Le mea culpa de l'acteur principal du film "Djihad" de Félix Olivier (Canal Plus): "Pardon pour ce film"
J'ai participé à un film qui traite d'islam, de guerre et de politique, je tiens donc à m'excuser auprès des spectateurs, des croyants et des musulmans en particulier qui se sont sentis mal à l'aise à l'issue de ce film pour différentes raisons. Je m'explique.
Décrocher le rôle de Chérif dans Djihad de Félix Olivier (Canal Plus) m'avait rempli de joie. C’était mon premier rôle principal. J'étais trop content ! Après de longues années d’auditions, de doutes, d’incertitudes, enfin ! Incroyable ! Ajoutez à cela le fait d’avoir coiffé au poteau une centaine de comédiens aux auditions et de jouer avec des acteurs connus et les conditions sont réunies pour que l'aspect politique du film et ses intentions ne fassent plus partie de vos préoccupations. Enfin, un petit peu mais le train était déjà en marche.
Nous avons tourné une bonne partie du film au Moyen-Orient dans les villes arabes comme Jaffa ou Akka et Allah l'Unique m'a permis de visiter Jérusalem le « berceau des religions », une ville magnifique et tout particulièrement l’Esplanade des mosquées (Haram al-Sharif) où j’ai eu le privilège de prier la prière du vendredi à la mosquée sacrée d'Al- Aqsa (Masjid Al-Aqsa), troisième lieu saint de l’islam après Médine et La Mecque. Je souhaite à tout croyant de visiter un jour ce lieu sacré qui laisse un souvenir impérissable. C’est pour moi le seul souvenir positif de cette expérience, outre le fait d’avoir goûté à ce que je voulais faire depuis des années, maintenant que c’est fait je peux passer à autre chose.
J’ai découvert de cette manière ce qu'on ne vous enseigne pas en fac de cinéma ou dans les conservatoires de théâtre ; le code de bonne conduite : l'hypocrisie, l'orgueil, l'immodestie, les faux semblants, le pathétisme etc. La course à la reconnaissance et aux richesses finit forcément par vous déconnecter du monde réel et vous plonge dans les bas-fonds de quelque chose que vous ne soupçonniez pas. Un autre « délire » quoi, la simplicité et la sincérité en moins.
C'est aussi la période de ma vie où paradoxalement j'ai été le plus triste, allant même jusqu'à regretter la période ou j'étais vendeur de chaussures à Usine Center pour environ 450 euros le mois et à plus de d'une heure trente de trajet de chez moi. Comment expliquer ce sentiment ? En Islam, en parle de « baraka », de bénédiction. Ce peu d'argent aussi minime soit-il me contentait. Je m'en rends compte aujourd'hui. Depuis, j'ai enchaîné avec d'autres films mais ce n'était plus du tout comme avant. C'est toujours comme ça, les meilleurs moments sont toujours ceux ou l’on désire les choses puis quand on les obtient...
Et il y a surtout le sujet du film et l'objet même de mon mea culpa. L'Islam.L'Islam dans le double téléfilm Djihad est encore associé au terrorisme où les musulmans sont des êtres manipulables et violents. Si ces personnages montrés à l'écran existent ou ont existé, est-il nécessaire de représenter une infime minorité pour convaincre une majorité que l'islam c'est « ça », une religion venue d'ailleurs qu'on associe aux armes à feu, aux explosions et aux kamikazes?
Le film montre aussi le fantasme de l'endoctrinement des jeunes de banlieue totalement écervelés en proie à l'éclatement de la cellule familiale et au deal de la cité qui vont combattre pour « l'amour de Dieu ». Pourquoi ne montre-t-on pas les musulmans qui combattent pour la paix, l’amour, la tolérance dans leur quotidien ?
Dans un passage du film, j'avais demandé à la production qu’il serait judicieux que mon personnage, qui va combattre en Irak, ne tue personne et se retrouve embarqué à Guantanamo par accident, pour être en accord avec la réalité où la plupart des prisonniers détenus sur la base américaine étaient innocents. Ce changement n'a pu être possible. L’incarcération de Chérif à Guantanamo Bay devait être en quelque sorte justifiée. Sauf que la réalité dépasse la fiction, la justice française a relaxé les cinq Français présents là-bas, ces mêmes Français présumés coupables.
Je regrette sincèrement et profondément d'avoir participé à une œuvre qui ne reflète pas la vraie nature de l'Islam mais plutôt son fantasme et ses peurs. Je n'ai pas le pouvoir de revenir en arrière, bien que ce film ait changé ma vie (...), je m'excuse donc et demande pardon auprès des spectateurs en général et des musulmans en particulier que j'ai pu offenser. Pour s’intéresser à l'Islam il faut se pencher directement sur le Saint Coran et sa science, pas sur l'amas d'idées reçues véhiculées ici et là.
Je ne crache sur personne, je m'excuse juste en mon nom propre pour ma participation à quelque chose qui même si fondamentalement n'atteint pas l'Islam, ne lui fait pas du bien.Idem pour mes participations précédentes, je m'excuse si cela a atteint des personnes car ce n'était pas mon intention. Je ne veux pas me retrouver parmi ceux qui ont vendu leur religion à vil prix car c'est aujourd'hui la chose la plus importante à mes yeux. Une des conditions du repentir sincère en islam c'est de demander pardon aux personnes à qui l'on a fait du mal ou du tort et Allah m'en est témoin via cette lettre.
A tout ceux qui ne comprennent pas ma soudaine envie d'arrêter le cinéma et mon intérêt pour l'Islam alors je répondrai que l'important c'est que je me comprenne moi-même. Ce film a été diffusé dans plusieurs pays du monde, notamment dans les pays du Maghreb, en espérant que mes excuses atteignent les personnes qui se sont senties mal à l’aise ou offensées, au-delà des frontières. Merci d'avance de véhiculer ce message, insignifiant pour les gens mais très important pour moi.
Faites des du'aas, (invocations) pour moi dans vos prières. Merci d’avance.
Qu'Allah l'Unique me pardonne. Amin.
Salam Aleykoum (Paix sur vous).
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