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JERUSALEM - Des bulldozers israéliens ont démoli dimanche un hôtel délabré de Jérusalem-Est, la partie arabe de la ville, dégageant le terrain pour un chantier de 20 nouveaux logements destinés à des Juifs, au grand dam des Palestiniens et contre l'avis de Washington.

Les constructions prévues sur le site de l'hôtel Shepherd, dont la propriété est contestée, sont de nature à aggraver les tensions israélo-palestiniennes alors que les Etats-Unis s'efforcent de remettre sur les rails des pourparlers de paix bloqués, précisément, par la politique d'implantation israélienne en Cisjordanie et à Jérusalem-Est.

"Ce qui se passe aujourd'hui s'inscrit dans le programme du gouvernement israélien visant à hypothéquer toute solution sur Jérusalem", commente le négociateur palestinien Saëb Erekat dans un communiqué.

Pour la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton, interrogée à Abu Dhabi en marge de son voyage dans le Golfe, "ce fait nouveau inquiétant entrave les efforts de paix pour parvenir à une solution à deux Etats".

"En particulier, cette action est contradictoire avec la logique d'un accord raisonnable et nécessaire entre les deux parties sur le statut de Jérusalem", a ajouté Clinton.

Les négociations directes entre les deux parties étant au point mort, Israël a annoncé qu'un émissaire du Premier ministre Benjamin Netanyahu et un représentant palestinien se rendraient dans les prochains jours à Washington pour étudier les moyens de relancer les discussions.

Toutefois, "ces réunions, si elles ont lieu, se dérouleront de façon séparée avec l'administration américaine", ce seront des échanges "palestino-américains (et) israélo-américains", souligne Erekat.

Le négociateur accuse Netanyahu de se livrer à une "campagne de relations publiques" autour du processus de paix tout "en s'employant rapidement sur le terrain à empêcher la création d'un Etat palestinien souverain". Le dirigeant israélien a engagé les Palestiniens à reprendre les pourparlers directs.

"ACTE DE BARBARIE"

Dans le quartier à dominante arabe de Cheikh Jarrah, les bulldozers sont entrés en action pour démolir l'hôtel désaffecté construit dans les années 1930 pour le grand mufti Hadj Amine Husseini, qui combattit les Britanniques et les sionistes et devint l'allié d'Hitler durant la Seconde Guerre mondiale.

Le remplacement de l'édifice par un ensemble de vingt appartements a été approuvé en 2009 par la municipalité israélienne de Jérusalem. Des responsables israéliens ont rapporté que Washington avait fait part de son opposition à ce projet auprès de l'ambassadeur d'Israël aux Etats-Unis.

Netanyahu avait réagi aux critiques américaines en faisant valoir que les Juifs étaient en droit de vivre en tout point de Jérusalem, qu'Israël revendique comme sa capitale indivisible - formulation qui n'est pas reconnue sur le plan international.

On n'a signalé aucune violence après la démolition à Cheikh Jarrah, où des manifestations ont éclaté précédemment après l'éviction de familles palestiniennes dont les tribunaux israéliens considéraient que leurs foyers avaient appartenu autrefois à des Juifs ou avaient été achetés à des Arabes.

Israël avait déclaré l'hôtel en déshérence après avoir conquis et annexé Jérusalem-Est en 1967. Le titre de propriété avait été attribué à une entreprise israélienne qui l'a vendu en 1985 à Irving Moskowitz, "roi du loto" de Floride apportant son soutien aux colons juifs israéliens.

Adnan Husseini, nommé maire de Jérusalem par l'Autorité palestinienne, a déclaré que le fait de raser ce bâtiment historique constituait un "acte de barbarie". Sa famille revendique la propriété des lieux et a contesté devant la justice israélienne les mesures ayant abouti à sa vente.

Environ 190.000 Juifs vivent à Jérusalem-Est et les secteurs voisins de Cisjordanie qu'Israël a annexés à sa municipalité de Jérusalem après la guerre des Six-Jours. Jérusalem-Est compte au total 250.000 habitants palestiniens.