Samedi 18 octobre dans l’après-midi, le monde du football a été parcouru d’un grand frisson. De ceux que seuls peuvent faire courir des êtres exceptionnels, uniques. Des légendes. Et Sepp Blatter, le tout puissant et bien aimé président de la Fifa a sans conteste sa place en ce panthéon.
Blatter, un pilote méconnu
Au volant de sa luxueuse Mercedes 6,2L, le patron du foot mondial, a déboulé dans ce cercle très fermé, panache au vent… Entré tambour battant en un tunnel alpin, le petit Suisse, sans doute trop attiré par la lumière, n’a pu éviter la voiture qui le devançait. Trop lente et pas assez preste à laisser la voie libre au maître, l’impétrant se fait percuter, malgré une manœuvre assez désespérée. Emportée par l’action, la Merco de Sepp a traversé la double ligne blanche et s’en est allée percuter une Golf Volkswagen qui arrivait en sens inverse.
Trois tonneaux plus loin comme autant d’hommages à la grandeur de Blatter, la Golf s’immobilise. Son conducteur ne souffre que de blessures légères. Par miracle, il ne transportait aucun passager. Le bolide de Blatter a lui parcouru plusieurs dizaines de mètres après la collision avant de pouvoir s’arrêter grâce à la pente du talus, assez raide à cet endroit. La Majesté prend du temps pour s’arrêter.
Les médias suisses ont indiqué – comme en témoignent les photos de l’accident- qu’immédiatement après la collision, et dans le but apparent de retarder l’identification du propriétaire du véhicule, quelqu’un a retiré les plaques minéralogiques du véhicule de Blatter. De la pudeur après une si belle action, encore une fois la marque des grands. Les plaques de la Volkswagen, en revanche, sont restées en place. Spectatrices. La police bernoise mène l’enquête, en vue de l’homologation de la prestation certainement.
Le mystère de la Merco
Laissant planer un mystère mâtiné d’humilité, le président de la Fifa n’a pas souhaité s’étendre sur la grandeur de la performance. Son porte-parole, Hans Klaus, s’est contenté de déclarer qu’il n’avait pas été blessé et était de retour au travail.
Mais un tel exploit attise souvent les sourires moqueurs ou les remarques soupçonneuses. Pourquoi Blatter voyageait apparemment seul, sans son chauffeur ou son amie blonde polonaise Ilona ? Leur relation est-elle devenue orageuse ? osent les iconoclastes. Et d’aucuns, perfides, de jeter le soupçon et minimiser le grand œuvre, en ressortant toujours les mêmes arguments.
Le véhicule de Blatter, une Mercedes SL63 AMG, possède un moteur de 525 chevaux, des pneus extra larges et peut atteindre 100 kilomètres à l’heure en 5 secondes. Son goût pour les grosses cylindrées, son refus de voyager en train ou sur des vols réguliers pour ne se déplacer qu’à bord d’un Gulfstream présidentiel ou à bord d’autres modèles de jets privés, ont fait de sa prétendue conscience environnementale, un sujet de franche rigolade.
De biens vils arguments, qui ne sont rien en comparaison du crime de lèse-majesté. Le mauvais jugement dont il a fait preuve samedi en mettant en danger la vie d’autrui, soulève de nouveau la question de l’aptitude du septuagénaire à diriger le premier sport mondial, s’indignent certains. Il n’est pire aveugle que celui qui refuse de voir.