Infirmières bulgares : où l’on reparle de rançon, Sarko le menteur
C’était il y a deux ans jour pour jour, le 3 août 2007. Nous écrivions alors dans ces colonnes : "Sarkozy se moque de vous : Français, réveillez-vous !" Nous parlions de l’affaire de la libération des infirmières bulgares otages de Khadafi et nous égosillions à dénoncer le mensonge d’Etat. Piqûre de rappel : "Ni l’Europe ni la France (n’ont) versé la moindre contribution financière à la Libye", prétendait le président. Il niait aussi toute contrepartie sous la forme d’un troc nucléaire ou d’un accord de vente d’armes. Quelques mois plus tard, le 10 décembre exactement, nous pouvions écrire : l’ex-émissaire européen en Libye, Marc Pierini, a apporté jeudi dernier de l’eau à notre moulin par ses déclarations sans ambiguité aucune devant la commission d’enquête parlementaire : "L’élément décisif a été la disponibilité de la France à se prêter à une discussion, fondamentale pour le colonel (Mouammar) Kadhafi, sur les armements et le nucléaire", a en effet déclaré celui qui a participé à tout le processus ayant permis la libération le 24 juillet des 5 infirmières bulgares et du médecin palestinien, incarcérés depuis 1999 et condamnés à mort sous l’accusation prétexte absurde d’avoir inoculé le virus du sida à des enfants libyens. Et la dépêche AFP de conclure : "Paris et Tripoli avaient conclu un mémorandum d’entente sur le nucléaire civil et plusieurs accords de coopération, notamment dans le domaine militaire. Peu après, un contrat de ventes d’armes entre le groupe européen EADS et la Libye était annoncé". Le témoignage accablant de Pierini n’a pas fait beaucoup de bruit. Il était pourtant explosif : aux Etats-Unis - c’est sans la doute l’une des seules choses que nous envions à leur système politique -, un président coupable de mensonge est contraint de démissionner. Question de morale publique (qui voulait "remettre de la morale en politique", déjà ?). Or Sarkozy est convaincu d’avoir nié à tort le volet nucléaire et ventes d’armes. Qu’en est-il de la troisième partie de son mensonge, qui concerne les contributions financières ?
Lisons Rue89 ? "L’information est passée totalement inaperçue en France (encore ! NdA) mais a fait son petit effet en Bulgarie. La semaine dernière, Boyko Borisov, le nouveau Premier ministre bulgare, a accusé son prédecesseur Sergueï Stanichev d’avoir versé 72 millions de dollars à la Libye pour obtenir la libération des infirmières bulgares en 2007. (...) Si ce « paiement » contre libération a bien eu lieu, il ternit également une réussite attribuée à Nicolas Sarkozy, quelques semaines après son élection, et dont le président a toujours assuré qu’elle était avant tout diplomatique. La France a toujours nié avoir versé de l’argent à la Libye sans s’avancer toutefois sur la participation financière des autres pays. (...) L’Elysée préfère que l’on garde l’image de l’ancienne première dame, polo blanc et traits tirés, sur le tarmac entouré d’otages libres et souriants, et maintient la thèse officielle : une formidable négociation menée par Nicolas Sarkozy (et un peu par l’Union Européenne)." Si ce qu’affirme le Premier ministre bulgare est exact, la Bulgarie, après l’avoir vigoureusement nié, aurait bien versé une rançon. Voilà la version "diplomatique" du chef de l’Etat français sérieusement mise à mal ! Et la France s’est-elle elle aussi acquittée d’une rançon (en plus des 460 millions d’euros versés au Fonds de Benghazi d’aide aux familles des enfants contaminés par le sida par la France, l’Union européenne et avancés par le Qatar) ? "Deux ans après la libération des infirmières bulgares, le nouveau Premier ministre bulgare prononce le mot « rançon ». Et relance un secret de polichinelle. S’il est clair maintenant que la Libye a reçu de l’argent pour cette libération, la question demeure : combien, et de qui ?... ", interroge Alexandre Lévy sur Bétapolitique. Bonne question. Comptez sur nous pour ne pas lâcher l’affaire : "Sarkozy, je te vois" !
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