Tunisie, Hamma Hammami enlevé par les flics de Ben Ali
En Tunisie, le ministre de l’Intérieur a été démissionné et l’armée appelée en renfort. Un des rares opposants historiques, Hamma Hammami, a été enlevé mercredi matin à son domicile.
Face à la mobilisation de la rue qui se poursuit dans tout le pays, le président tunisien Ben Ali donne l’impression d’être totalement désemparé. Lundi, le chef de l’Etat tunisien promettait 300.000 emplois à la jeunesse tunisienne- soit, rapporté à la population française, un chiffre totalement aberrant de deux millions d’emplois. Seul l’autisme du pouvoir tunisien, habitué à manier une propagande aussi brutale que sommaire, peut imaginer qu’il s’agit là d’un effet d’annonce susceptible de convaincre la société tunisienne totalement révoltée par la corruption du clan présidentiel.
Ce mercredi matin, le pouvoir semble, plus que jamais, perdre la main. Un des dirigeants historiques de l’opposition, Hamma Hammami, leader du petit Parti communiste des ouvriers de Tunisie (interdit par le pouvoir) et époux de la célèbre et courageuse avocate, Radhia Nasraoui, a été enlevé à son domicile par la police politique de Ben Ali. Depuis, sa famille est sans nouvelles. Espérons que le gouvernement français, dont plusieurs membres ont pris la défense, toute honte bue, du pouvoir tunisien, tentera une démarche auprès de ses amis tunisiens. Pour l’instant, la France que l’on a vue très en pointe sur le dossier ivoirien au nom des grands principes, est beaucoup plus tiède face aux événements tunisiens, alors que la police tire à balles réelles sur les manifestants.
Dernier signe du désarroi du pouvoir à Tunis, Ben Ali qui, dans une première vie, fut général avant d’être ministre de l’Intérieur puis chef de l’Etat, a fait appel à l’armée pour rétablir le calme. Mal connue et tout aussi secrète que son homologue en Algérie, l’armée tunisienne passe, pour les connaisseurs du régime actuel, comme très peu favorable au clan présidentiel. Les contacts se sont multipliés, ces derniers mois, avec les diplomates américains, très hostiles désormais au président Ben Ali dont l’entourage était qualifié, dans un télégramme diplomatique révélé par Wikileaks, de "quasi mafieux". Excusez du peu.
Il faut vraiment que Ben Ali, malgré le soutien de ses amis français, soit bien désemparé pour faire appel aux gradés tunisiens. Prudent, l’hôte du Palais de Carthage a exigé la démission du chef d’état-major de l’armée de terre, hostile à une intervention contre les manifestants ; Autant dire que le pouvoir tunisien est condamné aujourd’hui à parier sur la loyauté d’une armée qui ne l’aime guère. Et pour cause, un étrange accident d’avion, voici une dizaine d’années, provoquait la mort de tout l’état-major, une sorte de purge qui a laissé de mauvais souvenirs.
Face à la tragédie vécue par les démocrates à Tunis, il est difficile de ne pas revenir sur les étranges revirements de certains à Paris qui, hier, soutenaient le régime et qui aujourd’hui se font les chantres de l’opposition. Ainsi l’ancien bâtonnier Christian Charrière Bournazel, l’avocat d’El Taief, le meilleur ami de Ben Ali dans les années 90 surnommé "le vice-Roi", prétend aujourd’hui organiser la solidarité des avocats français avec leurs collègues tunisiens.
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