Victoire du « oui » à la Constitution de Morales
Sur la place Murillo à La Paz, Evo Morales et ses ministres célèbrent la victoire du oui à la nouvelle Constitution.
(Photo : Reza Nourmamode/RFI)
C’est devant plusieurs milliers de ses partisans rassemblés sur la place Murillo à La Paz qu’Evo Morales a célébré son triomphe : « C’est aujourd’hui la fin de l’Etat colonial et la fin du néolibéralisme », a-t-il notamment scandé devant la foule qui criait : « Evo, le peuple a dit oui ».
Près de 4 millions de Boliviens étaient appelés à se rendre aux urnes pour décider du sort de cette nouvelle Constitution. Projet politique phare du président Morales, le texte a pour ambition de « refonder » le pays le plus pauvre d’Amérique du Sud en consacrant un « Etat plurinational ». Il renforce notamment le contrôle de l’Etat sur les ressources naturelles, consolide la réforme agraire en faveur des sans terres, décentralise le territoire bolivien au profit des peuples indigènes, ou encore sépare l’Eglise de l’Etat.
Climat tendu
Malgré la large victoire acquise par le gouvernement, il n’est cependant pas certain que le climat politique s’apaise, et tout spécialement dans les régions dirigées par la droite. « Si le oui l’emporte, la nouvelle Constitution sera appliquée sur l’ensemble du territoire national », avait prévenu le vice-président Alvaro Garcia Linera, en réponse aux menaces de certains leaders de l’opposition de rejeter la nouvelle Constitution dans les régions où le « non » l’emporterait.
Les résultats préliminaires confirment d’ailleurs la polarisation du pays entre les régions montagneuses de l’ouest très favorables au gouvernement et celles des plaines de l’est qui ont voté majoritairement pour le « non ». Ainsi, le « non » l’aurait emporté avec plus de 70% à Santa Cruz, la région la plus riche du pays située à la frontière brésilienne. Son préfet, Ruben Costas a d’ailleurs prévenu que Santa Cruz continuerait sa lutte contre le « totalitarisme » et défendrait son autonomie régionale.
« L’agonie des vaincus »
Contrairement aux précédents scrutins, le vote s’est, en tout cas cette fois-ci, déroulé de manière pacifique au cours de la journée, sous les yeux d’environ 300 observateurs internationaux. Un incident mineur a eu lieu à La Paz, où un prêtre a refusé d’ouvrir son église, qui accueille traditionnellement plusieurs bureaux de vote, au prétexte que les électeurs pouvaient « salir » l’édifice. Les autorités ont du réorienter des centaines de personnes vers un terrain de sport voisin. « Le curé est sûrement contre le président Morales », a protesté un électeur auprès de la radio Erbol.
La mission de l’Organisation des Etats américains a également souligné « l’absence d’irrégularités » lors du vote. Dès les premières heures de la journée, plusieurs dirigeants de l’opposition avaient cependant déposé leur bulletin dans l’urne en dénonçant préventivement l’existence de fraude électorale : « Les observateurs devraient se rendre dans les zones rurales, a ainsi commenté le préfet opposant du Beni, Ernesto Suarez, c’est là que se produisent les pressions syndicales ». Des accusations balayées dans la matinée par le président Evo Morales pour qui elles représentent « l’agonie des vaincus ».
Nouvelle vision
Agente administrative, Rita Perez a choisi de voter « non » au projet de nouvelle Constitution : « Le oui apportera plus de divisions, plus d’affrontements, assure-t-elle. Cette Constitution donne tout aux Indigènes. Que nous reste-t-il à nous autres, de la classe moyenne ? C’est un projet en faveur d’un seul secteur. ». Chrétienne évangélique, elle a également été sensible à la campagne axée sur la religion orchestrée par la droite radicale dont une partie n’a pas hésité à qualifier la nouvelle Constitution de « porte ouverte à l’avortement et au mariage homosexuel ». « On ne peut pas vivre sans Dieu, affirme-t-elle. Et cette Constitution n’est pas en faveur de Dieu ».
Pour Hernan Bustillos, militaire en activité, la nouvelle Constitution est au contraire « un très bon texte ». Il a donc voté oui : « C’est une nouvelle vision du pays à laquelle j’adhère, explique-t-il. De plus, nous allons pouvoir défendre nos richesses naturelles, ce qui est fondamental ».
Une fois connus les résultats définitifs, le gouvernement pourrait, comme il l’a promis, commencer à appliquer la nouvelle Constitution sans attendre les élections générales prévues en décembre 2009, au cours desquelles Evo Morales devrait se représenter pour un nouveau mandat à la tête de la Bolivie.
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