Impossibilité de contester un PV : la France condamnée
La Cour européenne des droits de l'homme a donné raison jeudi 8 mars à deux automobilistes français qui se plaignaient de l'impossibilité pour eux de contester une amende, estimant que l'Etat avait violé leur droit d'accès à un tribunal.
La voiture de Jean Cadène avait été flashée en août 2007, celle de Damien Célice en juin 2008. Après avoir réglé le montant de l'amende de 68 euros à titre de consignation, M. Cadène avait adressé une requête en exonération à l'administration, estimant ne pas pouvoir se reconnaître en l'absence du cliché photographique. M. Célice avait fait de même, en expliquant ne pas avoir été le conducteur du véhicule lors de l'infraction.
Leurs demandes avaient été déclarées irrecevables par l'officier du ministère public, et la consignation avait été automatiquement considérée comme un paiement de l'amende. M. Cadène s'était en outre vu retirer un point sur son permis de conduire.
LE MINISTÈRE PUBLIC A "EXCÉDÉ SES POUVOIRS"
Selon la cour de Strasbourg, l'officier du ministère public a rejeté ces requêtes "pour des raisons erronées" et a "excédé ses pouvoirs", qui se limitaient à l'examen de la recevabilité de la demande. Les juges se sont également référés à une décision du Conseil constitutionnel en 2010. Les Sages avaient jugé qu'après la conversion du paiement de la consignation en paiement de l'amende, "l'impossibilité de saisir la juridiction de proximité d'un recours contre cette décision est incompatible avec le 'droit à un recours juridictionnel effectif'".
Les requérants, qui demandaient le remboursement de leur amende, n'ont en
revanche pas eu gain de cause. La Cour a estimé qu'elle ne pouvait "spéculer
sur l'issue de la procédure si le requérant avait eu accès à un tribunal".
Elle a également rejeté la demande de M. Cadène de report du point retiré sur
son permis de conduire, s'affirmant incompétente sur ce fait.
"La décision rendue par la CEDH a tranché un point essentiel, à savoir l'affectation d'une consignation au paiement d'une amende, ce qui privait par la suite le justiciable de tout recours contentieux", a déclaré Me Frédéric Bonnet, l'avocat de Jean Cadène.
A découvrir aussi
- Nouvelle baisse de 1,5% des prix des logements anciens en août
- Les radiologues creusent le trou de la Sécu
- 17/12 La Banque de France victime d'une attaque sur Internet
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 51 autres membres