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Ses jours (ceux du régime syrien) sont comptés » : cette prophétie, faite lundi 28 novembre au micro de France Info, et qui s’inscrit sans doute dans la riche tradition française déjà illustré par Nostradamus et Elisabeth Tessier, nous la devons à Alain Juppé, décidément premier opposant à Bachar al-Assad, et inaccessible au découragement, en dépit de la résistance prolongée du dit Bachar et de plusieurs échecs diplomatiques au Conseil de sécurité des Nations-unies.
Couloirs condamnés
Oh certes, nous accorde le ministre franco-atlantiste des Affaires étrangères, « les choses avancent lentement » en Syrie, au moins du point de vue de ses ennemis. Mais qu’on se le dise le chef – avec Bernard-Henryi Lévy – de notre diplomatie est confiant. Il espère aussi que son idée de « corridors humanitaires » (voir notre article : « Les corridors humanitaires – et fantasmatiques – d’Alain Juppé », mis en ligne le 24 novembre) destinées officiellement à aider les populations syriennes en détresse, et dans les faits à entamer la souveraineté de ce pays, ne sera « pas totalement écartée« .
Sur ce dernier point au moins, l’optimisme militant d’Alain Juppé risque d’être soumis à rude épreuve : « La situation en Syrie ne justifie pas pour l’instant la création de couloirs humanitaires pour venir en aide à la population civile« . Cet avis est « autorisé » puisqu’il émane de Valérie Amos, secrétaire générale adjointe de l’ONU aux affaires humanitaires. Qui ajoute : « Avant d’approfondir les discussions sur ces options, il est essentiel d’obtenir une meilleure évaluation des besoins exacts de la population et à quels endroits. » Autant pour le catastrophisme incantatoire d’Alain Juppé qui a besoin de maquiller en préoccupation humanitaire son projet politique de renversement du gouvernement syrien, seul véritable objectif – plus vraiment caché – de sa démarche, dont les ressorts – profonds mais néanmoins visibles – sont l’alignement sur les intérêts américains et israéliens.
Pour en revenir au prophétisme « juppéen », il nous semble relever d’avantage de la méthode Coué atlantiste que d’un don : comment interpréter sinon le traité franco-afghan concocté par notre ministre et annoncé en octobre dernier, et qui prévoit d’ambitieux programmes de coopération sur cinq ans entre Paris et l’actuel gouvernement afghan. Cinq ans alors que le retrait français et occidental est prévu en 2014 (et a commencé cette année), et que tout le monde – sauf peut-être le mage Juppé – est bien conscient que le gouvernement Karzaï ne survivra certainement pas plus de quelques semaines au départ de ses protecteurs de l’OTAN ?
Allez, touchée par une sorte d’émulation, la rédaction d’Infosyrie se risque aussi à cette prédiction : en Syrie comme en Afghanistan – en Syrie avant l’Afghanistan -, Alain Juppé devra manger son chapeau. Et si nous devions parier, nous ne sommes pas sûrs – contrairement là encore à M. Juppé – que nous le ferions en euros !