Les Français déçus par la politique économique de Sarkozy
PARIS - Les Français, qui avaient salué le volontarisme de Nicolas Sarkozy au moment de la crise, contestent aujourd'hui le sens et l'efficacité de son action.
Au-delà du rejet de la taxe carbone ou de la réforme de La Poste, le baromètre BVA-Les Echos-France Info réalisé pour le compte du nouveau cabinet d'audit Absoluce montre que les Français tirent un bilan négatif de l'action menée depuis un an.
Les Français estiment à 60% que les mesures prises par le président "ne vont pas dans le bon sens pour limiter les effets de la crise", à 71% qu'elles "ne sont pas en adéquation avec les préoccupations des Français" et à 83% qu'elles "ne leur profitent pas équitablement à tous".
Plus globalement, bien qu'ils reconnaissent le volontarisme du chef de l'Etat, ils estiment pour les deux tiers d'entre eux (65%) que son action face à la crise a été bien plus "désordonnée" et "inefficace" qu'"appropriée" et "rassurante".
Au total, 63% des personnes interrogées jugent la politique économique du gouvernement "mauvaise" contre 34% qui la jugent "bonne", soit une hausse de quatre points en un mois et le niveau le plus élevé de mécontents depuis juin 2008.
"Ce n'est pas le pire niveau qu'on a observé sur cet indicateur mais les choses se redégradent et on est en train de revenir progressivement sur la tendance d'avant la crise", a souligné Gaël Slimane, directeur général adjoint de BVA, en présentant les résultats de l'enquête mardi.
FEU DE PAILLE
La crise avait fait remonter la cote de popularité du chef de l'Etat de 10 à 15 points selon les sondages, grâce à ses mesures réactives qui ont coïncidé avec la présidence française de l'Union européenne, au second semestre 2008.
L'enquête de BVA montre que ce regain a peut-être été un feu de paille et que la grogne gagne les électeurs de droite.
"L'actualité récente parfois déroutante pour la majorité, notamment sur la taxe carbone, a pu contribuer à cette dégradation", a souligné Gaël Slimane, tout en notant que la baisse de crédit du pouvoir ne profitait pas à l'opposition.
Le jugement sur une action politique "désordonnée" a augmenté de sept points en un an, à 38%, et est désormais cité par un sympathisant de droite sur cinq (19%).
Deux questions d'actualité, sur la réforme de La Poste et la taxe carbone, ont reçu des réponses tranchées.
Cinquante-neuf pour cent des Français (et 33% des sympathisants de droite) estiment que le gouvernement doit tenir compte de la récente "votation" contre la privatisation de La Poste en renonçant à son projet d'ouverture du capital.
Plus de deux millions de personnes ont participé à cette consultation organisée par les partis de gauche et certains syndicats qui accusent le gouvernement de vouloir à terme privatiser La Poste.
PESSIMISME SUR LA SITUATION ÉCONOMIQUE
Soixante-et-onze pour cent des personnes interrogées se disent hostiles à la taxe carbone, créée par le gouvernement pour limiter les émissions de CO2 et qui aura pour effet d'augmenter le litre d'essence d'environ cinq centimes d'euro.
Le gouvernement a promis de compenser intégralement la nouvelle mesure mais, selon Gaël Slimane, "les Français ne comprennent pas cette histoire de redistribution et globalement le principe de la taxe carbone leur paraît absurde".
Le revenu de solidarité active pour les jeunes et, tout récemment, le projet d'instituer des "cagnottes" contre l'absentéisme au collège ont pu aussi contribuer à la confusion sur la politique économique, a-t-il ajouté.
Les salariés en particulier et les Français en général disent avoir souffert de la crise: près d'un sur trois a le sentiment que son revenu a baissé et 63% estiment que l'action des pouvoirs publics pour inciter les banques à prêter a été inefficace. Pire encore, près des deux tiers estiment que le "plus dur reste à venir".
Mais selon Gaël Slimane, cette information inquiétante pour le retour de la confiance n'est peut-être "pas si mauvaise politiquement pour l'exécutif qui craint légitimement le risque déceptif de Français qui croiraient à la reprise alors que le chômage continue de progresser et que la rigueur salariale continue de s'appliquer dans les entreprises".
L'enquête a été réalisée par téléphone les 9 et 10 octobre auprès d'un échantillon représentatif de 1.005 personnes.
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