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Le monde arabo-musulman jugera Barack Obama sur ses actes

LE CAIRE (Reuters) - Face aux promesses de Barack Obama, le monde arabo-musulman accorde généralement le bénéfice du doute au nouveau président américain mais le jugera sur ses actes.

Après huit années de présidence Bush, marquées par l'invasion de deux pays musulmans - l'Afghanistan en 2001 et l'Irak en 2003 - et un soutien sans faille à Israël, le discours d'investiture du nouvel hôte de la Maison blanche a été suivi de très près mardi dans le monde islamique, à l'affût d'un changement de la politique américaine.

En règle générale, le ton adopté par Barack Obama, qui a promis de nouvelles relations fondées sur le respect mutuel et l'intérêt commun, a été bien accueilli.

"C'est un discours qui reflète un esprit nouveau, favorable au dialogue et à la coopération. C'est une nouvelle orientation qui nous change vraiment de celle de l'administration Bush", déclare l'ancien ministre égyptien des Affaires étrangères Ahmed Maher.

Hilal Khashan, professeur de sciences politiques à l'université américaine de Beyrouth, souligne que la référence d'Obama aux musulmans américains, partie importante de la population des Etats-Unis, est quelque chose de rare dans le discours politique américain.

"Le fait qu'il ait mentionné les musulmans revêt une grande signification. C'est un geste symbolique à l'adresse du monde musulman, qui n'est plus exclu", ajoute-t-il.

Le Conseil musulman de Grande-Bretagne a également salué l'offre d'Obama d'établir de nouvelles relations avec l'islam.

"Ses intentions sont nobles. J'espère que cela comblera le fossé entre les Etats-Unis et le monde musulman qui n'a cessé de se creuser depuis huit ans", dit Mouhammad Abdoul Bari, secrétaire général de l'organisation.

"UN ESPOIR"

Même au Soudan, dont les rapports avec Washington se sont singulièrement dégradés ces dernières années, en raison notamment du conflit du Darfour, le gouvernement a bien accueilli l'arrivée de Barack Obama à la Maison blanche.

"Nous sommes très optimistes (...) Nous avons entendu ce qu'Obama a dit sur un changement de politique étrangère, sur un retrait d'Irak", a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Ali al Sadig.

En Egypte, les Frères musulmans sont également satisfaits des déclarations du président américain.

"J'ai été heureux quand il a dit que les relations avec le monde arabo-musulman devaient être fondées sur le respect", a dit Essam el Erian, chef du comité politique de l'organisation.

"Ce respect mutuel est nécessaire. Si cette attitude se confirme, je pense que les relations entre les Arabes et les Etats-Unis seront transformées."

Gamila Ismaïl, dont le mari Ayman Nour a passé trois ans en prison après s'être présenté aux élections contre le président Hosni Moubarak, a retenu les mots d'Obama sur les dirigeants politiques qui s'accrochent au pouvoir "par la tromperie et en faisant taire toute opposition".

"C'est très fort (...), ces mots nous donnent beaucoup d'espoir pour l'avenir mais j'espère qu'ils se traduiront en actes et en initiatives politiques", dit-elle.

Le gouvernement de George Bush avait également promis de faire de l'établissement de la démocratie dans le monde arabe une de ses priorités, une promesse finalement laissée de côté face aux progrès électoraux des islamistes.

"OBAMA ET BUSH, C'EST KIF-KIF"

L'homme de la rue est généralement satisfait des déclarations d'Obama mais doute souvent qu'elles se traduisent un jour dans les faits. D'autres sont encore plus critiques.

"Nous pensions qu'il était différent et qu'il mènerait une politique juste au Proche-Orient. Mais il me semble qu'il est comme ses prédécesseurs. Il n'a rien dit sur le massacre de Gaza. Quand Israël a mis fin à sa guerre, il a parlé d'un nouveau départ avec le monde musulman. Mais ce ne sont que des mots et nous ne verrons rien de concret sur le terrain", dit à Tunis Zoubeïr Ben Sassi, un technicien de 40 ans.

La réticence de Barack Obama à s'exprimer sur l'offensive menée pendant trois semaines par Israël dans la bande de Gaza a en effet douché les espoirs de nombreux Arabes.

Le politologue libanais Sateh Noureddin reconnaît "un changement dans les mots" mais ne croit pas à des modifications essentielles dans les relations avec Washington.

"Tout ce bla-bla ne mènera à rien. Obama et Bush, c'est kif-kif", affirme un autre Libanais, Zahi Abdo.

Pour Adil Gatae, 42 ans, un garde en faction devant un bâtiment officiel à Bagdad, "l'Occident n'aime pas l'islam, qui est pour lui une religion de terreur".

"Je ne pense pas que la politique américaine changera vraiment. Ce ne sont que de fausses promesses", dit-il.

Au Maroc, Abdelilah Benkirane, qui dirige le principal parti islamique d'opposition, se réjouit des propos d'Obama mais doute que le nouveau président puisse mettre ses bonnes intentions en pratique.

"Nous attendons des actes. Les paroles de Barack Obama sont douces à nos oreilles mais il n'est pas le seul aux commandes des Etats-Unis. Il est aussi le président des grandes multinationales, comme celles qui fabriquent et vendent des armes..."

Avec les bureaux du Caire, de Beyrouth, Tunis, Rabat, Bagdad, Téhéran, Khartoum, Ankara, Londres et Koweït, version française Guy Kerivel



21/01/2009
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