Un PV sur quatre saute. Sarko avait promis la fin des indulgences pour les prunes. Il avait dû oublier les facilités octroyées aux grands patrons, hommes politiques, et leurs amis.
Avec l’arrivée, Place Beauvau, de Nicolas Sarkozy, en 2002, la gendarmerie et la police nationales avaient le devoir d’appliquer une répression ferme, continue, cohérente, égalitaire, « uniforme » (si l’on peut écrire) sur tout le territoire national. En un mot, sous Sarkozy, finis les PV à faire « sauter » contre de menues bouffes entre « amis ».
Et Nicolas Sarkozy, alors en charge de la comptabilité Place Beauvau, de remarquer immédiatement, dans une circulaire du ministère de l’Intérieur datée du 18 décembre 2002, que « l’importance de l’écart constaté entre le nombre d’infractions constatées et le nombre de sanctions infligées suscite des doutes légitimes sur l’égalité devant la loi et la crédibilité de l’action publique ». Pour le dire autrement, les PV et autres prunes, c’est pour tout le monde, les indulgences et les passe-droits c’est fini, « nul ne bénéficie de tolérance ou de bienveillance particulière, du fait de sa notoriété ou de ses fréquentations, réelles ou prétendues ».
Progrès verbal
Ces instructions, inédites dans la maison Poulaga comme chez la Grande Muette, provoquent alors une éruption cutanée chez tous les flics et les sergots de France. Bon gré mal gré, pendant au moins quinze jours, aucune dérogation ne pointe le bout de son nez. Mais chassez le naturel, il revient au galop.
Ainsi, dans tel commissariat de province pourtant situé « rue du Palais de Justice », les « directives » arrivent de la mairie, et même directement du député-maire dont le cabinet centralise « les demandes d’indulgence ». Dans tel autre de grande banlieue ce sont les grands « patrons » parisiens qui passent eux-mêmes « commande ». Via la direction de la protection des hautes personnalités étrangères et des hautes personnalités, « si rien ne s’y oppose bien entendu ».
Parmi les prestigieux chefs poulets qui sollicitent de telles « faveurs », on retrouve un nom bien connu : le sulfureux commissaire divisionnaire Patrick Moigne, l’homme à la « tricoche » facile (vente d’infos des fichiers de police), ancien de la préfecture de police de Paris, et mis en examen pour « corruption passive ».
1 prune sur 4 saute
Mieux, dans tel poste de police reculé de la grande couronne parisienne, des panières entières de PV se vident à la faveur de « destruction par broyage de timbre-amende ».
Aux dernières nouvelles, des observations faites lors d’un audit plutôt « léger » mené par la Trésorerie générale des impôts de la régie de recettes des commissariats, le nombre de PV « distribués » ne correspond pas, et loin s’en faut, au nombre de PV effectivement perçus. Une prune sur quatre en moyenne saute.
La France irréprochable est en marche.