils peuvent violer l'espace aérien d’un état souverain "accidentellement"
sans qu'il en résulte nécessairement un incident diplomatique.  
 
 Le choix de Washington pour les drones comme arme privilégiée pour l'assassinat international est l'une des raisons majeures pour lesquelles les États-Unis sont devenu l'empire du mal. Les drones constituent le bras armé de cette politique qu’on appelle « Doctrine Bush ». En vertu de la doctrine Bush, Washington a affirmé qu'il avait le droit d'utiliser sa force militaire préventive contre n'importe qui dans le monde et à tout moment si la Maison Blanche avait décidé qu’une telle action était dans l’intêret de la défense des États-Unis.  
 Le Vice President Dick Cheney avait défini cette doctrine en termes de pourcentage, en affirmant que s'il y avait 1% de chance qu’un évènement dans le monde puisse mettre en danger les Américains, le gouvernement des États-Unis était tenu d'agir. Il convient de noter que le président Barack Obama n'a pas renié ni la doctrine de Bush ni la solution des 1% de Dick Cheney, et a même été jusqu'à affirmer que l'Amérique mène une « guerre juste », selon la terminologie chrétienne, une position contestée par le pape Benoît XVI, entre autres.  
 Loin d’éviter la guerre et le meurtre, le nombre et l'intensité des attaques de drones a augmenté sous la présidence Obama, tout comme le nombre de victimes civiles, désignées par euphémisme comme des «dommages collatéraux».  
 
 Les drones tuent actuellement des gens en Afghanistan, au Pakistan, au Yémen et en Somalie. Il convient de noter que les États-Unis ne sont officiellement en guerre avec aucun de ces pays, ce qui devrait amener à considérer, dans un monde sain d'esprit, que ces meurtres sont illégaux au regard du droit international et de la Constitution américaine. Les pères fondateurs de l'Amérique ont mis en place des contraintes constitutionnelles pour qu'il soit difficile pour les Américains d'entrer en guerre, exigeant un acte de guerre approuvé par le Congrès. Malheureusement, cela n'a pas fonctionné de cette façon. Les États-Unis ont été impliqués dans une guerre quasi constante depuis la Seconde Guerre mondiale, mais pourtant, la déclaration de guerre la plus récente date du 8 Décembre, 1941.  
 Et puis il ya les opérations spéciales et clandestines qui foisonnent dans le monde. Mis à part Israël, aucun autre pays au monde n'a une politique ouvertement déclarée d’assassinats ciblés, tout autour du globe. On pourrait penser que la communauté internationale devrait par conséquent considérer aussi bien Tel Aviv que Washington comme des parias, mais la peur d'offenser la seule superpuissance du monde et son principal client a fait taire la plupart des critiques. La plupart des nations se sont résignées à laisser les équipes d'assassins et les drones armés fonctionner comme cela leur plait. Si l'Iran devait exploiter des drones et désintégrer ses ennemis dans des endroits comme Dubaï, vous pouvez être sûr que la réaction serait bien différente.  
 
 Mais cela ne s'arrête pas là. Le procureur général des Etats-Unis sous la présidence Obama, Eric Holder, a bloqué toute possibilité d’enquête sur l'utilisation de la torture par les fonctionnaires américains, principalement ceux de la CIA. L'Administration prétend avoir arrêté cette pratique, mais a déclaré que personne ne sera puni pour avoir obéi à des ordres demandant d’obtenir des aveux en utilisant la technique du « waterboard » [ndt: le prisonnier est attaché à une planche et plongé dans l’eau régulièrement jusqu'à obtention des aveux], un argument qui n'était pas acceptable au procès de Nuremberg en 1946 et ne devrait pas être acceptable maintenant.  
 Les États-Unis sont signataires de l'accord international sur la torture et il y a aussi, tant au niveau fédéral que national, des lois qui en interdisent l'exécution soit en l’utilisant, soit en permettant cette pratique ; donc la décision de Eric Holder est essentiellement la décision d'ignorer les crimes graves qui ont été commis contre des individus qui, dans de nombreux cas, étaient à la fois impuissants et totalement innocents.  
 Elle ignore également la participation des avocats du ministère de la Justice et des médecins de la CIA dans ce processus, une participation que la plupart auraient dû considérer comme immorale et contraire à l'éthique.
Pire que tout, elle permet de blanchir les vrais criminels de guerre, des gens comme George Tenet et les fonctionnaires de la Maison Blanche qui ont approuvé cette pratique. Tenet, on s'en souvient, a reçu la Médaille présidentielle de la liberté et un contrat de 4 millions de dollars pour son livre. Il enseigne toujours à l’université de Georgetown.  
 Les avocats du ministère de la Justice, John Yoo et Jay Bybee, qui ont développé l'argumentation juridique autorisant la torture sont maintenant respectivement professeur titulaire à Berkeley et juge à la Cour d'appel fédérale. On suppose que les tortionnaires de la CIA continuent à être employés par le gouvernement fédéral ou bénéficient d'une retraite confortable.  
 Voilà pour la comptabilité des crimes de guerre sous le président Obama.  
 
 Enfin, il y a les assassinats.  
 Le 3 Février 2010, le directeur du renseignement national Dennis Blair a affirmé lors d'un briefing au Congrès que les États-Unis se réservent le droit de tuer les citoyens américains à l'étranger qui ont activement "collaboré" avec des groupes considérés comme terroristes. La « collaboration» est, bien sûr, une expression très souple qui laisse une marge de manœuvre maximale pour ceux qui cherchent à justifier un cas d'exécution sommaire.  
 Cette « liste de la mort » engendre une sorte de procédure régulière, en ce sens qu'un fonctionnaire du gouvernement prend la décision [ndt :
d’exécution] qui selon lui repose sur une procédure prédéfinie, mais qui ne permet pas à l'accusé de contester ou réfuter les preuves de son implication.  
 Il convient également de noter que personne au sein du Congrès ne s'est opposé à la déclaration de Dennis Blair et les médias ont à peine relayé l'histoire, ce qui suggère que l’acceptation de cette activité illégale et immorale imprègne désormais tout le système.  
 Comme l’a signalé l’ancien sous-procureur général de la présidence Reagan, Bruce Fein, la décision de suspendre les droits constitutionnels d’un citoyen US à l'étranger peut être étendu à toute personne aux Etats-Unis en le désignant comme « combattant ennemi » selon les termes de la Loi sur les Commissions Militaires. [Military Commissions Act.]  Jose Padilla a été privé de son droit constitutionnel à un procès équitable, même s'il était un citoyen américain et a été arrêté à Chicago, pas à l'étranger.  
 Peut-on anticiper les exécutions extrajudiciaires de citoyens américains en Amérique dans le cadre de la guerre contre la terreur? Bien sûr nous le pouvons. Trois grèves et vous êtes dehors, M. Obama.  
 Votre gouvernement est synonyme de mise à mort préventive et de frappes de missiles sur des personnes vivant dans des pays avec lesquels l'Amérique n'est pas en guerre, et permet aux tortionnaires et à leurs donneurs d’ordres de vivre en liberté, et a fait valoir le droit d'assassiner ses propres citoyens partout dans le monde en se fondant sur des preuves secrètes.

 Ronald Reagan a décrit sa vision de l'Amérique comme une ville qui brille sur une colline. Au cours des dix dernières années, la ville illuminée est devenue la nation sans scrupules, gonflée par la puissance et l'orgueil, en dépit des signes visibles de son déclin et de sa chute inexorable vers une fin catastrophique.


21/03/2010
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