MAGOUILLE ENTRE SARKO ET LE PARRAIN DE SON FILS MARTIN BOUYGUES : Enquête judiciaire pour corruption sur le "Pentagone" français
PARIS (Reuters) - Une information judiciaire pour corruption et favoritisme est ouverte depuis février 2011 à Paris concernant le futur siège du ministère de la Défense, un projet-phare du gouvernement dont la construction a été obtenue par Bouygues.
Comme le révèle mardi le Canard enchaîné, ce contrat d'un montant de 3,5 milliards d'euros devant regrouper d'ici 2015 l'ensemble des états-majors et services centraux de la Défense dans un complexe neuf du XVe arrondissement, présenté comme un "Pentagone à la française", aurait été entaché de malversations.
Deux juges d'instruction, Serge Tournaire et Guillaume Daïeff, sont saisis et devront déterminer s'il y a bien eu corruption et éventuellement au profit de qui, a confirmé une source judiciaire.
Interrogé mardi soir en marge d'une convention du parti du président Nicolas Sarkozy, l'UMP, le ministre de la Défense, Gérard Longuet, a déclaré avoir été informé de cette procédure par le Canard Enchaîné et s'est dit serein.
"Pour dire la vérité, je n'en ai aucun écho direct", a-t-il dit à des journalistes. "Le Canard enchaîné m'a instruit de ce qu'un juge instruisait."
"Je crois qu'il y a une dizaine de commissions rassemblant une centaine de personnes qui ont travaillé sur ce projet, tout est connu, tout est sur la table et je pense que le ministère est d'une sérénité totale", a-t-il ajouté. "Pas de souci."
Le contrat a été signé le 31 mai 2011 mais le projet fait l'objet d'une bataille de procédure entre l'Etat et la ville de Paris, dirigée par le socialiste Bertrand Delanoë, qui estime que son plan d'urbanisme a été violé.
Enquêtant dans le cadre d'une procédure préliminaire sur la base d'une information anonyme à partir d'octobre 2010, la police financière a déjà découvert qu'un cadre dirigeant de Bouygues avait obtenu d'un haut fonctionnaire le cahier des charges du projet, écrit le Canard enchaîné.
Ce document détaillant les exigences du commanditaire permet, s'il est obtenu de manière prématurée, de présenter un projet qui a plus de chances de l'emporter.
AUCUNE MISE EN EXAMEN
Aucune mise en examen n'a été prononcée à ce jour. "Nous ne savons pas encore s'il s'agit d'une maladresse, d'une erreur ou s'il y a eu une contrepartie financière", a dit une source judiciaire à l'hebdomadaire satirique.
Bouygues n'est pas informé de cette procédure et ne souhaite pas faire de commentaires dans l'immédiat, a dit un porte-parole. L'ouverture d'une information judiciaire est devenue depuis 2007 une denrée rare au pôle financier, le parquet se réservant la plupart des affaires en enquêtes préliminaires.
Le contrat a été conclu dans un cadre juridique devenu habituel pour les chantiers d'Etat ces dernières années.
Il prévoit que la société finance la construction, l'équipement et l'entretien du bâtiment pendant une longue période moyennant une redevance, avant de le rétrocéder à l'Etat.
En l'espèce, selon l'hebdomadaire satirique, l'Etat payera 132 millions par an pendant 27 ans.
Cette formule a été critiquée concernant par exemple les prisons les plus récemment construites, les syndicats estimant qu'elle encourageait une construction à l'économie et alourdissait in fine la charge de l'Etat, qui hérite d'un bâtiment au moment où il est dégradé.
Les syndicats pénitentiaires se sont étonnés de voir que Bouygues, dirigé par un proche de Nicolas Sarkozy et témoin de son deuxième mariage, obtenait beaucoup de contrats.
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