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WASHINGTON (Reuters) - Les démocrates ont accru mardi leur majorité à la Chambre des représentants et au Sénat mais devraient échouer de justesse à franchir la barre de la majorité qualifiée à la chambre haute.

Ce seuil fatidique des 60 sénateurs sur 100 leur aurait permis d'empêcher la minorité républicaine de bloquer le travail législatif par des procédures d'obstruction ("filibusters").

"Nous ne pourrons pas arriver à 60. Mais je pense que nous gagnons au moins six sièges, peut-être sept", soulignait un responsable démocrate mardi en fin de soirée.

En fin de soirée, le parti de l'âne était assuré de décrocher au moins cinq nouveaux sièges, apportant une majorité certaine de 56 sénateurs au président élu Barack Obama.

Dans trois Etats, le Minnesota, l'Oregon et l'Alaska, les sénateurs républicains sortants disposaient d'un court avantage mercredi tandis qu'en Géorgie, où se jouait une triangulaire, le républicain Saxby Chambliss devra passer par un second tour.

Le Sénat renouvelait 35 de ses 100 sièges. Les démocrates avaient 51 sièges dans le Sénat sortant, contre 49 pour les Républicains. Sur ces 35 sièges, 23 étaient tenus par des républicains et 12 par des démocrates.

A la Chambre des représentants, où tous les sièges étaient remis en jeu, les démocrates, qui étaient majoritaires dans l'assemblée sortante avec 235 sièges contre 199 aux républicains, remporteraient entre 261 et 274 sièges selon les projections de la chaîne MSNBC.

"Ce soir, le peuple américain a réclamé une nouvelle direction", a réagi Nancy Pelosi, présidente démocrate de la Chambre des représentants. "Ce changement dépendra en très grande partie du bipartisanisme, de la courtoisie que nous mettrons dans notre dialogue et de la responsabilité fiscale que nous mettrons dans notre législation."

"ON NE POURRA PAS TOUT FAIRE EN UNE NUIT"

Sans obtenir de majorité qualifiée au Sénat, les démocrates tablent cependant sur une attitude "plus coopérative" de la part des sénateurs républicains. "Ils vont devoir comprendre que leur vieille méthode consistant à tout bloquer ne fonctionne plus", a dit un assistant parlementaire démocrate. "Leur parti s'est fait botter les fesses ce soir !"

Tout en félicitant Obama pour sa victoire, le chef de file des républicains à la Chambre des représentants, John Boehner, a cependant laissé entrevoir de solides passes d'armes sur la colline du Capitole: le président élu "a esquissé une feuille de route politique inquiétante qui porte la marque de puissants intérêts libéraux (ndlr, de gauche)", a dit l'élu de l'Ohio.

Surfant sur l'impopularité sans précédent de George Bush, portés par la crise économique, les démocrates abordaient ce renouvellement partiel du Congrès en position de force.

Deux anciens gouverneurs démocrates, Mark Warner en Virginie et Jeanne Shaheen dans le New Hampshire, ont décroché des sièges de sénateur tenus par les républicains mais dont les titulaires, John Warner et John Sununu, s'étaient retirés de la vie politique à l'occasion de ce scrutin.

En Caroline du Nord, Elizabeth Dole, épouse de Bob Dole, candidat républicain à la Maison blanche battu par Bill Clinton en 1996, a été détrônée par la démocrate Kay Hagan.

Retrait des troupes américaines en Irak, révision de la politique fiscale, riposte à la crise financière sans précédent depuis les années 1930 sur fond de déficits fédéraux records: le nouveau Congrès se réunira en janvier et la tâche qui attend à présent les démocrates est à la hauteur des espoirs suscités par la candidature d'Obama.

"Les attentes sont élevées", admettait avant le scrutin Chris Van Hollen, représentant du Maryland et président du comité de campagne démocrate à la Chambre. "Nous allons avancer le plus vite possible, mais nous devons gérer les attentes et expliquer qu'on ne pourra pas tout faire en une nuit."