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Trop musulman pour être officier de police ? (libé)þ

Recalé à un concours interne, un policier affirme avoir été interrogé sur sa pratique de l'islam et ses origines maghrébines. La Halde et le Conseil d'Etat lui donnent raison. Les détails.

Le Conseil d’Etat a cassé vendredi les résultats du concours interne 2007 des officiers de police, après la plainte d’un policier des Yvelines pour discrimination raciale. Une première.

Le 27 septembre 2007, un brigadier des Yvelines, dans la police depuis huit ans, passe un concours interne pour être officier. Admis à l'oral avec une cinquantaine d'autres candidats (sur 700), il passe devant un jury de sept peronnes. Ce jury lui aurait alors posé des questions sur sa pratique de l’islam et ses origines maghrébines, des questions que nous a communiquées le Conseil d'Etat : «Quel est votre avis sur la corruption des fonctionnaires de police marocains?» «Votre femme est-elle maghrébine?», «Est-ce que vous faites le ramadan ?», «Est-ce que votre femme porte le voile?», «Ne trouvez-vous pas bizarre ce gouvernement de la France avec des ministres arabes et un président à moitié hongrois ?»...

Le candidat est recalé – avec une note éliminatoire qui l'empêche d'être repêché – alors que, fait-il valoir, ses autres notes sont bonnes, tout comme les appréciations de son chef de service. S'estimant victime de discrimination raciale, il saisit la Haute autorité de lutte contre les dicsriminations (Halde). Celle-ci, jugeant le 7 juillet 2008 qu'il s'agit d'une «atteinte au principe de neutralité» et d'une «discrimination», renvoie l'affaire au Conseil d'Etat.

«Questions étrangères aux critères permettant d'apprécier un candidat»

Tout le problème réside dans le fait que le candidat malheureux ne peut pas prouver ses allégations. «C'est toute la difficulté de la preuve en matière de discrimination, relève son avocat, Maître Kamel Maouche. Mais le ministère de l'Intérieur n'a jamais nié que ces questions aient été posé, tout comme il n'a jamais justifié la note de 4/20. Qui ne dit mot conssent.»

De fait, le Conseil d'Etat, dans ses conclusions, a considéré que l'administration n'a pas «sérieusement contesté que (ces questions) aient été posées à l'intéressé». Et que lesdites questions «sont étrangères aux critères permettant au jury d'apprécier l'aptitude d'un candidat». Le Conseil a donc décidé d'annuler les résultats du candidat et demande que lui soient versés 3000 euros au titre des frais engagés.

Interrogée ce matin sur France Inter, la ministre de l’Intérieur Michèle Alliot-Marie déclare qu’elle se conformerait à la décision du Conseil d’Etat, tout en nuançant: «Je vous rappelle qu’il y a un grand nombre de policiers qui sont de confessions diverses et qu’il n’y a pas de discrimination en l’espèce parce que nous sommes dans un pays où la liberté religieuse est un principe fondamental.»



17/04/2009
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