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La victoire d'Obama : une défaite pour le colombien Uribe

Alvaro Uribe a beaucoup à perdre avec l'élection de Barack Obama.(Photo : Reuters)

Alvaro Uribe a beaucoup à perdre avec l'élection de Barack Obama.
(Photo : Reuters)

Le président colombien est inquiet. Alvaro Uribe a construit sa politique contre la guérilla et contre les cartels de la cocaïne avec l’entier soutien de la Maison Blanche. Avec George Bush aux affaires, la diplomatie américaine avait fait de la Colombie son principal allié régional. En huit ans, l’administration américaine a versé cinq milliards de dollars aux Colombiens, dans le cadre du « Plan Colombie ». Mais le Congrès démocrate s’est opposé au renouvellement du Traité de libre-échange entre les deux pays. Avec une majorité amplifiée et la Maison Blanche entre leurs mains, les démocrates américains risquent de compliquer la vie d’Alvaro Uribe.

Jeudi 6 novembre 2008, au lendemain de l’élection de Barack Obama à la Maison Blanche, les Etats-Unis ont décidé de suspendre leur aide financière à trois unités militaires colombiennes. Ces trois unités sont impliquées dans le meurtre de onze jeunes gens qu’elles avaient fait passer pour des rebelles des FARC, la guérilla colombienne. Il n’y a pas de lien officiel et apparent entre la victoire de Barack Obama et cette décision. Selon l’ambassade américaine à Bogota, qui a révélé la décision, celle-ci a été prise « conformément aux lois des Etats-Unis ». Et l’aide dont sont privées ces trois unités sera versée à d’autres bataillons colombiens. Cependant, la coïncidence est pour le moins troublante.

Les démocrates n’aiment pas Uribe

Car les démocrates américains ne portent pas Alvaro Uribe dans leur cœur. Certes, ils soutiennent sa lutte contre les FARC. Barack Obama a d’ailleurs dit publiquement, pendant la campagne électorale qui vient de se terminer, son soutien au combat contre les ex-ravisseurs d’Ingrid Betancourt. Cependant, les méthodes musclées d’Alvaro Uribe, son cynisme, son peu de respect pour les droits de l’homme, son mépris pour les organisations qui les défendent, son indifférence aux combats syndicaux et au grand nombre de syndicalistes assassinés en Colombie, heurtent les parlementaires démocrates.

La production de cocaïne à la hausse

D’ailleurs, à la demande de Joe Biden, aujourd’hui vice-président élu des Etats-Unis, mais hier encore sénateur et président de la Commission des relations Extérieures du Sénat, un rapport assez critique pour le président Uribe vient d’être divulgué à Washington. Ce rapport émane du Bureau d’audit général du Sénat. Celui-ci contrôle l’utilisation des aides distribuées par le gouvernement américain. Or, les conclusions de ce document ne sont pas franchement positives pour les dirigeants colombiens.

Grâce à l’important effort financier, consenti par les autorités américaines, cinq milliards de dollars octroyés à Bogota, en huit ans, dans le cadre du « Plan Colombie » le président Uribe a pu considérablement renforcer son armée, améliorer la formation de ses soldats et remporter d’importants succès contre les FARC, le principal d’entre eux étant, début juillet 2008, la libération d’Ingrid Betancourt et de plusieurs autres otages détenus avec elle dans la forêt colombienne. Mais la lutte contre la guérilla n’est, aux yeux des Américains, qu’un des moyens de freiner le développement des exportations de cocaïne vers les Etats-Unis. Selon les termes du « Plan Colombie », l’objectif était de réduire culture de coca et production de cocaïne de moitié. Or, le rapport du Bureau d’audit général du Sénat constate que « la culture de la coca et les niveaux de production de cocaïne ont augmenté, respectivement de 15% et 4% entre 2000 et 2006 ».

Un Traité de libre-échange en question

Ce rapport atterrira évidemment sur le bureau du président Obama, lorsqu’il aura le temps de s’occuper de la question colombienne. Et il ne pourra que renforcer les adversaires d’Alvaro Uribe au sein de la nouvelle administration américaine. Ils trouveront certainement là un argument supplémentaire pour s’opposer à la signature du Traité de libre-échange entre Bogota et Washington.

Depuis deux ans, le Congrès américain, où les démocrates sont majoritaires, fait en effet obstacle à la ratification de ce Traité. Précisément parce qu’ils souhaitent une amélioration de la situation des droits de l’homme en Colombie. George Bush a beau insister, Alvaro Uribe a beau faire campagne auprès des démocrates, rien, jusqu’à présent, ne les a fait plier.

Le chantage de George Bush

George Bush tient tellement à la ratification de ce Traité avec Bogota, qu’il en a fait une des priorités pour la fin de son mandat. Certaines informations en provenance de Washington font état de sa volonté de négocier avec Barack Obama. George Bush n’opposerait pas son veto au programme de relance de 100 milliards de dollars voulu par le président élu. En échange, Barack Obama et les démocrates accepteraient de ratifier le Traité de libre-échange avec Bogota. On n’en n’est pas encore là. Mais le président colombien Alvaro Uribe perdra, le 20 janvier prochain, en la personne de George Bush, un précieux allié.



07/11/2008
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