Le rôle de médiateur de l'Egypte contesté après la guerre à Gaza
LE CAIRE (Reuters) - Si les projecteurs ont été braqués sur l'Egypte pour ses efforts visant à mettre un terme à la guerre de Gaza, son incapacité à arracher un cessez-le-feu négocié sème le doute sur son avenir en tant que médiateur arabe privilégié au Proche-Orient.
Poids lourd régional et alliée des Etats-Unis, l'Egypte a longtemps été considérée comme un intermédiaire incontournable entre les factions palestiniennes et Israël, avec lesquels elle entretient des liens, même s'ils sont parfois tendus.
Mais ce statut a paru ébranlé ces derniers temps.
Israël a mis fin de lui-même, unilatéralement, à 22 jours d'offensive meurtrière contre le Hamas à Gaza, alors que Le Caire tentait d'obtenir une trêve négociée.
Cet échec est venu s'ajouter à celui de ses efforts pour réconcilier les factions palestiniennes l'an dernier ou pour faire libérer le soldat israélien Gilad Shalit, détenu depuis juin 2006 par les activistes de Gaza.
"Le cessez-le-feu est manifestement venu d'Israël, ce qui illustre les limites de l'influence égyptienne", constate Issandr el Amrani, spécialiste de l'Egypte et de l'Afrique du Nord à l'International Crisis Group, notant que la crédibilité du Caire est entamée dans le camp arabe.
L'Egypte a suscité l'indignation en mettant rigoureusement en oeuvre le blocus israélien de Gaza de crainte que l'Etat juif ne se décharge sur elle du sort du territoire palestinien insoumis et surpeuplé si elle ouvre sa frontière.
"Désormais son image est brouillée. Il y a manifestement un immense ressentiment parmi les dirigeants du Hamas, et plus généralement parmi les Palestiniens en général, à propos du rôle que l'Egypte a joué", relève Amrani.
Le test qui révélera si l'Egypte est encore en mesure de jouer efficacement les médiateurs sera sa capacité à transformer la trêve précaire actuelle en un cessez-le-feu durable et mutuellement acceptable ou le succès de ses efforts pour réconcilier le Hamas et le Fatah.
Le principal moyen de pression dont dispose l'Egypte pour imposer ses bons offices, c'est sa frontière, que le Hamas exige qu'elle ouvre et qu'Israël réclame qu'elle contrôle étroitement afin d'empêcher le mouvement islamiste de s'approvisionner en armes.
D'AUTRES MÉDIATEURS ATTENDENT LEUR HEURE
"Il semble qu'il a fallu cette guerre pour que l'Egypte comprenne qu'elle devait faire quelque chose, mais elle n'a rien fait encore. Si le trafic d'arme se poursuit, on pourra considérer qu'elle a échoué", explique l'analyste israélien Yossi Alpher.
Soucieuse de retrouver son rôle d'interlocuteur inévitable, l'Egypte a d'ores et déjà invité Israël et les Palestiniens au Caire pour consolider la trêve actuelle, une tâche difficile mais pas impossible, selon les analystes.
Il est toutefois peu probable que les autorités du Caire prennent des mesures draconiennes pour fermer ou détruire les tunnels passant sous la frontière, de crainte de s'aliéner les Bédouins du Sinaï, dont le trafic de marchandises avec Gaza est un des principaux moyens d'existence.
Il est aussi improbable que l'Egypte défie ouvertement Israël en ouvrant sa frontière, comme l'exige le Hamas et ses parrains dans le monde arabe.
Walid Kassiha, professeur de science politique à l'université américaine du Caire, n'exclut pas que l'Egypte obtienne un accord mettant fin au blocus de Gaza mais doute qu'elle parvienne seule, sans le concours de la Syrie, à réconcilier les Palestiniens.
En cas d'échec de l'Egypte, d'autres médiateurs se tiennent prêts, attendant leur heure, comme le Qatar ou la Turquie, qui seraient devenus plus acceptables aux yeux du Hamas, pour lequel les autorités du Caire ne cachent pas leur antipathie en raison de ses liens avec les Frères musulmans.
Pour le moment, l'Egypte et ses alliés régionaux comme l'Arabie saoudite ou la Jordanie, ont réussi à exclure l'ambitieux Qatar des efforts diplomatiques pour régler la crise de Gaza en lui refusant la semaine dernière un sommet arabe extraordinaire.
Mais à plus long terme, toutefois, le "monopole diplomatique" égyptien risque d'être entamé, estiment les analystes. "Il y aura plus de rôles pour plus d'acteurs", prédit Hala Moustafa, analyste à la revue Al Ahram Democracy.
"Le Hamas continuera à venir en Egypte, il continuera à écouter, il continuera à poser ses conditions. Mais, au moment de conclure, il préféra un autre acteur", croit-elle.
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