Les Frères musulmans emporteraient 34 sièges de plus en Egypte
LE CAIRE (Reuters) - La victoire électorale du parti des Frères musulmans semble se confirmer en Egypte, où le nouveau gouvernement de Kamal al Ganzouri, aux pouvoirs renforcés, a finalement été investi.
Le Parti liberté et justice (FJP) a remporté la majorité des duels de second tour de la première phase des élections législatives, qui s'étendront jusqu'au mois de janvier, a annoncé dans la soirée la commission électorale égyptienne.
La participation a toutefois fortement reculé, avec seulement 39% de votants contre 52% lors du premier tour, le mois dernier.
Le FJP a remporté 24 des 44 sièges attribués, et ses alliés en ont pris quatre autres. Le décompte des bulletins a été suspendu pour huit autres sièges en raison de recours légaux, mais le FJP a indiqué s'attendre à en gagner six.
Avec les deux sièges obtenus au premier tour, le FJP détiendrait 36 des 56 sièges en lice dans cette première phase pour ce qui concerne le scrutin majoritaire uninominal.
Les islamistes modérés sont également arrivés en tête du scrutin de liste, avec un peu moins de 37% des suffrages exprimés. Les salafistes du parti Al Nour ont créé la surprise en prenant la deuxième place (24%). Les libéraux du Bloc égyptien sont crédités de 13% des suffrages.
Les élections législatives, premier scrutin de l'après-Moubarak, sont organisées en trois phases, selon un système complexe de répartition des 498 sièges de la future Assemblée du peuple. Les deux tiers des députés sont élus au scrutin de liste à la proportionnelle; le tiers restant est désigné au scrutin majoritaire à deux tours.
Les résultats officiels du deuxième tour ne seront pas connus avant jeudi mais il semble que les partisans de la laïcité aient voté en faveur des Frères musulmans dans les 24 duels de second tour qui les opposaient aux salafistes.
ÉCHEC SYMBOLIQUE POUR LES SALAFISTES
Un porte-parole du parti salafiste, Abdel Moneim el Shahat, a par exemple été battu à Alexandrie par un candidat du FJP, rapporte la presse. Il avait suscité la polémique en suggérant que la démocratie était "haram" (interdite) et que les statues des pharaons devraient être recouvertes ou détruites car symboles d'idolâtrie.
Shahat doit sa défaite au report des voix des jeunes électeurs libéraux et chrétiens vers le candidat indépendant Hosni Deouidar, qui était également soutenu par les Frères musulmans.
"Les Frères ne me représentent pas, mais ils valent mieux que les salafistes", a déclaré Beshoy Gerges, étudiant en droit de 23 ans de confession copte. "Je préfère mourir plutôt qu'être représenté par un salafiste au parlement."
Le mandat populaire dont jouiront les Frères musulmans après les élections ne pourra être ignoré par le conseil militaire au pouvoir, mais l'armée conservera le pouvoir exécutif jusqu'à l'élection présidentielle prévue en juin.
Cette élection doit marquer la fin de la période de transition entamée avec la chute, le 11 février, du président Hosni Moubarak, au pouvoir depuis près de 30 ans.
Le procès de l'ancien "raïs" et de deux de ses fils, poursuivis notamment pour la mort de 850 manifestants, va pouvoir reprendre à la fin du mois. La justice a rejeté la demande de dessaisissement des juges chargés de l'affaire, rapporte mercredi l'agence de presse officielle Mena.
Le Conseil supérieur des forces armées (CSFA) a par ailleurs publié un décret donnant au Premier ministre des prérogatives présidentielles, rapporte Mena.
La nomination de Ganzouri, 78 ans et Premier ministre d'Hosni Moubarak à la fin des années 1990, n'a pas fait l'unanimité parmi les mouvements révolutionnaires.
Le Premier ministre a mis du temps à former un gouvernement susceptible de satisfaire la population. Son cabinet a été investi mercredi par le chef du CSFA, a rapporté la télévision publique.
Le ministère de l'Intérieur, un poste-clé, a été confié au responsable de la sécurité de la province de Giza, sur la rive ouest du Nil, rapporte le journal du pouvoir Al Ahram.
Le ministre des Finances, Moumtaz al Saïd, a été confirmé dans ses fonctions. D'après des médias d'Etat, la moitié des membres du gouvernement sortant devraient conserver leur poste.
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